Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 juin 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Süddeutsche Zeitung indique, à partir de sources à la Commission européenne, que « l’UE met en garde les Britanniques contre un Brexit chaotique ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur une étude de l’université de Münster qui montre que « les Allemands d’origine turque se sentent intégrés, mais pas reconnus » et le Tagesspiegel sur une autre étude, de l’université de Leipzig, dont le quotidien de Berlin retient qu’« un Allemand sur deux se montre craintif » face aux minorités. Die Welt publie une interview de Nicolas Sarkozy qui paraît dans plusieurs journaux européens (« M. Sarkozy exige des moyens décisifs dans la ‘guerre’ contre le terrorisme »). Le tabloïd Bild s’insurge des difficultés de la Rhénanie du Nord-Westphalie à expulser, en raison d’une succession de procédures judiciaires, un prédicateur salafiste radical tunisien, ancien proche d’Oussama Ben Laden (« scandale : on ne peut pas expulser le garde du corps de Ben Laden »).
  2. Allemagne

« En Allemagne, les ressentiments augmentent » (Süddeutsche Zeitung)

Plusieurs journaux reprennent largement les conclusions d’une étude menée par l’université de Leipzig en coopération avec plusieurs fondations allemandes. Présentée hier, cette étude effectuée tous les deux ans tend à prouver qu’un certain nombre d’inhibitions ont été levées dans la société allemande et conclut à une nette augmentation de l’aversion contre les minorités, qu’il s’agisse des musulmans, des homosexuels ou encore des Roms, même si seuls 5% des 2 400 personnes interrogées peuvent être considérés comme d’extrême droite. Ainsi, un tiers des sondés jugent qu’il y a trop d’étrangers en Allemagne et que ceux-ci constituent une menace pour la culture allemande. 41% se déclarent favorables à une interdiction d’immigrer en Allemagne pour les musulmans et quatre personnes sur cinq estiment que l’Etat devrait se montrer moins généreux en matière de droit d’asile.

Si le Tagesspiegel juge « alarmantes » les conclusions de l’enquête, Die Welt relativise en faisant valoir que des résultats similaires auraient été obtenus sur l’opinion des Allemands vis-à-vis des banquiers ou encore des militants anti-éoliennes et considère qu’il n’y a pas lieu de conclure à une radicalisation de fond au sein de la population allemande.

La dernière enquête de l’institut Allensbach que publiait hier la FAZ concluait à une perte de confiance de la population allemande dans la capacité de ses décideurs politiques à proposer des solutions pour l’avenir, ainsi qu’à une polarisation croissante au sein de la société.

Sous le titre « des ressortissants d’origine turque se sentent intégrés mais pas reconnus », la FAZ se fait quant à elle l’écho d’une étude menée par l’université de Münster auprès de 1 200 ressortissants turcs de 2ème et 3ème génération en Allemagne. Selon cette enquête, 90% d’entre eux déclarent se sentir bien en Allemagne et 70% font état de leur volonté de s’intégrer. Ceci étant, 54% des personnes interrogées considèrent leurs efforts d’intégration non reconnus ou ont l’impression d’être des citoyens de seconde classe. Si la pratique religieuse est en baisse, le sentiment d’appartenance religieuse augmente et passe de 62 à 72%. Le nombre de personnes sans diplôme scolaire est lui aussi en recul et passe de 40 à 13%.

  1. Europe

« L’UE met en garde les Britanniques contre un Brexit chaotique » (Süddeutsche Zeitung)

La commission européenne se prépare à réagir durement vis-à-vis du Royaume-Uni si, en cas de ‘oui’ à une sortie de l’UE, les partisans du Brexit mettaient en œuvre les mesures annoncées hier pour couper rapidement les ponts avec la législation européenne sans respecter la procédure de négociations prévue par les traités, rapporte la Süddeutsche Zeitung de source proche de la commission. La commission, estimant que le Royaume-Uni reste membre de l’UE à part entière jusqu’à la conclusion des négociations scellant sa sortie, et qu’il doit à ce titre doit respecter ses engagements jusqu’à ce terme, n’est pas disposée à rester passive face à un « Brexit sauvage » tel que l’envisage les eurosceptiques britanniques, poursuit la Süddeutsche Zeitung. Le scénario d’une suspension de l’adhésion à l’UE, bien que non prévu par les traités européens, est même envisagé mais reste improbable, un gouvernement britannique ne pouvant vouloir prendre le risque des conséquences drastiques qu’aurait la suspension sans préavis des règles du marché intérieur pour la Grande-Bretagne, écrit le quotidien de Munich.

Alors qu’un vent de panique semble gagner la presse allemande devant les sondages donnant les partisans du Brexit victorieux, le tabloïd Bild et l’hebdomadaire Die Zeit dénoncent le « bullshit » et les contre-vérités de la campagne des eurosceptiques, campagne marquée également, souligne Bild, par un anti-germanisme primaire. Die Zeit, dans un éditorial à la Une, appelle les Britanniques à rester membres de l’UE « dans leur propre intérêt ». L’hebdomadaire publie dans ce contexte une interview de la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, laquelle, après avoir évoqué ses souvenirs d’étudiante à Londres, apporte sa contribution au plaidoyer des dirigeants européens contre un Brexit : l’UE « y perdrait en équilibre », « les Allemands abordent les questions européennes en portant l’UE aux nues, les Français en forçant sur le pathos et les Italiens impressionnent par leur art consommé de l’improvisation – les Britanniques, avec leur scepticisme, leur réserve et leur pragmatisme, sont plus terre-à-terre. S’ils quittent l’UE, celle-ci pourrait perdre le contact avec la réalité, emportée par les envolées lyriques », commente U. von der Leyen. Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le directeur d’Europol, Rob Wainwright, estime qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE ouvrirait une « brèche dangereuse » dans la sécurité européenne, « notamment au niveau opérationnel, dans la lutte antiterroriste par exemple », « ce qu’a souligné à plusieurs reprises le président de l’office fédéral de police judiciaire, Holger Münch, lors de nos contacts réguliers », écrit-il.

Rapport d’étape de l’UE sur l’accord migratoire avec la Turquie

Les progrès sont « fragiles » et la mise en œuvre de l’accord UE-Turquie reste laborieuse, retient la Süddeutsche Zeitung du rapport présenté hier par la Commission européenne, dont les quotidiens se font l’écho dans des comptes rendus factuels uniquement. La FAZ rapporte les déclarations du commissaire Dimitris Avramopoulos, selon lesquelles la démission de l’ambassadeur de l’UE en Turquie, l’Allemand Hansjörg Haber n’aura pas d’effet négatif sur la réalisation de cet accord et sur les relations entre l’UE et la Turquie. Le rapport pointe le fait que les critères pour une libéralisation des visas pour les Turcs ne sont toujours pas entièrement remplis et les difficultés rencontrées pour renvoyer en Turquie les migrants dont la demande d’asile a été rejetée par la Grèce, notent encore les journaux sans autre commentaire.

TTIP : « nous avons besoin de Bruxelles » (Süddeutsche Zeitung)

Le chef du service économique de la Süddeutsche Zeitung plaide, dans le principal éditorial de ce jour, pour davantage de raison et moins d’émotion dans le débat sur le traité transatlantique de libre-échange, estimant qu’il importe peu de savoir si les parlements nationaux doivent ou non ratifier un tel accord : « ce débat mine les fondements même de l’intégration européenne au moment où l’Europe est déjà sur la défensive ». Les opposants aux accords de libre-échange « n’ont pas le monopole du pouvoir démocratique » et simplifient à l’extrême le système complexe de la prise de décisions au sein de l’UE, qui a pourtant fait ses preuves et a été démocratisé au fil de l’évolution de l’UE, critique la SZ. « Le commerce est international. Ce n’est pas le TTIP qui devrait faire peur, mais la puissance commerciale écrasante des Etats-Unis et l’influence grandissante de la Chine, et le seul moyen de garder la tête hors de l’eau sur les marchés internationaux, c’est de lier les autres puissances par des accords commerciaux », plaide la Süddeutsche Zeitung.

  1. International

Interview de Jens Stoltenberg dans Bild

Le secrétaire général de l’Otan explique les raisons de l’augmentation des forces de l’Alliance atlantique stationnées à sa frontière orientale par le réarmement massif russe à cette frontière. « Nous constatons des grandes manœuvres agressives et non annoncées du côté russe et nous nous devons d’y réagir, tant par des démonstrations de force que par la disposition au dialogue », déclare-t-il.

  1. France

Euro 2016 : « davantage de fermeté envers les hooligans » (Handelsblatt)

Dans un article de son correspondant en France Thomas Hanke, le Handelsblatt fait état du déplacement hier à Paris du ministre allemand de l’intérieur et des propos de M. Cazeneuve qui a loué la « bonne coopération avec les forces de police allemande et britannique » avant de regretter que « certains pays ne se montrent pas aussi coopératifs ». L’article reprend aussi des propos du commissaire de police et patron de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, Antoine Boutonnet, selon lequel il est faux que la police française n’aurait procédé à aucune arrestation de hooligans russes, 44 personnes auraient été appréhendées.

Donnant la parole à de nombreux experts du hooliganisme, la tageszeitung souligne que face à leur constat d’une violence de plus en plus désinhibée de la part des hooligans, les experts s’étonnent du manque de volonté de coopération de la part des autorités françaises. Seuls 8 officiers de liaison allemands ont été acceptés à l’occasion du match de dimanche contre l’Ukraine, « au motif que les Français n’avaient pas besoin d’aide » et le fait qu’ils seront ce soir 12 pour encadrer le match de ce soir contre la Pologne considéré à haut risque est considéré comme une « mauvaise blague » par l’un des experts cités.

La Berliner Zeitung publie à son tour en Une un portait positif de M. Cazeneuve intitulé « le ministre sans émotions ». Décrivant le ministre de l’intérieur comme le « pompier » que l’on appelle à la rescousse dès qu’un incendie se déclare quelque part, le journal estime qu’il a su, par son calme et sa maîtrise de soi, imprimer en deux ans sa marque au ministère de l’intérieur.

Plusieurs quotidiens évoquent en outre le retour au stade de France de l’équipe d’Allemagne, 216 jours après les tragiques attentats du 13 novembre perpétrés au moment du match amical France-Allemagne./.