Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

23 juin 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’appel de Mme Merkel au respect par les Alliés de leurs engagements en matière de dépenses de défense fait les gros titres de la presse : « l’Allemagne s’arme » (Handelsblatt) ; « M. Poutine menace de réarmer – Mme Merkel aussi » (Tagesspiegel) ; « Mme Merkel et Mme Szydlo défendent la stratégie de l’OTAN à l’Est de l’Europe » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Le référendum britannique est à la Une de Die Welt (« jour crucial pour l’Europe ») et, sur un ton ironiquement désespéré, du tabloïd Bild (« chers Britanniques, si vous restez dans l’UE… nous reconnaissons le but de Wembley » qui donna à l’Angleterre la victoire au Mondial 1966 contre l’Allemagne. La Süddeutsche Zietung consacre sa Une aux dernières découvertes d’une enquête judiciaire révélant la passivité des directions de deux cliniques où une série de meurtres ont été commis par un infirmier : « les meurtres des cliniques deviennent un sujet politique ».
  2. Allemagne

« L’Allemagne s’arme » (Handelsblatt) – « les propos de Merkel sur les dépenses militaires critiqués » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Le Handelsblatt présente comme un « changement de cap » les « étonnantes annonces » faites par la chancelière qui, à l’occasion des rencontres économiques de la CDU, cette semaine, a fait part d’une augmentation des dépenses militaires de l’Allemagne. « Il n’est pas tenable sur le long terme de laisser les autres supporter les efforts de défense. Ceci signifie avec certitude qu’un pays comme l’Allemagne, qui consacre actuellement 1,2% de son PIB au budget de la défense, et que les Etats-Unis, qui y consacrent 3,4%, vont devoir se rapprocher », a déclaré Mme Merkel. « Les propos de la chancelière ont causé des irritations chez le partenaire SPD de coalition », indique la FAZ qui fait part de la surprise exprimée par certains responsables sociaux-démocrates et de la désapprobation du côté des Verts et de Die Linke. Le journal accueille dans un commentaire favorable la perspective d’une augmentation du budget allemand de la défense compte tenu de la dégradation de la situation à l’est de l’Europe, sur fond d’agression russe en Ukraine. Le Handelsblatt signale que si les milieux de l’armement appellent depuis longtemps de leurs vœux un tel changement, ils se montrent néanmoins sceptiques face à cet « effet d’annonce ».

  1. Europe

Interview de Pierre Moscovici au groupe Funke Medien (Brexit, pacte de stabilité, relations franco-allemandes)

Dans un entretien accordé aux quotidiens du groupe Funke Medien (Berliner Morgenpost, Hamburger Abendblatt…), le commissaire européen aux questions monétaires déclare que quelle que soit l’issue du référendum britannique, « l’Europe a besoin d’un nouveau départ, et plus que jamais cela dépend de l’axe franco-allemand ».Il exclut à son tour toute possibilité pour le Royaume-Uni de faire marche arrière si les partisans du Brexit devaient s’imposer : « tout vote a des conséquences ; dedans c’est dedans, dehors c’est dehors, je suis là entièrement d’accord avec mon collègue Wolfgang Schäuble », déclare-t-il.

Plaidant en faveur d’une politique économique commune de la zone euro, Pierre Moscovici estime « le temps venu d’approfondir et d’achever l’union monétaire » et de « remplacer l’eurogroupe, qui décide de la politique économique commune dans des négociations intergouvernementales, par un ministre des Finances européen qui devrait répondre [de sa politique] devant le parlement européen ». Interrogé sur un assouplissement du pacte de stabilité, il se déclare « favorable à une application flexible du pacte, la croissance étant aussi importante que la stabilité. (…) Il s’agit d’appliquer intelligemment les règles du pacte de stabilité et de croissance mais pas de les enfreindre. Il n’y a pas de flexibilité pour la France, l’Espagne, le Portugal ou la Grèce. Le cas est différent pour l’Italie, qui investit plus, fait des réformes structurelles et assume une lourde charge dans la crise migratoire, ou pour la Belgique, qui doit consacrer de gros moyens à la lutte anti-terroriste. De tels pays doivent être encouragés dans le cadre des règles », déclare-t-il.

Pierre Moscovici récuse toute inquiétude au sujet de l’économie française : « Je vous en prie ! », s’exclame-t-il, « n’inventons pas de problème français, surtout pas en Allemagne ! La France remplit tous ses engagements et respectera aussi en 2017 les critères de déficit. (…) Ce n’est pas parce que je suis Français et socialiste que je dis cela : la France a fait ses devoirs après des années difficiles, il n’y a plus de problème français, la France doit juste continuer ses réformes ». A la question de savoir si l’Allemagne joue un rôle dominant en Europe comme cela a été le cas lors de la crise de l’euro, le commissaire européen refuse cette image : « Angela Merkel et Wolfgang Schäuble ont certes une audience très forte et leur voix est respectée. Mais l’Allemagne ne peut déployer son influence que si elle se concerte avec la France et agit en commun avec elle », conclut-il.

Brexit : « l’Europe n’attire plus » (Bild)

Les commentateurs partagent l’analyse de la rédactrice en chef du tabloïd Bild Tanit Koch laquelle constate que « même si les Britanniques refusent aujourd’hui le Brexit, ce ne serait qu’un vote contre la sortie de l’UE et non en faveur de l’UE. (…) Bruxelles a perdu de sa force de rayonnement, et pas seulement pour les Britanniques », met-elle en garde, « avec ou sans Brexit, l’UE doit redevenir attractive en faisant une cure d’amaigrissement, à la commission et dans la régulation, et en étant à l’écoute des citoyens, sinon ceux-là ne prêteront plus oreille qu’aux eurosceptiques ».

« Merkel et Szydlo défendent la stratégie de l’OTAN à l’est de l’Europe » (FAZ)

La FAZ retient des consultations gouvernementales germano-polonaises qui se sont tenues hier à Berlin le fait que la chancelière et son homologue polonaise Beata Szydlo ont fait part de leur unité de vues sur la stratégie de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. Interrogée lors de la  conférence de presse conjointe sur les critiques de M. Steinmeier qui avait mis en garde contre les « bruits de bottes et cris de guerre », Mme Szydlo a répondu : « pour moi, ce qui compte c’est ce que la chancelière dit ».

Rendant compte de la commémoration hier du 75ème anniversaire du retournement de l’Allemagne nazie contre l’URSS, les journaux font état de la volonté conjointe des ministères des affaires étrangères allemand et russe de travailler ensemble sur un projet destiné à faire connaître l’histoire des prisonniers de guerre.

Die Welt indique par ailleurs de source diplomatique que le gouvernement russe a opposé une fin de non-recevoir à l’invitation de l’OTAN à une rencontre du conseil OTAN-Russie supposée se tenir en amont du sommet de l’OTAN à Varsovie. La Russie préfèrerait attendre de savoir quelles décisions ont été prises par l’OTAN avant une telle rencontre, selon le journal.

Dans un article revenant sur les critiques de M. Steinmeier, l’hebdomadaire Die Zeit fait valoir que c’est moins l’approche du sommet de l’OTAN que la perspective d’une nouvelle « course à l’armement nucléaire » et le risque de voir s’installer une nouvelle guerre froide qui motiverait  le ministre allemand des affaires étrangères pour renouer le dialogue avec Moscou.

Dans un éditorial de son directeur de publication Josef Joffe, Die Zeit qualifie de « vieux réflexe allemand » la politique de l’appeasement et met en garde contre l’aspiration à un tandem germano-russe supposé garantir la paix en Europe et qui – l’histoire l’a démontré- s’est toujours exercé aux dépens des voisins occidentaux et orientaux de l’Allemagne./.