Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 1er juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le refus de Boris Johnson de briguer le poste de Premier ministre britannique fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « M. Johnson, figure de proue du Brexit, ne veut pas devenir Premier ministre » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « M. Johnson laisse tomber les électeurs » (Süddeutsche Zeitung) ; « M. Johnson vote exit » (Der Tagesspiegel). Die Welt reproche pour sa part au président de la Commission européenne de ne pas vouloir impliquer les parlements nationaux dans la ratification du CETA (« M. Juncker n’est pas fait pour son poste »). Le quotidien économique Handelsblatt estime que le Brexit renforce les voix des personnes hostiles au libre-échange en Europe (« prise de distance avec le libre-échange »).
  2. Europe

Brexit / « Désertion » (FAZ) de Boris Johnson

Le refus du porte-drapeau des partisans du Brexit d’assumer les conséquences de sa campagne et de se porter candidat à la succession de David Cameron suscite une abondance de commentaires sarcastiques, sans pitié pour le « dégonflage » (FAZ) d’un « joueur de poker » (Frankfurter Rundschau) « totalement dénué de sens des responsabilités politiques » (Rheinische Post). Consternés par le spectacle « accablant » qu’offre la politique britannique au lendemain du référendum, et sous le coup de la stupéfaction devant ce « nouveau rebondissement », les éditorialistes voient, pour certains, l’heure du désenchantement arrivée pour les populistes européens : « ce désastre pourrait avoir du bon : le credo selon lequel la sortie de l’UE mènerait tout droit au paradis est en train de vivre son Waterloo », espère la Frankfurter Allgemeine Zeitung ; « le bluff des populistes explose en vol : pour la première fois, les eurosceptiques sont au pied du mur pour formuler leurs propositions. Ils auraient pu quitter immédiatement le ‘goulag’ bruxellois, or c’est tout le contraire : ils jouent la montre. Johnson a enferré le pays et prend la poudre d’escampette. Cette désertion atteint les populistes de plein fouet, leurs phrases toutes faites ne résistent pas au test de la réalité, et l’on peut espérer que cette expérience chère payée aura au moins servi à les démystifier », écrit le Handelsblatt sous la plume de son correspondant à Paris. La Süddeutsche Zeitung, qui espère depuis le référendum un « exit du Brexit » une fois les Britanniques revenus à la raison et la réalité, voit le vrai danger dans l’entrée en lice du second leader des partisans du Brexit, le ministre de la justice Michael Gove : « si les Tories le désignent comme successeur de Cameron et s’il devient Premier ministre, Bruxelles aura dans l’heure la notification de l’article 50 et le processus de sortie de l’UE sera inexorablement engagé ». Pour le quotidien de gauche Tageszeitung, l’heure des femmes politiques britanniques – la ministre de l’Intérieur Theresa May, la chef du gouvernement écossais Nicola Sturgeon et l’ancienne ministre du Labour Angela Eagle – a sonné après que « les hommes ont par vanité et pusillanimité plongé leur pays dans le chaos ».

Critiques allemandes contre J.-C. Juncker / accords européens de libre-échange

Le président de la commission européenne est sous le feu des critiques d’une partie de la presse et de responsables politiques allemand lui déniant les qualités nécessaires pour incarner les institutions européennes dans la tempête du Brexit. « Juncker n’est pas fait pour ce poste », titre à la Une Die Welt sous la plume accusatrice de son éditorialiste qui estime qu’il « se fiche de la démocratie européenne ». Même s’il est « soutenu du bout des lèvres » (Tagesspiegel) par la chancelière fédérale, Angela Merkel n’en partage pas moins l’analyse de sa majorité et de son ministre de l’Economie Sigmar Gabriel (SPD), selon laquelle le Ceta (accord de libre-échange UE-Canada) est un accord « mixte » devant être ratifié par le Bundestag, ce que Jean-Claude Juncker conteste, rappelle la FAZ. Pour la Berliner Zeitung, « quelle que soit la voie choisie, les chances des accords de libre-échange européens de voir le jour sont quasiment nulles : si on fait comme Juncker en écartant les parlements nationaux, les populations bouillent de colère. Et si on confie la décision aux Etats membres, on peut parier sur le rejet par au moins un Etat ». Le Handelsblatt et la Süddeutsche Zeitung jugent que Sigmar Gabriel se défausse sur Jean-Claude Juncker de la responsabilité d’expliquer à l’opinion publique comment fonctionnent les institutions européennes, et notamment que les accords de libre-échange, TTIP ou Ceta, entrent en vigueur non sur décision de la commission mais après être adoptés par un parlement légitime, le parlement européen. « En réalité, Gabriel veut un vote du Bundestag pour ne pas avoir à assumer devant l’opinon publique la responsabilité du vote de l’Allemagne en faveur du Ceta », pointe la Süddeutsche Zeitung pour qui le président du SPD « use de tous les moyens, y compris d’un ton polémique vis-à-vis de la commission, pour se débarrasser d’un thème gênant pour sa campagne électorale ».

  1. Brexit/France

Suites du Brexit : « Paris a besoin de Bruxelles », éditorial de la Frankfurter Allgemeine Zeitung

Dans un éditorial de son correspondant économique parisien Christian Schubert, la FAZ accueille avec scepticisme la proposition française de mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro avec un budget dédié aux investissements que contrôlerait le parlement européen. Doutant de la probabilité que ce projet voie le jour, le journal indique que selon un récent sondage 55% des Français souhaitent davantage d’autonomie nationale, 25% seulement se déclarant favorables à davantage d’intégration. « Le plus important à l’heure actuelle c’est de s’en tenir à des règles budgétaires communes comme garanties de la compétitivité du continent européen et du bon fonctionnement de la monnaie commune », affirme le journal. En réalité, les Français qui soutiennent les réformes ne sont pas mécontents de la pression exercée par Bruxelles qui leur fournit des arguments pour réduire une dette publique qui avoisine les 100% du PIB, estime la FAZ.

  1. Allemagne

Projet « protection climatique 2050 » du gouvernement fédéral

La presse continue de s’intéresser au projet du gouvernement fédéral et le tabloïd Bild se saisit aujourd’hui de l’objectif de réduire de moitié la consommation de viande en Allemagne d’ici à 2050 pour s’interroger sur l’avenir de la filière bovine.

« La justice bavaroise autorise le foulard sur le banc des juges » (Süddeutsche Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Munich fait état du jugement rendu par le tribunal administratif d’Augsbourg qui a donné raison à une magistrate stagiaire en lui reconnaissant le droit de porter le voile lors de réquisitions. Le tribunal administratif a ainsi jugé nul et non avenu l’interdiction du port du voile en vigueur en Bavière depuis 2008, contre laquelle l’étudiante avait fait un recours. A l’inverse du tabloïd Bild pour qui « les juges ne doivent rendre leur sentence que sur la base du droit et non en tant que chrétiens, juifs ou musulmans », la Süddeutsche Zeitung se félicite d’un jugement qui remet les choses à leur place en récusant « l’idée fausse selon laquelle les serviteurs de l’Etat seraient neutres du point de vue religieux ». « Ni au tribunal, ni à l’école la neutralité ne saurait signifier que les personnes que l’on y croise sont dépourvues de croyance ou de convictions. La neutralité signifie simplement que dans les jugements qu’il rend, un juge ne se laisse pas guider par sa religion et que par les questions qu’il pose un enseignant ne cherche pas à endoctriner ses élèves », fait valoir le quotidien./.