Synthèse de la presse quotidienne
4 juillet 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Le débat en Allemagne sur les conséquences à tirer du Brexit font les gros titres de la presse : « le gouvernement fédéral débat sur les leçons du Brexit » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « débat au sein de la coalition : quelle UE pour demain ? » (Tagesspiegel). La Süddeutsche Zeitung met à sa Une des déclarations du vice-chancelier et ministre de l’économie SPD « Gabriel [défendant] les exportations d’armement » qui ont fortement augmenté en 2015. Die Welt titre sur des déclarations du président de l’association des villes allemandes lequel appelle à faciliter l’accès des réfugiés aux emplois publics à moyen-terme : « l’association des villes souhaite employer des réfugiés comme policiers ». Le quotidien économique Handelsblatt note que le Brexit pourrait compliquer le rapprochement de Thyssen Krupp et Tata « la fusion de l’acier tombe-t-elle à l’eau ? »
- Allemagne
Dialogue de Petersberg/politique climatique : « l’accord international sur le climat mis en oeuvre plus tôt que prévu » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Sous ce titre, le quotidien de Francfort reprend des propos de la ministre allemande de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD), selon qui l’accord conclu lors de la COP 21 devrait être ratifié par les Etats signataires bien avant l’échéance prévue de 2020. « Pour l’Allemagne, l’objectif est d’avoir ratifié d’ici à la prochaine conférence qui doit se tenir à Marrakech », a déclaré Mme Hendricks avant d’ajouter : « rien ne permet de dire si tous les Etats européens vont également y parvenir, mais nous tenons à envoyer le signal que la mise en œuvre et la ratification sont en cours ».
« Gabriel défend les exportations d’armement » (Süddeutsche Zeitung)
Le quotidien de Munich saisit l’occasion de l’examen cette semaine en conseil des ministres du rapport 2015 relatif aux exportations d’armement pour critiquer une fois de plus le fossé entre les objectifs de réduction des exportations affiché par le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (SPD), et la réalité. Soulignant que le volume des exportations d’armement a quasiment doublé en 2015 par rapport à l’année précédente, le journal constate que le ministre « n’est pas parvenu à stopper le contrat de ventes de chars au Qatar signé par la coalition précédente » et déplore une fois de plus le caractère « opaque » du système.
- Europe
« Schäuble veut affaiblir la commission européenne » (Welt am Sonntag)
Dans un entretien accordé à l’édition dominicale de Die Welt, le ministre allemand des Finances prend ses distances avec l’intégration européenne qu’il a toujours préconisée en estimant que l’heure est à la prudence et à l’efficacité. « En principe, je suis un partisan de l’intégration européenne. Mais ce n’est pas le moment. Face à la montée de la démagogie et à un profond euroscepticisme, l’Europe ne peut tout simplement pas continuer comme avant », déclare-t-il. Visant à plusieurs reprises l’action jugée inefficace et trop lente de « Bruxelles » ou de la commission européenne (« les délais habituels à Bruxelles sont trop longs, cela m’a agacé l’année dernière de voir le temps qu’il a fallu à Bruxelles pour réagir dans la crise des réfugiés »), Wolfgang Schäuble appelle à privilégier l’action intergouvernementale : « Dans le doute, l’intergouvernemental doit avoir priorité. Nous l’avons fait pour le sauvetage de l’euro, cela peut être étendu à d’autres domaines comme la communautarisation des budgets de défense ou la gestion de la crise migratoire. On remarque vite si la commission n’y arrive pas ou si nous perdons du temps au Conseil. Les gouvernements doivent alors prendre le relais ». « Ce n’est pas le bon moment pour travailler à un approfondissement de l’intégration européenne », martèle-t-il encore en répétant que « c’est l’heure du pragmatisme : si les Vingt-Sept ne sont pas tous partants, seuls quelques- uns prendront les devants, et si la commission ne s’active pas, on prendra les choses en mains au niveau des gouvernements ».
A l’adresse du SPD – dont les ténors se sont également abondamment exprimé dans les médias – le ministre CDU appelle à « ne pas éveiller de nouvelles attentes qui ne peuvent être réalisées, comme une refonte de l’Europe », et à « ne pas réactiver l’idée fausse qu’on peut acheter à crédit la croissance grâce à un nouvel endettement : cela n’a jamais fonctionné, les problèmes ne disparaissent pas à coup de billets ». Wolfgang Schäuble critique également le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier pour avoir réuni au lendemain du Brexit ses homologues des pays fondateurs de l’UE, renforçant un sentiment d’exclusion chez les autres pays européens « comme la Pologne ou les pays baltes » : « nous devons éviter tout ce qui creuse un fossé entre anciens et nouveaux Etats membres ».
« Sigmar Gabriel passe définitivement en mode attaque » (Berliner Zeitung)
Pour le SPD, le Brexit est l’occasion de se démarquer nettement de son partenaire de coalition conservateur dans la perspective de la campagne électorale des législatives allemandes en 2017, constate la presse à l’instar de la Berliner Zeitung. Dans un entretien à la Neue Osnabrücker Zeitung et lors d’un congrès du SPD samedi, le président des sociaux-démocrates, le ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, attaque Wolfgang Schäuble « qui fait de nouveau la leçon au reste de l’Europe » : « les pays du sud sont en colère contre Bruxelles et Berlin car nous leur imposons toujours plus d’austérité, et les pays prospères comme l’Allemagne méprisent les Européens du sud soi-disant improductifs. Il faut que cela cesse ». Il préconise au contraire de « récompenser ceux qui font des réformes par des investissements, par exemple dans les domaines de la recherche et de l’éducation ». Sur les institutions européennes, S. Gabriel juge « certain que l’UE doit d’urgence s’alléger » et évoque à ce titre le budget européen, estimant disproportionné que 40% de ce budget soit consacré à la politique agricole commune. Il préconise également une armée européenne commune afin de réaliser enfin des synergies et la réduction du nombre de commissaires européens.
Dans le contexte du congrès programmatique du SPD à Berlin, le président du parlement européen, Martin Schulz, publie dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung une tribune en pleine page appelant à réagir à l’euroscepticisme des citoyens par un « nouveau départ de l’Europe » passant par une « clarification démocratique » en transformant la commission européenne en « vrai gouvernement de l’UE » soumis au contrôle du PE et d’une seconde chambre parlementaire réunissant des représentants des Etats membres.
« Endettement : Oettinger veut sanctionner l’Espagne et le Portugal » (Bild)
Dans une interview qui aurait dû paraître dans l’édition de ce jour de Bild mais n’est publiée qu’en ligne, le commissaire européen Günther Oettinger estime que l’Espagne et le Portugal « n’ont pas respecté les engagements budgétaires qu’ils s’étaient eux-mêmes fixés. Si la commission veut rester crédible en matière de respect des règles budgétaires, nous devons adopter des sanctions contre l’Espagne et le Portugal. Les règles communes que nous nous sommes données doivent être respectées, sinon cela n’est pas justifiable aux yeux de l’opinion publique ».
Dans l’hebdomadaire Spiegel, le vice-président de la commission en charge de l’euro, Valdis Dombrovskis, fait des déclarations analogues : « ces deux pays n’ont pas corrigé à temps leurs déficits, nous allons donc prendre les décisions qui s’imposent au sein du collège des commissaires dont je ne peux toutefois anticiper le vote ». Interrogé sur le « traitement spécial » dont bénéficierait la France, V. Dombrovkis déclare qu’« il n’y a pas de règles spéciales et [que] tous les Etats membres doivent être traités de la même manière ». « Pour la France, l’heure de vérité interviendra à l’automne lors de la présentation du prochain projet de budget », indique-t-il en rappelant que les objectifs de déficit devront être « en tous les cas atteints ». « Dans mes entretiens, je vois la bonne volonté des Français », souligne-t-il.
- International
Attentats meurtriers en Irak et au Bangladesh
Dans un commentaire évoquant le « retour de Daech » en Irak, la Süddeutsche Zeitung s’inquiète des chances crédibles des islamistes de parvenir à « déstabiliser un pays qui souffre à la fois de ses élites politiques incapables et corrompues et de la haine religieuse entretenue notamment par des responsables chiites et des milices armées ».
Dans un commentaire évoquant la situation au Bangladesh, la FAZ estime que Sheikh Hasina, sa chef de gouvernement, « a jusqu’ici montré peu d’empressement pour déférer devant la justice les auteurs d’attentats qui ont secoué le pays ces derniers mois. Au lieu de cela, elle a ordonné des arrestations massives dans les rangs de l’opposition au nom de la lutte contre le terrorisme et même alimenté l’islamisation rampante du pays en insinuant que les victimes des attentats (blogueurs, militants de la cause homosexuelle) seraient en partie responsables de leur destin pour avoir blessé les sensibilités religieuses ». « Le gouvernement est même allé jusqu’à contester le fait que des groupes internationaux terroristes seraient actifs dans le pays au moment même où Daech revendiquait certaines actions », souligne encore le journal pour qui, après l’attentat qui a visé un restaurant fréquenté par des touristes étrangers, les gouvernements occidentaux seraient bien inspirés de regarder d’un peu plus près ce qui se passe dans le pays et le Premier ministre bangladais d’expliquer ce qu’elle entend faire pour lutter contre la radicalisation./.