Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

8 juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La fermeté de la chancelière lors de son intervention devant le Bundestag avant le sommet de l’OTAN fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Mme Merkel : ‘la Russie a détruit la confiance en Europe’ ») et du  Tagesspiegel (« Mme Merkel trace des lignes rouges pour la Russie »). La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une au projet de loi de lutte contre le harcèlement sexuel discuté au Bundestag (« la pénalisation du harcèlement sexuel se renforce »). Die Welt note sur la base d’une enquête d’opinion que « les Allemands restent calmes malgré le Brexit – et veulent davantage d’Europe ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre également son dossier du week-end au Brexit.
  2. Allemagne

Accord entre l’Etat fédéral et les Länder : « sept milliards d’euros pour les réfugiés » (Berliner Zeitung)

Au terme d’une longue dispute sur la prise en charge du coût des réfugiés, l’Etat fédéral et les Länder ont fini par se mettre d’accord, le ministre fédéral des finances accédant largement aux demandes des Länder », résume la Berliner Zeitung. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung qui écrit « les réserves à l’encontre des migrants vont croissant », les quotidiens font en parallèle état des résultats d’une enquête menée par la fondation Mercator selon laquelle le rejet des réfugiés augmente en Allemagne, autant de la part de l’ensemble de la population que des personnes issues de l’immigration vivant en Allemagne.

  1. Europe

« Les Allemands gardent leur sang-froid malgré le Brexit et veulent plus d’Europe » (Die Welt)

Selon le sondage mensuel « Deutschlandtrend » réalisé par Infratest Dimap pour l’ARD et Die Welt, le Brexit a provoqué dans l’opinion publique allemande un sursaut de conscience européenne. 52% des personnes interrogées – soit 13% de plus qu’avant le référendum britannique – sont d’avis que l’UE a plus des avantages que d’inconvénients pour l’Allemagne. 79% des sondés estiment que l’appartenance de l’Allemagne à l’UE assure sa prospérité économique, et 74% jugent qu’elle apporte davantage de sécurité. S’agissant des conséquences directes du Brexit, 64% des Allemands craignent un renforcement des partis eurosceptiques en Europe, et 56% ne s’attendent pas à la sortie d’autres Etats membres. Une large majorité d’Allemands (75%) souhaite davantage de coopération entre les Etats membres ; l’opinion publique est ainsi favorable à davantage de politique commune pour gérer la crise migratoire, mais aussi dans les domaines de la politique énergétique, de la cyber sécurité, de l’économie ou de la défense. Paradoxalement, 61% des sondés restent persuadés que Bruxelles s’immisce trop dans les politiques nationales des Etats membres. Une contradiction pointée par Die Welt : « en exagérant le trait, on peut résumer ainsi : quand l’UE nous décharge de réfugiés et fait pression sur d’autres pays pour en accueillir, c’est de la ‘coopération’, mais quand il faut assumer des garanties financières pour d’autres pays, c’est de ‘l’ingérence’. La tendance est la même en politique étrangère, les Allemands sont peu solidaires pour soutenir le stationnement de troupes de l’OTAN à la frontière avec la Russie et veulent un allègement des sanctions contre Moscou. Atteindre la maturité politique, c’est aussi assumer des responsabilités là où cela n’apporte pas que des avantages », fait valoir Die Welt.

« Procédures de déficit renforcées contre l’Espagne et le Portugal » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt estiment que la Commission européenne tarde à sanctionner véritablement l’Espagne et le Portugal même si elle a désormais jeté officiellement les bases d’une procédure renforcée en déficit excessif en constatant le non-respect par ces deux pays des critères du pacte de stabilité. Comme de coutume, la FAZ déplore les « circonlocutions » employées selon elle par le commissaire en charge des questions monétaires, Pierre Moscovici, pour justifier le flou entretenu sur les sanctions qui pourraient être décidées à l’encontre des Etats sous le coup d’une procédure en déficit excessif, et craint qu’une fois de plus, l’UE fasse preuve d’une clémence politique sapant les bases du pacte de stabilité.

  1. International

Avant-papiers sur le sommet de l’OTAN 

La Frankfurter Allgemeine Zeitung met en exergue les propos de la chancelière qui a défendu le « caractère strictement défensif » des mesures militaires qui doivent être décidées lors du sommet de l’OTAN qui s’ouvre aujourd’hui à Varsovie. La chancelière a également reproché à la Russie d’avoir « détruit la confiance en Europe en remettant en cause par des mots et des actes la prévalence du droit et l’inviolabilité des frontières », obligeant l’Alliance à réagir en intensifiant sa capacité de défense et de réaction. Elle a ajouté que la main restait tendue pour un dialogue avec la Russie, la sécurité en Europe ne pouvant être garantie qu’avec et non contre la Russie. Le quotidien de Francfort note que dans un entretien avec plusieurs quotidiens régionaux du groupe Funke, le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), a mis en garde contre une détérioration des relations avec la Russie et le risque de « retomber dans la confrontation ».

Dans un commentaire, la FAZ fait valoir que le sommet de Varsovie ne sera pas l’occasion d’inaugurer un changement de stratégie, mais plutôt de « maintenir le cap »  qui est le sien depuis l’annexion russe de la Crimée, à savoir se concentrer sur l’élément défensif en apportant des garanties aux pays est-européens tout en maintenant les offres de dialogue avec la Russie, ce que le journal qualifie de « politique raisonnable ». Sur le fond, poursuit le journal, il s’agit de « montrer à Moscou que l’Alliance ne se laisse pas diviser ». Alors que la Berliner Zeitung incite le gouvernement allemand à suivre l’exemple de Willy Brandt en « réactivant la politique de détente » envers la Russie, le Tagesspiegel estime au contraire qu’une telle politique n’est « pas le modèle approprié vis-à-vis d’une ex-superpuissance qui cherche les démonstrations de force ». Face au judoka Vladimir Poutine qui guette les faiblesses de l’adversaire, la force de l’OTAN ne se mesure pas au nombre de ses chars, mais à la crédibilité de ses réactions à des provocations. Dans ce cadre, « l’unité n’est pas un vain mot, mais une nécessité politique », conclut le quotidien./.