Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

13 juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’annulation par la justice de Rhénanie-du-Nord-Westphalie de l’autorisation administrative de rachat de la chaîne de supermarchés Kaiser’s Tengelmann par Edeka, pour partialité du ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, fait les gros titres de la presse : « la fusion Edeka-Tengelmann tombe à l’eau, pour l’instant » (Süddeutsche Zeitung) ; « le vice-chancelier Gabriel se ridiculise sur la fusion des supermarchés » (Die Welt) ; « la justice reproche à M. Gabriel d’avoir fait preuve de partialité » (Tagesspiegel) ; « le tribunal attaque M. Gabriel » (Handelsblatt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une à la décision de la cour permanente d’arbitrage de débouter la Chine de ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale (« les revendications territoriales de la Chine en mer de Chine méridionale nulles et non avenues »).
  2. Allemagne

« Un tribunal stoppe la fusion entre Tengelmann et Edeka » (FAZ) : « une gifle pour Sigmar Gabriel » (FAZ, Tagesspiegel)

L’ensemble de la presse se fait l’écho de la décision du tribunal de grande instance de Düsseldorf qui a jugé contraire au droit la décision prise par le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (SPD), de s’appuyer sur une autorisation ministérielle pour passer outre le refus opposé par l’office allemand des cartels au rachat de la chaîne de supermarchés Kaiser’s Tengelmann par son concurrent Edeka. Les juges ont estimé cette démarche « partiale » et reproché en outre au ministre d’avoir mené des discussions secrètes avec la direction de Kaiser’s Tengelmann et d’Edeka au moment où la chaîne de supermarchés Rewe s’est également déclarée candidate au rachat de Kaiser’s Tengelmann.

Tous les commentateurs insistent sur la « cuisante défaite » (Süddeutsche Zeitung), voire la « gifle » (FAZ, Tagesspiegel)  infligée par la justice au ministre de l’économie. Cette défaite est d’autant plus amère, souligne la Süddeutsche Zeitung, que c’est au nom de l’intérêt général (en l’occurrence la préservation d’un emploi sur deux chez Kaiser’s) que S. Gabriel avait jugé opportun de passer outre le veto du gendarme allemand de la concurrence, les juges ayant estimé que la préservation de l’emploi ne saurait justifier le recours à une autorisation ministérielle. Pour Die Welt, S. Gabriel a joué gros et « tout perdu », ce qui l’affaiblit non seulement en tant que ministre, mais aussi en sa qualité de chef du SPD. On est en droit de se demander si la démarche risquée de Sigmar Gabriel n’était pas avant tout guidée par le souci de réconcilier le SPD avec les syndicats, écrit la Berliner Zeitung pour qui l’échec est double car, d’une part, le SPD s’est désavoué auprès des comités d’entreprise et syndicats qu’il souhaitait protéger et, d’autre part, l’avenir des 16 000 employés que compte Kaiser’s n’en est que plus incertain.

Présentation du livre blanc de la défense

Bien qu’il ne sera officiellement présenté qu’en milieu de journée, plusieurs quotidiens détaillent et commentent déjà les orientations du nouveau livre blanc allemand sur la défense. Constatant que la possibilité de recourir à l’armée allemande à des fins de sécurité intérieure ne figure pas dans le document, le Tagesspiegel conclut à une victoire du SPD, opposé à toute modification de la constitution en ce sens. « Qu’en est-il de la stratégie ? », s’interroge dans un commentaire Die Welt pour qui le peu d’épaisseur du document (80 pages) témoigne du fait que si le SPD et la CDU/CSU ont été en mesure de s’accorder sur la situation du monde, mais leurs avis étaient en revanche trop divergents sur les conclusions à en tirer. De l’avis du journal, le livre blanc n’inaugure aucunement un changement de stratégie, mais est tout au plus un début de réflexion. De l’avis de la Berliner Zeitung, on assiste même à un retour en arrière car la ministre de la défense met un terme à la politique de ses prédécesseurs qui estimaient que la sécurité de l’Allemagne devait être défendue jusqu’aux confins de l’Hindu Kush. Les missions lointaines ne sont plus à l’ordre du jour, l’accent étant porté sur la menace que constitue la Russie pour la paix européenne et la « rivalité stratégique » qu’elle entretient, « une manière on ne peut plus diplomatique d’évoquer le retour de la guerre froide », juge le journal.

  1. Europe

Ecofin : « des sanctions contre le Portugal et l’Espagne deviennent envisageables » (FAZ)

Tout en prenant acte du fait que pour la première fois dans l’histoire de la zone euro, des procédures ont été officiellement lancées contre deux pays pour dérapage budgétaire, la presse allemande est convaincue qu’il s’agit d’un geste purement symbolique et que la menace de sanctions contre le Portugal et l’Espagne ne sera pas suivie d’effets. « Des sanctions financières sont très improbables, les ministres des finances européens se sont dépêchés de refiler le mistigri à la Commission européenne, laquelle devrait dans une quinzaine de jours proposer des sanctions zéro », ironise la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « le copinage des Etats membres sur cette question ressemble fort à celui avec lequel en 2003 les ministres des Finances de l’époque avaient entériné la violation du pacte de stabilité par l’Allemagne et la France ». « Cela ne suffira pas à restaurer la crédibilité de l’UE, cela va dépendre de la manière dont la procédure se poursuit », juge également la Süddeutsche Zeitung en estimant qu’« un avertissement uniquement symbolique serait stupide et viderait toute la procédure de son sens ». Sous le titre « est-ce bientôt le tour de la France ? », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung rapporte une remarque qu’aurait faite le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, devant la presse à l’issue de l’Ecofin, selon laquelle même si la Commission en restait à une mesure symbolique, « ce serait un signal important, l’UE enverrait une mise en garde à la France, elle signalerait que non seulement les petits, mais aussi les grands pays de la zone euro doivent respecter les règles ». Selon la taz, Wolfgang Schäuble a réitéré à cette occasion ses critiques contre les récentes déclarations de Jean-Claude Juncker laissant supposer un traitement de faveur pour la France. « Visiblement, Schäuble espère que la décision au sujet du Portugal et de l’Espagne va servir de précédent pour la France », en conclut la taz, en soulignant que les eurodéputés Markus Ferber (CSU) et Sven Giegold (Verts) en appellent aussi à mettre fin à ce qu’ils considèrent comme « deux poids et deux mesures » en faveur de la France.

« Theresa May s’attaque au Brexit en douceur » (Handelsblatt)

Alors que les médias allemands se plaisent à faire de Theresa May « l’Angela Merkel britannique » (Handelsblatt), le tabloïd Bild considère que la Première ministre britannique désignée et la chancelière fédérale forment le « duo du Brexit » qui va devoir « sauver ce qui peut l’être ». « Politiquement semblables, elles veulent toutes deux temporiser et avoir le temps de se préparer » à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, écrit Bild. « Mme May doit d’abord expliquer quelle relation elle souhaite construire entre la Grande-Bretagne et l’UE », a ainsi déclaré hier Angela Merkel, « ce n’est qu’après que nous pourrons commencer les négociations », ajoute-t-on de source proche du gouvernement fédéral selon Bild. Un point décisif continue toutefois de diviser les approches allemandes et britanniques, celui de la liberté de circulation des personnes, rappelle le tabloïd.

  1. France

« Avec l’Europe contre Le Pen and Co. » (Tagesspiegel)

Sous ce titre, le quotidien berlinois Tagesspiegel évoque la rencontre lundi à Berlin entre le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes et ses homologues allemand et suédois. « Cette rencontre a donné à voir où se situent les priorités de la France en matière de politique européenne : défense, protection des frontières extérieures de l’UE, croissance, compétitivité et lutte contre le chômage, en particulier le chômage des jeunes », fait valoir le journal qui évoque par ailleurs le « retour du président de la République sur la scène européenne après le vote en faveur du Brexit ». Il en veut pour preuve, premièrement, les déclarations du président lors du dernier conseil européen sur le fait que le Brexit pouvait constituer une leçon pour les populistes en Europe en leur montrant que les avantages d’une appartenance à l’UE l’emportent sur les inconvénients et, deuxièmement, le projet de tournée européenne du président au Portugal, en République tchèque, en Autriche, en Slovaquie et en Irlande. Qualifiant de « signal en direction des pays d’Europe de l’Est » le fait que le président de la République visite deux pays du groupe de Visegrad, le journal estime également qu’à dix mois des élections présidentielles, le président peut également, sur la scène intérieure, renforcer son image de leader européen./.