Des premiers résultats mitigés pour la Garantie jeunes

Ce dispositif cible bien les plus précaires. Mais le taux de retour à l’emploi reste assez faible.

EMPLOI Le dispositif Garantie jeunes, mis en place par le gouvernement pour venir en aide aux jeunes de 16 à 25 ans en grande précarité sur le marché du travail, commence à porter ses premiers fruits, si maigres soient-ils.

En effet, selon une étude dirigée par Jérôme Gautié, professeur d’économie à l’université de ­Paris-I-Panthéon-Sorbonne, que vient de rendre public le ministère du Travail, cet outil a permis d’augmenter de 10 points le taux d’accès à l’emploi des bénéficiaires, qui sont aujourd’hui plus de 60 000 répartis dans 91 départements. « La Garantie jeunes fait passer le taux d’emploi des jeunes bénéficiaires de 30 % à 40 %, indique cette enquête. Elle recouvre quasi exclusivement un accès à de l’emploi durable, CDI ou CDD de plus de six mois dans le secteur marchand. » Néanmoins, il reste du chemin à parcourir puisque 60 % de cette population est sans emploi, une proportion nettement plus élevée que la moyenne nationale de cette classe d’âge (taux de chômage de 24,2 % au premier trimestre 2016).

Initiée dès le 1er octobre 2013 dans dix départements français et élargie progressivement à l’ensemble du territoire, la Garantie jeunes vise à intégrer dans la vie active ceux qui ne sont pas en emploi et qui ne suivent pas une formation ou des études.

Lutte contre la pauvreté

Pour atteindre cet objectif ambitieux, ils ont à leur disposition pendant une année un accompagnement renforcé de la part d’un conseiller d’une mission locale. En contrepartie, ils perçoivent une allocation dont le montant est proche du RSA (revenu de solidarité active) et s’engagent à s’investir pleinement dans cette démarche. C’est-à-dire à accepter les mises en situation professionnelle qui leur sont proposées : stages, formation ou, dans le meilleur des cas, emploi.

Si les résultats en termes d’insertion ne sont pas flamboyants, la Garantie jeunes a pour elle d’être effectivement accordée aux publics les plus en difficulté. Selon les travaux d’investigation menés par Jérôme Gautié, « la Garantie jeunes a bien bénéficié à des jeunes en grande précarité. Ils sont issus de familles plus modestes que l’ensemble des jeunes suivis par les missions locales. Ils ont quitté précocement le système scolaire, sont peu mobiles et connaissent des difficultés à se loger particulièrement importantes » Ainsi, plus d’un quart des jeunes interrogés déclarent que « lorsqu’(ils) étaient au collège, la situation financière de (leurs) parents était difficile ou très difficile ». Près d’un tiers affirme « ne connaître personne qui pourrait (les) dépanner en cas de difficultés pécuniaires ». La même proportion a connu des difficultés importantes de logement.

Pour accroître cette intégration sociale et professionnelle, le projet de loi travail prévoit la généralisation de ce dispositif en 2017, qui ­deviendra un droit. Au moins 100 000 jeunes seraient concernés.

Le Figaro 15/07/2016