Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

14 juillet 2016

 

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se fonde sur plusieurs déclarations de responsables socio-démocrates allemands pour juger que « le SPD se prépare à un échec du traité de libre-échange avec l’Amérique ». La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une au nouveau gouvernement britannique et au fait que « Mme May fait de M. Johnson le ministre des Affaires étrangères ». Die Welt titre sur les projets de la commission européenne en matière d’asile (« l’UE veut agir plus sévèrement contre les abus à l’asile »). Der Tagesspiegel revient sur les violences à Berlin à l’occasion de l’évacuation des squats et met en cause le ministre de l’Intérieur de la ville-Etat : « le cas Henkel : l’évacuation du 94 Rigaer Strasse était illégale ». Le quotidien économique Handelsblatt fait sa Une sur la baisse du cours de la Commerzbank (« Commerzbank, destructrice de valeur »).
  2. Allemagne

Véto juridique à la fusion entre Tengelmann et Edeka » : « les choses sont-elles en train de se corser pour Gabriel ? » (Bild)

La presse se penche sur les conséquences possibles pour le ministre de l’économie Sigmar Gabriel (SPD) du véto opposé par la justice au projet de fusion entre les enseignes de la distribution Kaiser’s Tengelmann et Edeka. Alors que Sigmar Gabriel a choisi d’interrompre ses vacances pour se défendre, le tabloïd Bild donne écho aux rumeurs selon lesquelles le ministre et président du SPD serait intervenu sur ce dossier sous la pression des syndicats désireux de renforcer leur poids dans le secteur de la grande distribution. Si ces rumeurs étaient avérées, elles justifieraient une démission du vice-chancelier, juge le tabloïd dans son éditorial. La Süddeutsche Zeitung estime pour sa part que le revers que vient de subir Sigmar Gabriel est un sérieux obstacle sur le chemin de sa candidature aux élections de 2017. En échouant dans une démarche de sauvegarde de l’emploi contre les recommandations de l’office fédéral des cartels et de la commission des monopoles, c’est l’image personnelle de Sigmar Gabriel comme leader social-démocrate qui est affectée, estime le quotidien de Munich.

Livre blanc de la défense

Dans un compte rendu de la présentation, hier, du nouveau livre blanc de la défense, la FAZ signale que la ministre de la défense a fait état de la volonté de Paris et de Berlin de faire avancer la politique européenne de défense et évoqué, en guise d’exemple, la mise en place d’un état-major civilo-militaire, ou encore un projet d’hôpital militaire européen. Les quotidiens s’intéressent tout particulièrement à la proposition contenue dans le livre blanc de permettre à la Bundeswehr de recruter des ressortissants de l’UE. Après la tageszeitung hier, la Süddeutsche Zeitung fait aujourd’hui état de son opposition à cette idée au motif que la constitution dispose que l’armée allemande est une armée parlementaire et qu’il est donc exclu d’en faire une armée de « mercenaires ». « Au lieu de chercher à attirer des recrues payées à bas prix, la Bundeswehr devrait plutôt s’efforcer d’améliorer les conditions de travail et de solde de ses propres effectifs », recommande le journal.

  1. Europe

« Theresa May veut réconcilier les Britanniques » (Süddeutsche Zeitung)

La formation de son gouvernement étant intervenue après le bouclage des quotidiens, ceux-ci se concentrent sur les déclarations de la Première ministre britannique après son investiture officielle par la reine Elizabeth II. Les premiers commentaires, signés des correspondants de la presse à Londres, s’attachent à la dimension sociale du discours programmatique de Theresa May et soulignent l’ampleur « presque insoluble » (Die Welt) de sa tâche consistant à corriger les éclatantes disparités sociales et géographiques au Royaume-Uni tout en menant à bien les négociations sur le Brexit. Seul le chef du service étranger de la Süddeutsche Zeitung, à contre-courant de ses confrères, continue de plaider pour « donner du temps au temps » aux négociations, refusant de croire à la réalité du Brexit : « peut-être trouvera-t-on une voie pour éviter la sortie du Royaume-Uni de l’UE », « la Grande-Bretagne a d’abord besoin qu’on la laisse en paix, puis viendra l’élection d’un président en France et d’un chancelier en Allemagne, il faut être patient avec l’Europe ».

Réforme du droit d’asile dans les pays de l’UE

La plupart des quotidiens rendent compte de manière factuelle des nouvelles règles communes présentées par la commission européenne pour harmoniser le droit d’asile dans les Etats membres de l’UE et mettre fin aux disparités actuelles qui poussent les demandeurs d’asile à privilégier des destinations jugées plus accueillantes que d’autres. Die Welt, qui présente cette réforme à la Une, souligne que Bruxelles a proposé que les pays européens se dotent de règles uniformes d’accueil « dignes », raccourcissent la durée des procédures et autorisent l’’accès au marché du travail au plus tard six mois après l’introduction d’une demande d’asile. Cette dernière proposition fait bondir le ministre autrichien de l’Intérieur, Wolfgang Sobotka, interrogé par Die Welt : « je considère comme absolument impensable d’octroyer des autorisations de travail à des demandeurs d’asile, cela reviendrait à appeler les gens des pays en crise à venir en Autriche », alors que le marché de l’emploi autrichien est d’ores et déjà saturé et le chômage en forte hausse, objecte-t-il. Dans un commentaire, Die Welt se félicite de l’initiative de la commission dans le contexte d’euroscepticisme actuel, estimant que la réforme du droit d’asile est l’occasion pour Bruxelles de prouver aux citoyens européens que l’UE s’attaque aux vrais problèmes : « enfin se profile une solution européenne à la crise actuelle des réfugiés ». « Ce n’est pas l’utopie mais le pragmatisme qui sauvera la pensée européenne », conclut Die Welt.

« Le SPD se prépare à un échec du traité de libre-échange avec l’Amérique » (FAZ)

Après que la puissante fédération SPD de Rhénanie du Nord-Westphalie a jugé que le TTIP était moribond, le président du SPD et ministre de l’Economie Sigmar Gabriel a déclaré hier que si les négociations entre l’UE et les Etats-Unis n’avançaient pas, il faudrait le reconnaître franchement, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung à la Une. Des déclarations considérées comme « électoralistes » par le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), lequel a déclaré qu’« en dépit de toutes les difficultés, l’enjeu du TTIP est de savoir si la mondialisation doit se faire selon les règles occidentales ou chinoises ». La FAZ grince dans un commentaire sur la position du SPD qu’elle présente comme une manœuvre électorale d’un parti acculé par sa chute dans les sondages.

  1. International

Relations avec la Russie : « parler au lieu de menacer » (Handelsblatt)

Le Handelsblatt se félicite de l’intensification du dialogue en cette fin de semaine entre les Occidentaux et la Russie. Il en veut pour preuve l’entretien téléphonique entre le président de la République, la chancelière et Vladimir Poutine hier, la réunion du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles, le fait que les acteurs du dialogue germano-russe de Saint-Pétersbourg se réuniront à nouveau en Russie après une absence de plusieurs années et enfin la visite demain à Moscou, de John Kerry.

Dans un commentaire centré sur l’avenir des réunions en format Normandie, la FAZ estime que même si la fin des hostilités ne dépend que du bon vouloir de Moscou, il demeure important de poursuivre les rencontres dans ce format, ne serait-ce que pour « minimiser le risque d’une escalade ».

Par ailleurs, la FAZ rend compte de l’intervention du ministre allemand des affaires étrangères lors des « dialogues sur la paix » qu’organisent chaque année la ville et l’université d’Osnabrück. Le journal indique que M. Steinmeier a établi un parallèle entre l’actuel conflit en Syrie et la guerre de Trente Ans, estimant que dans un cas comme dans l’autre il s’agit de conflits durables entre une multitude d’acteurs et d’enjeux. Le ministre s’est montré critique envers Washington, en jugeant notamment que la tentative infructueuse de mettre sur la touche le président Assad illustrait l’incapacité des Etats-Unis à régler les conflits en fonction de leurs intérêts. M. Steinmeier a notamment indiqué que des années avant le déclenchement du conflit en Syrie il avait vainement mis en garde son homologue de l’époque, Condoleeza Rice, contre le fait de ranger la Syrie parmi les pays dits de « l’axe du mal ». La position américaine aurait, selon lui, contribué à l’escalade de 2011 et au rapprochement de la Syrie avec l’Iran. Evoquant le manque de compréhension, côté américain, pour le souhait allemand d‘intégrer davantage la Russie comme partenaire, le ministre a fait sienne la phrase d’Egon Bahr selon qui « l’Amérique est indispensable et la Russie ne saurait être évincée ».

  1. France

Meeting du mouvement « En marche » : « fan-zone jusqu’à l’Elysée » (FAZ)

Les correspondants à Paris de la presse allemande rendent compte, dans quelques articles largement inspirés des médias français, des « ambitions du ministre Macron » (Süddeutsche Zeitung) et des réactions politiques françaises, sans les commenter à ce stade.

Feu vert de l’Assemblée nationale pour le site de stockage de déchets nucléaires en Lorraine : réserves des Länder allemands limitrophes (Die Welt)

Die Welt rapporte que les ministres de l’environnement des gouvernements régionaux de Sarre et de Rhénanie-Palatinat ont exprimé des réserves sur la sécurité du site de Bure – présenté par le journal comme « proche de la frontière allemande, à seulement 125 km de celle-ci » – après le feu vert du parlement pour le projet controversé depuis des années de stockage des déchets nucléaires de longue durée sur ce site. Interrogée par Die Welt, une porte-parole du ministère de l’environnement de Sarre a déclaré que les réserves exprimées en début d’année sur la fragilité géologique du site après un accident mortel n’avaient pas changé, et que le gouvernement régional souhaitait participer à la procédure d’autorisation à venir. Une participation qui n’a rien d’exceptionnel pour ce genre de procédure d’autorisation de sites nucléaires en Europe, affirme Die Welt en citant l’exemple de la population du Land du Mecklembourg-Poméranie occidentale invité à une consultation publique des plans du futur site de stockage nucléaire dans le sud de la Suède. Die Welt souligne par ailleurs que le projet français doit être réalisé dans un « délai record » en comparaison du calendrier extensif prévu en Allemagne pour définir le futur site de stockage des déchets nucléaires./.