Le déménagement passe aussi en mode 2.0

Un bison empaillé, une chèvre vivante, des sapins… Ça, c’est le plus étonnant. Et puis, il y a des canapés, des lits, des fûts de bière ou tout simplement une table et quelques chaises. Depuis son lancement, en novembre 2015, Trusk a permis de transporter en Ile-de-France plusieurs milliers d’objets volumineux.

« Nous réalisons entre 35 et 40 courses par jour et nous comptons environ 1 500 clients par mois depuis le début de l’aventure, indique Thomas Effantin, le cofondateur de cette plate-forme capable de dégoter dans l’heure un professionnel du transport pour réaliser un déménagement en région parisienne. La start-up connaît une croissance de 10 % de ses ventes par semaine. »

Trusk a déjà levé 500 000 euros auprès de Mobivia et Kima Ventures (le fond de Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du Monde), compte dix-sept personnes, et fait travailler une centaine de transporteurs indépendants dans la région. « Pour l’instant, nous nous autofinançons. Nous levons de l’argent pour accélérer notre déploiement », indique Thomas Effantin, son patron et cofondateur qui s’installe cet été à Londres pour y lancer le service avant d’envisager Berlin et Amsterdam.

Un monde fragmenté

Comme beaucoup d’autres jeunes pousses, Trusk entend digitaliser un monde du transport passablement fragmenté. Méthodiquement, les entrepreneurs attaquent chaque secteur et sous-secteur avec un modèle unique en tête, celui de la plate-forme Uber, le spécialiste du VTC : mise en relation rapide grâce à la géolocalisation, qualité de service irréprochable…

Lire aussi :   Economie collaborative : la fin de l’utopie ?

Sur le marché des déménagements ou des livraisons d’objets volumineux, plusieurs start-up sont au coude-à-coude. Trusk bataille avec Juste un meuble (JUM) ou Supervan qui tous tentent de rendre obsolète l’idée de louer un camion pour réaliser un déménagement. « Ces start-up occupent une niche du secteur de la logistique, relativise Jérôme Libeskind, un expert du secteur du transport. Mais cette activité est en pleine croissance du fait du développement des sites de reventes entre particuliers comme Leboncoin. fr, même s’il reste difficile à quantifier précisément. Et pour cause, il y a beaucoup de travail au noir et de débrouille sur ce marché. »

« Pour les transporteurs indépendants, qui travaillent aujourd’hui pour de grands groupes comme La Poste et qui sont littéralement essorés, c’est une manière d’améliorer l’ordinaire, poursuit cet expert. C’est un complément de revenu bienvenu qui est tout à fait légal, puisque ces indépendants sont dotés d’une capacité de transport en bonne et due forme. »

Trusk souhaite devenir la référence de ce nouveau marché, et réalise pour l’instant quelque 100 000 euros de volume d’activité. Un début prometteur. Si 60 % de ses utilisateurs sont des particuliers, les professionnels, comme les brasseurs ou les spécialistes de l’événementiel, font appel à ses services. Mais l’enjeu, c’est d’aider les grandes enseignes de distribution dans leur livraison.

Dacopack, Cotransportage, MyBoxMan,…

Depuis juin, Trusk expérimente des livraisons avec le magasin Leroy Merlin de Montigny-lès-Cormeilles (Val-d’Oise), en attendant, espère-t-il, d’autres enseignes. Cela met en danger les grands prestataires du secteur comme Vir Transport ou les Transports Girard.

« Par rapport aux prestataires actuels, qui réalisent les livraisons par circuit, nous offrons des courses à la demande, bien plus rapides », assure Thomas Effantin.

Trusk entend répéter à l’échelle urbaine ce qu’a réussi FretBay au niveau national. Lancée en 2008 par Areeba Rehman, cette plate-forme réalise désormais un volume d’affaires de 5 millions d’euros en mettant en relation des particuliers avec quelque 8 000 transporteurs et déménageurs au niveau national.

« Nous avons opté pour l’interurbain, car le marché de la logistique urbaine est bien plus compliqué et assez cher par rapport au service proposé. »

Le panier moyen dépasse, pour un particulier, 80 euros environ pour Trusk… Employant une trentaine de personnes, FretBay est déjà installé en France, en Allemagne et en Angleterre et vise une importante levée de fonds fin 2016 pour accélérer son développement.

La nouvelle frontière du secteur est cependant le transport collaboratif. Si Trusk ou FretBay s’appuient sur des professionnels, d’autres veulent réduire les coûts en recourant aux moyens des particuliers. Dacopack, Cotransportage, MyBoxMan, Cocolis ou Du pouce au bras rêvent aujourd’hui de s’imposer tant au niveau urbain qu’interurbain dans le transport d’objets volumineux.

Lire aussi :   Ces start-up qui se rêvent en Uber français du transport de marchandises

Le Monde 19/07/2016