Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

21 juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La situation en Turquie continue de dominer les unes de la presse. « Erdogan instaure l’état d’urgence en Turquie », titrent à la fois la Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Tagesspiegel. « La Turquie interdit aux universitaires de sortir du pays », titre la Süddeutsche Zeitung. Sous le titre de une « qu’est-ce que cela a à voir avec l’islam ? », Die Welt consacre un dossier à l’islam sous toutes ses facettes. Le quotidien économique Handelsblatt revient sur le scandale du logiciel truqué de Volkswagen et s’interroge sur le degré d’information de l’actuel Pdg du constructeur : « que savait Matthias Müller ? ».
  2. Allemagne

Attaque de Würzburg : « Europol met en garde contre d’autres attaques qui seraient le fait d’individus isolés » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, la FAZ et Die Welt indiquent que dans son analyse annuelle, Europol attire l’attention non seulement sur le danger liée à la menace islamiste, mais aussi sur le risque accru d’attentats imputables à des individus isolés qui se seraient radicalisés seuls. Concernant l’attaque survenue près de Würzburg, les journaux rapportent que le parquet fédéral a ouvert une enquête pour déterminer si l’agresseur appartenait à un réseau terroriste et s’il a eu recours à des complices. La presse signale également que des doutes subsistent sur l’âge et la nationalité de l’agresseur : était-il vraiment mineur et originaire d’Afghanistan ou plutôt Pakistanais ? D’ordinaire critique à l’égard du gouvernement bavarois, le quotidien de gauche Süddeutsche Zeitung salue le calme et la pondération dont fait preuve le ministre bavarois de l’intérieur, Joachim Hermann (CSU), dans sa gestion du dossier. L’ensemble de la presse se fait par ailleurs l’écho des propos tenus par le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), qui a appelé hier les nombreux bénévoles investis dans l’accueil des réfugiés à poursuivre leur engagement et à « ne pas se laisser ébranler par ce qui est survenu à Würzburg ».

  1. Europe

Brexit / visite à Berlin de Theresa May : « pas de précipitation » (Tagesspiegel)

La visite d’entrée en fonction de la Première ministre britannique à Berlin – la première chez un partenaire de l’Union européenne depuis sa nomination à la tête du gouvernement – a soulevé un fort intérêt médiatique, mais ne suscite pas de réactions éditoriales en l’absence d’évolution des positions respectives. Les journaux relèvent la cordialité des échanges et la « bonne entente apparente » (Süddeutsche Zeitung) entre les deux dirigeantes : « un exercice d’harmonie pour commencer » (Handelsblatt), « un nouveau départ en toute amitié » (Berliner Zeitung). Angela Mekel et Theresa May ont tenu à souligner l’importance des relations bilatérales germano-britanniques et leur volonté de maintenir d’étroites relations commerciales entre les deux pays, notent les quotidiens.

S’agissant des négociations sur le Brexit, Angela Merkel « s’est, contrairement à certains dans l’UE et au SPD, montrée compréhensive » (Tagesspiegel) sur le calendrier en déclarant qu’il était dans « l’intérêt de tous que la Grande-Bretagne demande cette sortie quand elle aura une position de négociation bien définie », rapporte la presse. Les quotidiens prennent acte, sans la commenter, de l’annonce par Theresa May que Londres n’invoquera pas l’article 50 avant la fin de l’année. Berlin reste toutefois ferme sur le fond, soulignent les journaux : « la chancelière a été claire : pas de négociations formelles ou informelles avant la demande officielle de la Grande-Bretagne de sortir de l’UE », écrit le tabloïd Bild qui, comme les autres médias, relève cette mise au point sans ambages d’Angela Mekel : « ce n’est pas nous qui avons demandé à la Grande-Bretagne de sortir de l’UE ». « Pas de cadeaux, même pour les anciens amis », traduit Bild. « Les deux dirigeantes veulent faire du Brexit un ‘succès’, mais on ne sait toujours pas ce que cela signifie pour chacune d’elles », résume la Süddeutsche Zeitung. La presse note que Mme May a rappelé la volonté d’une majorité de ses concitoyens de contrôler les flux migratoires vers le Royaume-Uni. « La chancelière aura certainement répondu, lors du dîner, ce qu’elle avait déjà clairement exprimé auparavant, à savoir que les Britanniques ne pourront picorer à volonté dans les traités européens », écrit le Handelsblatt. Tous les journaux relèvent par ailleurs que « la Grande-Bretagne a fait le premier pas vers le Brexit » (Süddeutsche Zeitung) en renonçant à la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’UE en juillet 2017.

« Une claire majorité d’Allemands favorables à l’UE » (FAZ)

Un sondage effectué auprès de la population allemande par l’institut Allensbach pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung fait apparaître que 78% des personnes interrogées tiennent à ce que l’Allemagne reste dans l’Union européenne, ce chiffre dépassant largement les 80% parmi les sympathisants de la CSU/CSU, du SPD, des Verts et du FDP. Seuls les partisans du parti eurosceptique AfD ne sont que 28% à le souhaiter. 63% des Allemands déclarent par ailleurs regretter la décision des Britanniques de sortir de l’UE, indique encore ce sondage. En outre, si l’image de l’UE s’est dégradée depuis les précédentes enquêtes, la confiance dans les institutions européennes en revanche augmente. Pour la première fois depuis 1989, relève la FAZ, il y a plus d’opinions en faveur de plus d’intégration que contre.

  1. Turquie

« Le gouvernement fédéral adresse de lourds reproches à Erdogan » (FAZ)

Sous ce titre, la FAZ rapporte que le gouvernement fédéral a reproché aux autorités turques d’agir à l’encontre des principes de l’Etat de droit et cite les déclarations du porte-parole qui a déclaré : « il y a tous les jours des mesures qui sont contraires à l’Etat de droit et ignorent les principes de proportionnalité ». Le journal indique également que la chancelière a fait part de sa « vive inquiétude » quant à l’évolution de la situation en Turquie.

Dans un entretien ce matin à Deutschlandfunk, le député européen et président de la commission des affaires étrangères du parlement, Elmar Brok (CDU), exprime ses doutes sur le fait que la Turquie soit encore un Etat de droit. Il fait valoir que les mesures mises en oeuvre par le président Erdogan « non seulement affaiblissent la démocratie, mais nuisent aussi à ses propres intérêts ». Déplorant que la Turquie « avance dans la mauvaise direction », il estime également que si le président turc venait à exploiter la tentative de coup d’Etat pour bâtir un « Etat présidentiel autocratique et islamique », cela signifierait la fin des négociations d’adhésion entre l’UE et la Turquie.

Dans un entretien à l’hebdomadaire Stern, le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), déplore lui aussi l’évolution en cours en Turquie et convient qu’il « faut rester réaliste car les possibilités d’influence des Européens et des Américains sont relativement limitées ». « Notre intérêt résolu est celui d’une Turquie démocratique, stable et respectueuse de l’Etat de droit. Je suis contre le fait d’isoler la Turquie », déclare-t-il tout en convenant que l’on assiste à un « changement fondamental du caractère de l’Etat » en Turquie.

Pour le Handelsblatt qui analyse la situation sous un angle économique, en travaillant à l’édification d’une nouvelle Turquie et en étendant ses pouvoirs moyennant des licenciements massifs, M .Erdogan contribue à affaiblir son pays sur les plans militaire et économique. Le journal publie un entretien avec le même Elmar Brok qui fait valoir que le président turc doit en premier lieu sa popularité à ses succès sur le plan économique, avec un taux de croissance de l’ordre de 5 à 7%. Or, la lire turque a récemment perdu de sa valeur et le tourisme s’effondre. Si, de surcroît, le taux de croissance venait à chuter, « cela serait une catastrophe pour Erdogan ». Elmar Brok souligne également la forte dépendance de l’économique turque envers l’UE, laquelle constitue le premier marché d’exportation des produits turcs et deux tiers des investissements directs en Turquie provenant de l’UE.

Comme hier, plusieurs éditoriaux s’inquiètent de la dérive autoritaire et de la manière dont M. Erdogan bafoue les principes de l’Etat de droit. « Chaque vague de suspensions est une marque de mépris de l’Etat de droit », écrit la FAZ. La Süddeutsche Zeitung estime que la Turquie s’engage dans « une longue nuit sans fin ». Tout en partageant cette inquiétude, le Tagesspiegel appelle néanmoins les Occidentaux à poursuivre le dialogue avec la Turquie, par le biais notamment des institutions culturelles (instituts Goethe, fondations). « Nous, l’Occident, sommes l’unique interlocuteur possible, et nous n’avons pas le droit d’arrêter de nous-mêmes un processus d’ouverture toujours possible », sachant que M. Erdogan « mise peut-être sur notre capitulation ».

  1. France

Prorogation de l’état d’urgence : « une surenchère de fermeté » (Süddeutsche Zeitung)

L’accord trouvé sur la prorogation de l’état d’urgence est peu commenté. La Süddeutsche Zeitung déplore toutefois qu’« un état d’exception, prolongé à quatre reprises en France, [devienne] la règle, ce qui est préjudiciable à l’Etat de droit à double titre : « le contrôle de l’exécutif en pâtit et l’état d’urgence permanent marque la faiblesse d’un Etat incapable de gérer un risque par des moyens normaux, ce qui peut renforcer le sentiment d’insécurité de la population ». Comme ses confrères au lendemain de l’attentat de Nice, le journal juge néanmoins « compréhensible » une telle mesure compte tenu du « risque accru d’attaques terroristes » et de la pression subie par le gouvernement de la part de l’opposition: « M. Hollande fait passer le message à ses concitoyens : nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir »./.