Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

22 juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. « Berlin s’inquiète de l’état d’urgence en Turquie », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, tandis que Die Welt affiche à la une que « la ligne dure d’Erdogan choque les milieux économiques allemands ». La Süddeutsche Zeitung titre sur les démêlés du ministre allemand de l’économie avec la justice dans le cadre d’une fusion dans le secteur de la grande distribution : « nouveaux griefs contre Gabriel dans l’affaire Edeka ». Les quotidiens berlinois Tagesspiegel et Berliner Zeitung mettent en exergue le projet de la ministre allemande du travail et des affaires sociales d’harmoniser d’ici à 2020 le niveau des retraites encore disparate entre anciens et nouveaux Länder. Le quotidien économique Handelsblatt se penche dans son dossier du week-end sur la « disparition des filiales bancaires » en Allemagne pour des raisons d’économies et indique que 10 000 succursales pourraient être supprimées dans les deux ans qui viennent.
  2. Allemagne

« L’auteur de l’attentat de Würzburg n’avait fait l’objet d’aucune vérification » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien rapporte que l’identité de l’auteur de l’attentat survenu près de Würzburg n’avait fait l’objet d’aucune vérification en Allemagne. Selon des informations du journal, seules ses empreintes digitales auraient été enregistrées en Hongrie, en juin 2015, dans la banque de données Eurodac. A la fin du mois de juin 2015, il serait ensuite  entré en Allemagne sans avoir fait l’objet d’un quelconque contrôle. L’intéressé aurait ensuite déposé en décembre 2015 une demande d’asile et obtenu en mars de cette année une autorisation de séjour sans avoir dû fournir le moindre papier d’identité.

Dans un commentaire, le journal estime inquiétant « à la fois pour la sécurité de l’Allemagne et pour la politique d’intégration » le fait qu’un individu séjournant depuis plus d’un an dans le pays soit un parfait inconnu.

Projet de rachat de la chaîne de supermarchés Kaiser’s par son concurrent Edeka : « nouveaux griefs contre Gabriel dans l’affaire » (Süddeutsche Zeitung)

Le journal de Munich indique qu’un nouvel arrêt rendu par le tribunal de grande instance de Düsseldorf accable le ministre fédéral de l’économie, Sigmar Gabriel (SPD). Après avoir dans un premier arrêt considéré comme une décision partiale l’aval exceptionnel accordé par le ministre au projet de rachat et gelé la fusion, le tribunal reproche à présent à S. Gabriel d’avoir « failli à ses obligations » en gardant secrets des documents relatifs au projet. « Pour la FAZ, en faisant preuve d’un tel « dilettantisme », le ministre s’est disqualifié, non seulement dans ses fonctions actuelles, mais pour toute autre (allusion à sa probable candidature à la chancellerie fédérale en 2017). Sous le titre « justice pour Gabriel », Die Welt fait valoir qu’il y a au moins une chose que l’on peut mettre à l’actif du ministre de l’économie : son combat sans relâche en faveur de l’accord de libre-échange transatlantique (TTIP).

Harmonisation des retraites entre l’Est et l’Ouest

La ministre du Travail Andrea Nahles (SPD) a fait part hier de sa volonté de relever d’ici à 2020 les retraites des actifs des Länder de l’Est au niveau de ceux de l’Ouest, rapportent les quotidiens. Cette mise à niveau devrait se faire en deux étapes pour un coût total de 7,5 milliards d’euros. Cette mesure, qui devrait faire bénéficier à terme quelque 4 millions de retraités est-allemands d’une hausse de leurs revenus, entraînera néanmoins également une hausse des cotisations pour une partie des salariés, note la presse. D’où une réaction réservée des ministres-présidents de Saxe et Saxe-Anhalt (tous deux CDU) au projet, relève le Tagesspiegel. Le financement de cette mesure n’est pas encore clair, mais la ministre a souligné que les hausses des retraites seraient financées sur le budget fédéral, ce qui reste à négocier avec le ministre CDU des finances, remarque la Süddeutsche Zeitung. Tant la FAZ que la Süddeutsche Zeitung modèrent la portée d’une telle mesure : une harmonisation des retraites, si elle est profitable aux retraités et constitue un symbole d’unité allemande, se ferait aux dépens des actifs est-allemands d’aujourd’hui, notent-ils. « L’unification des retraites va creuser le fossé de la pauvreté entre les générations », redoute la Süddeutsche Zeitung.

  1. Turquie

« Berlin s’inquiète de l’état d’urgence en Turquie » (FAZ)

Sous ce titre, la FAZ rapporte les propos du ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), qui a demandé à la Turquie de « mettre aussi vite que possible un terme à l’état d’urgence », avant d’ajouter que « dans toutes les mesures mises en œuvre pour faire la lumière sur la tentative de putsch,  l’Etat de droit, la juste mesure et la proportionnalité doivent être garantis ». Le journal cite aussi le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), pour qui la démarche du gouvernement turc depuis vendredi dernier « va au-delà d’une réponse appropriée et proportionnelle ».

Plusieurs quotidiens font aujourd’hui part des critiques de l’opposition (Verts, Die Linke) envers l’attitude jugée trop timorée du gouvernement fédéral. Dans des propos repris par la Berliner Zeitung, le porte-parole des Verts pour la politique étrangère, Omid Nouripour, reproche au gouvernement fédéral de « passer sous silence depuis des mois les abus commis en Turquie » et juge à présent « plus nécessaire que jamais » d’en parler. Dans des propos que reprend le Handelsblatt, l’ancienne ministre de la justice, Sabine Leutheusser – Schnarreberger (FDP), juge que « le gouvernement fédéral espère visiblement pouvoir enterrer le sujet pendant la pause estivale, seule manière d’expliquer la faiblesse des critiques à l’encontre de la ligne dure pratiquée par Erdogan ».

Le tabloïd Bild avance des arguments pour expliquer « pourquoi les Européens sont les otages d’Erdogan » : accord migratoire, appartenance de la Turquie à l’OTAN qui « a plus besoin de la Turquie que l’inverse ». Or, indique le journal, des rumeurs se font déjà jour dans les cercles otaniens sur le « scénario cauchemar » que serait le retrait de la Turquie de l’OTAN. Le journal cite à ce propos le porte-parole du SPD pour la politique étrangère Niels Annen pour qui « en dépit de toutes les critiques justifiées envers Erdogan, nous devons veiller à ce que nous ne perdions pas la Turquie comme partenaire de l’OTAN car une sortie du pays de l’Alliance aurait des conséquences imprévisibles, y compris pour notre sécurité ». Dans son éditorial du jour, le tabloïd prend appui sur cet argument pour tirer la sonnette d’alarme : « les Américains et les Européens doivent garder Erdogan dans l’Alliance. Sinon, un autre autocrate saura en tirer profit : le président Poutine ». Toujours citée par Bild, la présidente du parti d’opposition turc HDP, Figen Yüksegdak, appelle maintenant à une « vraie réaction, les discussions diplomatiques ne suffisant plus », et évoque l’idée de sanctions contre la Turquie, en particulier en matière de livraisons d’armes.

Soulignant le « rôle clé » des entrepreneurs allemands pour l’économie turque, le Handelsblatt rend compte de leur « grande inquiétude » quant à l’évolution du pays. Le journal qualifie les incertitudes sur la situation politique de « poison pour les investissements » en Turquie. Sous le titre de une, « la ligne dure d’Erdogan choque les milieux économiques allemands », Die Welt fait état d’un sondage mené avec le cabinet d’audit Roland Berger selon lequel 85% des décideurs économiques allemands craignent un recul massif des investissements en raison de l’instabilité intérieure.

  1. France

Loi travail : « une victoire à la Pyrrhus à Paris » (FAZ)

Dans des articles et commentaires largement inspirés de la presse française, les correspondants à Paris de la presse allemande s’accordent à constater que le Premier ministre aura « chèrement payé » la réforme du droit du travail adoptée via un troisième recours à l’article 49-3, soulignent-ils. « Valls y aura laissé beaucoup de plumes », écrit le Tagesspiegel ; « pour le gouvernement, c’est une victoire sans vainqueurs», notait hier la FAZ. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, les quotidiens s’étonnent de ce que « la contestation bruyante s’achève en sourdine », notant, comme le Tagesspiegel, qu’au lendemain de l’attentat de Nice, les opposants à la loi travail « n’avaient plus la force de résister ».

Dans un long éditorial, le correspondant économique de la FAZ, Christian Schubert, fait le bilan de la « bataille de la réforme du travail » : « à première vue, il n’y a que des perdants : le gouvernement qui n’a pas su convaincre l’opinion publique ni les frondeurs, la CGT qui a échoué à faire retirer le projet, l’aile gauche du PS qui n’a pas grossi ses rangs et les patrons, en raison du renoncement aux mesures les plus fortes du projet de loi ». Le point le plus positif de cette réforme reste la libéralisation en matière d’accords d’entreprise, qui va redéfinir le rôle et la partition des syndicats en France, estime la FAZ, qui regrette toutefois que la loi ne puisse plus impulser un nouvel élan à l’économie pour avoir été trop décriée et amendée./.