Synthèse de la presse quotidienne
27 juillet 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- L’attentat terroriste perpétré hier à Saint-Etienne-du-Rouvray fait la une de plusieurs quotidiens allemands : « Daech assassine un prêtre de 84 ans pendant la messe » (Süddeutsche Zeitung) ; « la terreur islamiste fait pour la première fois irruption dans une église » (Tagesspiegel). « La haine fanatique n’hésite même plus à franchir le seuil des lieux de culte », titre Die Welt qui cite la réaction du ministre allemand des affaires étrangères, M. Steinmeier. « Vague de terreur en Europe », affiche à sa une le tabloïd Bild qui énumère les dernières attaques survenues en France et en Allemagne. S’intéressant plus particulièrement aux suites de l’attentat à la bombe à Ansbach, la Frankfurter Allgemeine Zeitung met en exergue que « la Bavière entend renforcer ses effectifs de police et procéder plus facilement à des expulsions ». Le quotidien économique Handelsblatt s’intéresse à la situation financière fragile de la Commerzbank et interpelle le président de son conseil de surveillance : « et maintenant, M. Müller ? ».
- Allemagne
Suites de l’attentat d’Ansbach : « la Bavière donne le ton » (Tagesspiegel) – Seehofer promet d’être ferme » (Handelsblatt)
La presse relaie les déclarations du ministre-président de Bavière et du ministre bavarois de l’intérieur qui se sont exprimés hier à l’occasion du début de leur séminaire gouvernemental. M. Seehofer a marqué qu’au regard des récents événements, l’Allemagne faisait face à une nouvelle dimension du terrorisme et a également jugé que si le calme et la mesure sont importants, ils ne sauraient toutefois remplacer la protection de l’Etat que les citoyens attendent, une phrase qui est interprétée par plusieurs journaux comme une critique à mots couverts visant directement la chancelière. Constatant que la pression augmente sur la chancelière, le tabloïd Bild et d’autres quotidiens indiquent qu’alors qu’elle est officiellement en vacances depuis jeudi dernier mais toujours en Allemagne, la chancelière va interrompre ses congés pour s’exprimer demain à 13 heures en conférence de presse. Alors que la presse avait réservé un accueil positif à sa réaction tardive (samedi en début d’après-midi) suite à la fusillade de Munich, plusieurs journaux constatent à présent que l’accumulation de faits sanglants ces derniers jours appellent la chancelière à sortir de sa réserve. Après la France, « c’est à présent l’Allemagne qui est touchée au cœur », fait valoir dans son éditorial de une la FAZ avant de constater qu’en matière de réaction, « M. Hollande a été plus rapide » que Mme Merkel.
- Europe
TTIP / « échouer pour mieux faire » (Süddeutsche Zeitung)
Dans un éditorial, la Süddeutsche Zeitung considère que les chances de succès de l’accord transatlantique de libre-échange sont très minces mais, prenant le contre-pied des déclarations alarmistes de l’économie et de l’industrie allemandes, relativise la portée d’un possible échec, « qui ne serait imputable ni aux opposants du libre-échange, ni aux politiques mais tout simplement au fait, comme dans certains mariages, que les divergences sont trop grandes entre les deux parties ». Soulignant que la commission européenne a mandat pour négocier mais aucune obligation d’aboutir à un accord, le quotidien estime que le commerce transatlantique continuerait faute de TTIP à fonctionner relativement bien comme c’est déjà le cas, et qu’un échec « offrirait la chance de faire mieux la prochaine fois », c’est-à-dire de concevoir des accords de libre-échange profitables à la fois aux industriels et aux citoyens grâce à de meilleures normes sociales ou environnementales.
- International
Turquie/ interview télévisée du président turc : « la commission européenne accuse Erdogan de mensonge » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
L’ensemble des journaux se font l’écho de la réponse de l’Union européenne aux reproches formulés par le président Erdogan lors de son interview sur ARD lundi soir. Il y avait déclaré que la Turquie n’avait reçu jusqu’à présent qu’un à deux millions d’euros sur les trois milliards promis dans le cadre de l’accord sur la politique migratoire. Sous le titre « tout simplement pas vrai », la Süddeutsche Zeitung rapporte les propos d’un porte-parole de la commission européenne qui a rétorqué que « l’UE respecte ses engagements », avançant le détail des sommes déjà versées (740 millions d’euros alloués dans le cadre de projets pilotés par des organisations humanitaires et un versement de 105 millions en date du 14 juillet notamment)
De l’avis de la presse, les accusations mensongères du président turc sont la marque du peu de cas qu’il fait de l’Europe, pour laquelle il « semble ne plus vouloir prendre d’égards » (Handelsblatt). « Le président turc veut la rupture avec l’Europe et le rapprochement avec la Russie », juge la FAZ qui en veut pour preuve l’annonce quasi simultanée d’une rencontre début août entre M. Erdogan et son homologue russe. La tageszeitung indique par ailleurs que l’union des industriels et hommes d’affaires turcs (Tüsiad) lance une campagne sous la forme d’encarts dans des journaux européens tels que Le Monde ou la FAZ pour appeler à la poursuite des négociations d’adhésion à l’UE. Pour le quotidien, cette initiative montre qu’il existe des moyens économiques pour faire pression sur les autorités turques : non seulement un arrêt des livraisons d’armement, mais aussi des menaces en matière de restrictions commerciales.
- France
Attaque terroriste de Saint-Etienne-du Rouvray
L’effroi se lit dans les médias face à la nouvelle dimension sous forme de « guerre déclarée à la foi » (Tagesspiegel) que prend la dernière attaque dans une « liste toujours plus longue d’assassinats islamistes » (FAZ). Toute la presse, choquée par la barbarie envers un « prêtre égorgé au pied de son autel » (Bild), souligne l’horreur d’une l’attaque « qui vise les chrétiens » (Die Welt), rappelant la première tentative avortée qui avait visé une église à Villejuif en avril 2015. « L’EI cible maintenant les églises », insiste la Berliner Zeitung, « égorger un prêtre en plein office, c’est appeler à la guerre de religion ; choisir une petite église d’une banlieue inconnue, c’est signifier que les fidèles ne sont plus en sécurité nulle part », analyse Die Welt.
Tous les journaux relaient les messages du président de la République et du Premier ministre, ainsi que l’appel du Ministre à préserver l’unité nationale. La presse mentionne aussi les nombreuses réactions à l’attentat, autant dans la classe politique française que de la part des représentants des cultes. A l’instar du Handelsblatt, la presse souligne que « le gouvernement subit actuellement une énorme pression, l’opposition conservatrice essayant de décrédibiliser le ministre de l’Intérieur, M. Bernard Cazeneuve » dont les services ont été mis en cause au lendemain de l’attentat de Nice. Le fait que l’un des assaillants ait été remis en liberté surveillée, malgré deux départs avortés en Syrie et un appel du parquet convaincu du risque de récidive, est relevé par les quotidiens pour qui cette « panne » dans le dispositif de surveillance « met le président Hollande en délicate posture » et « porte un coup sévère à la confiance des Français dans leurs services de sécurité » (Süddeutsche Zeitung). Plusieurs quotidiens relèvent, à l’instar de la Berliner Zeitung, que la Seine-Maritime est « un haut lieu de l’islamisme radical avec, pour la seule métropole rouennaise, quelque 70 individus étant partis faire le djihad »./.