Synthèse de la presse quotidienne

28 juillet 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

1. Les suites des attaques survenues en Allemagne continuent de faire les gros titres d’une partie de la presse : « le criminel de Munich était raciste et avait une vision d’extrême droite du monde », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, tandis que Die Welt indique que l’auteur de l’attentat à la bombe d’Ansbach « aurait été téléguidé ». L’Europe s’invite à la Une de deux quotidiens, la Süddeutsche Zeitung titrant « Bruxelles : l’Etat de droit menacé en Pologne » et le Handelsblatt ironisant sur la mansuétude de la commission envers l’Espagne et le Portugal en dépit du non-respect des limites en matière de déficit budgétaire : « la sanction à zéro euro ». Sous le titre « l’urgence après le terrorisme », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung alerte dans un dossier sur la situation sanitaire au Nigéria.
2. Allemagne

Suites de la fusillade de Munich et de l’attentat à la bombe à Ansbach

La presse fait état de l’avancement de l’enquête sur l’auteur de la fusillade de vendredi dernier à Munich et indique que l’agresseur, un germano-iranien de 18 ans vénérait Hitler, se considérait comme arien et a sciemment choisi la date du 5^ème anniversaire du massacre d’Utoya pour passer à l’acte. Concernant l’enquête sur l’attentat à la bombe commis à Ansbach dimanche soir, l’enquête vise à présent à déterminer si l’auteur, qui se serait longuement entretenu au téléphone avec un individu avant de faire exploser sa bombe, a agi sur ordre d’un commanditaire. Dans un entretien au Handelsblatt, le ministre bavarois de l’intérieur fait état des forts soupçons qui se portent sur le réseau de Daech.

Outre des appels réitérés au calme et à la mesure, la presse estime qu’un débat est nécessaire sur les failles et les erreurs du système d’accueil en Allemagne des réfugiés (Handelsblatt) et fait en outre valoir qu’il n’y a « pas qu’une seule piste en Allemagne qui mène au terrorisme et au meurtre. Que les tueurs se réclament d’Allah ou de Hitler, leur combat est identique : il vise notre société ouverte, libérale et démocratique », souligne ainsi dans son propos du jour le tabloïd Bild.

Dans l’attente de l’intervention de la chancelière, les journaux notent que la pression s’accroît sur Mme Merkel, des représentants de la CSU voyant la politique migratoire de la chancelière en partie responsable des attaques qui se sont produites ces derniers jours. Toutefois, selon les dernières enquêtes d’opinion, la popularité des partis politiques n’est pas à ce stade affectée. Autant la CDU/CSU que le SPD restent stables par rapport à la semaine dernière avec respectivement 35% et 22% d’opinions favorables. Die Linke et l’AfD demeurent également inchangées (9%), le FDP perdant un point (6%) et les Verts en regagnant un (13%).

3. Europe

Pologne / interview du président du parti PiS dans Bild

Dans une interview au tabloïd Bild, le chef du parti de gouvernement Droit et Justice, Jaroslaw Kaczynski, juge illégale la procédure engagée par la Commission européenne contre la Pologne au sujet du respect de l’Etat de droit. « Cette procédure se situe totalement en dehors du cadre des traités de l’Union européenne, ce n’est rien d’autre qu’un passe-temps pour faire plaisir à la Commission et à ses fonctionnaires », déclare-t-il. La Commission européenne a fixé hier un délai de trois mois à Varsovie pour revoir le fonctionnement de son tribunal constitutionnel, rapporte la presse en rappelant que cette deuxième étape dans la procédure enclenchée par Bruxelles peut éventuellement aboutir, en dernier recours, à des sanctions comme une suspension des droits de vote de la Pologne au sein de l’UE. Interrogé sur la politique migratoire, le président du PiS critique à nouveau Angela Merkel en déclarant : « j’aimerais bien que la chancelière m’explique ce qui lui est passé par la tête lorsqu’elle a ouvert les frontières, cela dépasse mon entendement ». S’agissant des relations bilatérales, il déclare toutefois se ranger à l’avis de son défunt frère Lech, ancien président polonais, qui estimait qu’« Angela Merkel est pour nous Polonais la meilleure solution ». « Du point de vue polonais, une réélection de Mme Merkel serait une bonne chose », conclut-il.

« Pas de sanctions contre l’Espagne et le Portugal » (FAZ)

Bien qu’attendue, la décision de la Commission européenne de renoncer à sanctionner financièrement Madrid et Lisbonne dans la procédure entamée pour dérapage budgétaire est mal accueillie par la presse conservatrice. La Frankfurter Allgemeine Zeitung critique la manière dont le commissaire chargé des questions monétaires, Pierre Moscovici, a justifié cette décision : « certes, des sanctions ne peuvent effectivement plus rien changer aux infractions du passé, mais avec cette logique, on discrédite le pacte de stabilité, il n’y aura jamais de sanctions ». Le Handelsblatt explique la « mansuétude » de la commission par la crainte de créer un précédent, alors même que la France, confrontée à l’explosion de ses dépenses de sécurité, devrait avoir le plus grand mal à réduire son déficit budgétaire sous la barre des 3% du PIB en 2017. Le quotidien économique affirme, de source diplomatique à Bruxelles, que « c’est Wolfgang Schäuble lui-même qui a fait obstacle à des sanctions contre l’Espagne et le Portugal. Avec son homologue espagnol, il a téléphoné depuis le sommet du G20 à Chengdu à plusieurs commissaires européens pour les convaincre d’annuler les sanctions financières », rapporte le Handelsblatt. Pour la tageszeitung, cette décision traduit une influence grandissante des pays du sud de l’Europe : « c’est une décision contre le ‘schäublerisme’, la rigueur à tout prix », se réjouit le quotidien alternatif de gauche.

« Un Français va négocier le Brexit » (Süddeutsche Zeitung)

La désignation de Michel Barnier pour mener les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est accueillie favorablement par les quotidiens, lesquels publient à cette occasion de nombreux portraits soulignant son parcours européen et sa grande expérience des négociations européennes. « Depuis sa réforme du secteur bancaire au plus fort de la crise financière, il est la bête noire des Britanniques », note le Handelsblatt, pour qui M. Barnier se distingue par son esprit d’indépendance : « il ne se considère pas comme le bras armé des intérêts nationaux ».

4. International

Turquie : « mandat d’arrêt contre 47 journalistes » (Süddeutsche Zeitung)

Le quotidien de Munich fait état de la poursuite des purges en Turquie avec 47 nouveaux mandats d’arrêt visant d’anciens journalistes et collaborateurs du journal Zaman.

Dans un commentaire de son rédacteur en chef, la Süddeutsche Zeitung estime que l’UE doit agir en réponse à la manière dont la Turquie prend prétexte du coup d’Etat avorté pour bafouer les principes que tous les pays membres se doivent de respecter et appelle à la suspension des négociations d’adhésion « tant que ne s’esquisse aucune inflexion en faveur d’un Etat de droit pluraliste ».

« La justice veut la transparence sur les missions militaires » (Tagesspiegel)

Le quotidien fait état de l’arrêt rendu par le tribunal administratif de Berlin, selon lequel le gouvernement allemand doit davantage expliciter l’engagement de soldats allemands dans la lutte contre Daech en Syrie, ainsi que la légitimité de telles décisions au regard du droit allemand et international. Le Tagesspiegel rend compte de cette décision de justice dont il est à l’origine après avoir saisi le tribunal suite à l’envoi par l’Allemagne d’avions de type Tornado en Syrie l’an dernier et la participation de soldats allemands à des missions de reconnaissance en Turquie. La décision du tribunal n’est pas encore applicable, le ministère des affaires étrangères pouvant introduire un recours, précise le quotidien.

5. France

Attaque terroriste de Saint-Etienne-du Rouvray : « les religions sont solidaires » (tageszeitung)

La presse souligne la manière dont les représentants des cultes reçus hier par le président de la République ont fait démonstration d’unité et de solidarité face au terrorisme islamiste. Les quotidiens continuent par ailleurs de s’interroger sur les failles de sécurité dans la surveillance de l’un des assaillants de Saint-Etienne-du Rouvray, après le constat que ni l’assignation à résidence, ni le bracelet électronique n’ont pu l’empêcher de passer à l’acte./.