Aujourd’hui en Allemagne

  • Synthèse de la presse quotidienne

1er août 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. « Des dizaines de milliers de personnes défilent à Cologne pour Erdogan », « jeu à domicile pour Erdogan », titrent respectivement  le Tagesspiegel et la tageszeitung qui font état de la manifestation qui s’est tenue hier après-midi, rassemblant quelque 20 000 personnes. « Ankara menace de dénoncer l’accord migratoire », affiche à sa une la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui fait état du regain de tensions entre l’Union européenne et la Turquie et publie un entretien avec le ministre turc des affaires étrangères. Sur fond de diminution sensible des arrivées des réfugiés sur le territoire allemand, Die Welt consacre ses gros titres au fait que « la police fédérale renvoie un migrant sur deux » en raison notamment du fait que ces migrants ne souhaitent pas déposer leur demande d’asile en Allemagne.  La Süddeutsche Zeitung met en exergue les propos du président fédéral lors de l’office religieux, hier, à Munich, à la mémoire des victimes de la fusillade de vendredi 22 juillet : « Gauck : la solidarité atténue la douleur ».
  2. Allemagne

« Le chef de la CSU menace Mme Merkel de désigner pour les élections de 2017 son propre candidat tête de liste » (Bild)

Sous ce titre, le tabloïd Bild reprend des déclarations du ministre-président bavarois et chef de la CSU, interviewé hier sur ZDF. Estimant qu’après la série d’attaques qui se sont produites en Allemagne, « tout le nécessaire n’a pas encore été fait » en matière de sécurité, Horst Seehofer a critiqué indirectement la chancelière dans les termes suivants : « dès lors que se pose un défi majeur mettant en jeu la sécurité de la population, la santé, la vie, la propriété des personnes, il n’est pas possible d’y répondre par le seul optimisme. Il en faut certes pour guider notre action, de même qu’il faut du calme et de la mesure, mais ceci ne saurait remplacer l’action nécessaire de l’Etat ». Dans la perspective des élections au Bundestag, l’an prochain, H. Seehofer indiquait qu’avant que la CDU et la CSU se présentent côte à côte devant les électeurs, il fallait veiller à ce que les points communs soient suffisants et n’excluait pas d’être lui-même candidat tête de liste CSU. Pour le tabloïd, de source CSU, H. Seehofer en voudrait beaucoup à la chancelière d’avoir répété en conférence de presse, jeudi, sa phrase désormais célèbre « on va y arriver ». Faut-il prendre les menaces de Seehofer au sérieux ? », s’interroge le journal pour lequel il est cependant peu probable que le chef de la CSU aille jusqu’à se présenter en 2017 pour faire concurrence à Mme Merkel. De l’avis du journal, il est en revanche plus vraisemblable qu’à l’occasion de son congrès au début du mois de novembre, la CSU formule des conditions à remplir par la CDU pour l’assurer du soutien de son partenaire CSU en 2017.

Contribution de la Bundeswehr à la sécurité intérieure / déclarations de Mme von der Leyen

Dans un entretien à Bild, la ministre fédérale de la défense, Ursula von der Leyen (CDU), confirme que l’armée allemande se prépare à des exercices de sécurité et de maintien de l’ordre dans l’hypothèse d’attentats terroristes en Allemagne et signale qu’une décision formelle en ce sens devra être prise par les ministres de l’intérieur des Länder qui se réuniront à la fin de l’été.

Dans un entretien à Bild am Sonntag, le maire de Hambourg, Olaf Scholz ( SPD), estime qu’à Munich comme à Ansbach, la police a montré qu’elle était en mesure de faire face à la situation et juge que les appels (émanant de la CDU et de la CSU) à déployer l’armée allemande sur le territoire témoignent d’un « manque de respect » vis-à-vis des forces de police.

  1. Europe

Ajournement de la décision britannique sur le projet nucléaire Hinkley Point C

Alors qu’au terme de fortes résistances en interne, le conseil d’administration d’EDF venait tout juste de donner son feu vert à la construction de la centrale EPR à Hinkley Point, c’est le nouveau gouvernement britannique qui freine de manière inattendue le projet, écrivent le Tagesspiegel et la Süddeutsche Zeitung en supposant, à l’instar de la presse française, que la forte implication d’investisseurs chinois dans le financement serait vue d’un mauvais œil par Londres. « Economiquement, l’énergie nucléaire est finie. Theresa May va peut-être l’achever aussi sur le plan politique », commente le Tagesspiegel. « Il est très possible que Theresa May passe à la postérité comme la femme ayant porté le coup fatal à l’énergie nucléaire, parachevant l’œuvre commencée il y a cinq ans par Angela Merkel avec la sortie du nucléaire en Allemagne », renchérit la Süddeutsche Zeitung. Soulignant les risques financiers considérables du projet de construction d’un EPR à Hinkley Point, les deux quotidiens s’accordent à constater que l’énergie nucléaire, compte tenu des coûts énormes de sécurité, n’est plus la manière la plus rentable de produire de l’électricité : « ironie de l’histoire : en s’obstinant dans ce projet malgré son coût exorbitant, ce sont les partisans eux-mêmes de l’énergie nucléaire – le gouvernement français avec son groupe EDF, une partie de la direction du groupe et les gouvernements britanniques précédents – qui auront contribué à la perte du projet d’Hinkley Point », conclut la Süddeutsche Zeitung.

« Les banques européennes restent fragiles » (FAZ)

La presse juge à l’unisson que le test de résistance des banques européennes atteste de la fragilité persistante des établissements bancaires : « les banques européennes sont-elles armées contre une crise ? Bien sûr que non, ce sont les critères du stress test de l’Autorité bancaire européenne qui n’étaient pas assez contraignants », résume la tageszeitung. « Les efforts de l’EBA pour ne pas semer la panique dans le secteur financier ont un autre effet, celui de susciter la méfiance », ajoute la Berliner Zeitung. « Le pire est encore à venir. Le secteur bancaire européen souffre de son hypertrophie : trop d’instituts, des sièges trop imposants, trop de filiales et de salariés, alors même que les sources de revenus diminuent », analyse la Süddeutsche Zeitung pour qui « le vrai risque n’a pas été testé : c’est le manque de perspective des modèles économiques bancaires actuels ». « Le vrai problème des banques européennes réside dans leurs perspectives dérisoires de bénéfices, leurs modèles économiques doivent enfin être adaptés à la nouvelle réalité des marchés depuis la crise financières », renchérit le Handelsblatt.

Outre la mauvaise santé des banques italiennes, notamment l’institut Monte dei Paschi di Sienna – son plan de sauvetage entériné par Bruxelles n’étant toutefois pas commenté – les journaux relèvent tous la fragilité des banques allemandes, au premier plan desquelles la Deutsche Bank et la Commerzbank, « qui se classent dans les dix dernières des 51 banques testées, et ce malgré une économie allemande parmi les plus florissantes du monde », souligne la Süddeutsche Zeitung. La perte de crédibilité et les fiascos financiers et de management de la Deutsche Bank, ancien fleuron du secteur bancaire allemand, font  la Une de l’hebdomadaire Focus.

  1. International

Turquie : « des milliers de personnes manifestent pour Erdogan à Cologne » – « Ankara menace de dénoncer l’accord migratoire » (FAZ)

Les quotidiens reviennent sur la manifestation hier après-midi à Cologne, en soutien au président Erdogan, qui avait pour mot d’ordre : « oui à la démocratie, non au coup d’Etat » et aurait rassemblé de 20 000 à 35 000 personnes. La Süddeutsche Zeitung indique que pas moins de 2 700 policiers avaient été déployés et qu’aucun incident majeur n’est à déplorer. Les journaux signalent la présence à Cologne du ministre turc des sports et le fait qu’il a critiqué le veto opposé par la justice allemande à la demande des organisateurs du rassemblement de permettre au président Erdogan de s’exprimer devant la foule par vidéo interposée. Son message a toutefois été lu en public.

De l’avis de Die Welt qui voit dans la manifestation d’hier une « démonstration de force » du président Erdogan, les Allemands d’origine turque qui y ont participé ont indirectement répondu à la question de savoir à qui va leur loyauté. Plus nuancé, le Tagesspiegel regrette que la manifestation ait « cimenté la mentalité du tout noir ou tout blanc » et fait valoir que « tous les Turcs qui ont condamné la tentative de putsch ne sont pas pour autant des supporters d’Erdogan », pas plus que « les trois millions d’Allemands aux racines turques ne constituent la cinquième colonne d’Erdogan ». Pour la Süddeutsche Zeitung, l’ampleur de la manifestation illustre avant tout l’intégration « en crise » des Turcs d’Allemagne, une large majorité d’entre eux plébiscitant un régime autoritaire tel qu’incarné par Erdogan.

Dans un entretien à la FAZ, le ministre turc des affaires étrangères rappelle aujourd’hui que la question de la libéralisation des visas fait partie de l’accord migratoire conclu le 18 mars et signale qu’en l’absence de libéralisation, « la Turquie se verra contrainte de prendre ses distances vis-à-vis de ses engagements ». Il insiste pour qu’une échéance précise en matière de libéralisation du régime des visas soit fixée, « soit début, soit mi-octobre ».

Dans un entretien à la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, M. Cavusoglu revenait hier sur les récents événements en Turquie pour indiquer qu’il n’y a « aucun doute » que le mouvement Gülen « est derrière la tentative de putsch ». A propos de l’état d’urgence, il indiquait que si « auparavant, les Turcs ne pouvaient pas sortir de leurs habitations lorsque l’état d’urgence était décrété, aujourd’hui, ils ne rentrent plus chez eux parce qu’ils manifestent dans la rue pour la démocratie, pour Erdogan et contre les putschistes ». « Ces manifestations sont un message à tous ceux qui qualifient notre président de dictateur », ajoutait-il. Concernant la peine de mort, il faisait valoir que le gouvernement turc reçoit « des milliers de tweets et de SMS » appelant à réinstaurer la peine capitale, mais qu’aucune décision en ce sens n’a pour l’heure été prise.

  1. France

« Valls reconnaît un ‘échec’ de la justice française » (FAZ)

Sous ce titre, la correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de manière factuelle des déclarations du Premier ministre dans son interview au Monde. La FAZ critique par ailleurs, dans un bref commentaire, les propos de M. Sarkozy appelant à assigner à résidence les « fichés S » : « certes, la sécurité s’est fortement dégradée en Europe et les politiques doivent trouver des réponses, mais le démantèlement de l’Etat de droit n’en fait pas partie. Rappelons-nous ce que les Européens opposaient aux Américains après le 11 septembre 2001 : les démocraties ne doivent pas trahir leurs valeurs au nom de  la lutte contre le terrorisme ».

« L’économie française stagne » (Die Welt)

A l’exception d’un article factuel dans Die Welt, l’annonce d’une croissance nulle en France au second trimestre 2016 n’est évoquée que sous la forme de brèves reprises d’agence. La santé de l’économie française ne suscite aucun commentaire à ce stade./.