Synthèse de la presse quotidienne
2 août 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- A l’exception du Handelsblatt qui titre sur « la nouvelle course aux armements » et fait état de dépenses militaires en hausse de par le monde, l’ensemble des journaux consacrent leur une à la Turquie : « l’UE : la suppression des visas pour les Turcs uniquement si toutes les conditions sont remplies » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « l’Allemagne ne doit pas se laisser mettre sous pression par la Turquie » (Die Welt), « Gabriel reproche à la Turquie de pratiquer le chantage » (Süddeutsche Zeitung), « la Turquie menace l’Europe » (Tagesspiegel), « Ankara menace, Berlin garde son calme » (Berliner Zeitung).
- Allemagne
Les réfugiés et le marché de l’emploi
Sur la bases des derniers chiffres communiqués par l’Agence fédérale pour l’emploi, la Frankfurter Allgemeine Zeitung indique qu’un an après l’arrivée massive de réfugiés en Allemagne via la route des Balkans, 100 000 demandeurs d’asile auraient actuellement un emploi (soit 31% de plus que l’an dernier). Avec 411 000 personnes, la proportion de réfugiés bénéficiaires de l’allocation sociale Hartz IV serait quant à elle en forte augmentation (+79%). Parmi ces bénéficiaires, on compterait 242 000 Syriens (leur nombre aurait triplé en un an). Cette forte proportion de Syriens amène le journal à considérer dans un commentaire que le défi de l’intégration est de taille et que l’insertion de cette population sur le marché de l’emploi va s’avérer d’autant plus difficile que le niveau de qualification élevé en Allemagne risque de jouer en leur défaveur.
- International
Turquie/UE : « la suppression des visas pour les Turcs uniquement si toutes les conditions sont remplies » (FAZ)
La FAZ rend compte de la réponse d’une porte-parole de la commission européenne aux exigences du ministre turc des affaires étrangères sur une échéance précise, « début ou mi-octobre », en matière de libéralisation des visas pour les ressortissants turcs se rendant dans l’UE. Sur les 72 critères à satisfaire, il y en a encore cinq qu’Ankara ne respecte pas, dont la nécessaire harmonisation de sa législation antiterroriste pour la mettre en conformité avec les standards de l’UE et du Conseil de l’Europe. Deux autres critères concernant la liberté d’opinion des journalistes et des professeurs d’université ne sont pas non plus satisfaits, indique le Handelsblatt.
Estimant que « l’accord sur la politique migratoire est sur la corde raide » compte tenu des menaces faites par Ankara de le dénoncer si la Turquie n’obtient pas satisfaction sur la suppression des visas pour ses ressortissants, le tabloïd Bild s’interroge sur la capacité de l’UE à faire face à un éventuel afflux de migrants qui afflueraient alors en Grèce. Le plan B consisterait à ce que la Grèce trie les demandes d’asile dans des hot spots situés sur ses îles, or avec seulement 16 centres d’accueil et d’enregistrement et des camps de réfugiés surchargés, elle est mal préparée à une telle perspective, souligne le quotidien. A l’inverse, la FAZ fait valoir que selon le ministère allemand de l’intérieur, l’accord migratoire fonctionne de manière satisfaisante et que les rumeurs selon lesquelles la Turquie retiendrait sur son sol de préférence des Syriens diplômés seraient infondées.
Dans leurs éditoriaux, les journaux s’inquiètent aujourd’hui de la détérioration des relations entre l’UE et la Turquie. Tout en doutant qu’Erdogan aille jusqu’à risquer la rupture avec l’Europe, Die Welt évoque un « climat empoisonné ». Le Tagesspiegel estime qu’un « fossé profond » s’est creusé même si on peut douter des intentions réelles des autorités turques de dénoncer l’accord migratoire, un acte par lequel Ankara « agirait à l’encontre de ses intérêts ». Analysant les relations bilatérales au lendemain de la manifestation de Cologne en soutien au président Erdogan, le Handelsblatt déplore la « grande prise de distance » entre Allemands et Turcs et l’image ternie de la communauté turque en Allemagne.
Manifestation de Cologne : « Berlin réagit avec calme aux critiques d’Ankara » (FAZ)
Les journaux signalent que le chargé d’affaires de l’ambassade d’Allemagne à Ankara a été convoqué hier au ministère turc des affaires étrangères en raison de l’interdiction faite au président Erdogan de s’adresser dans un message vidéo aux manifestants réunis à Cologne dimanche. La presse fait état des propos du vice Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, qui a dans ce contexte reproché à l’Allemagne son « hypocrisie ». « Les autorités allemandes se plaignent à la moindre occasion du fait que la démocratie est limitée en Turquie mais dans le cas de la manifestation de Cologne, elles ont elles-mêmes empêché la libre expression », a-t-il fait valoir, cité par Die Welt. Lors du traditionnel point de presse hier, le porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères a de son côté indiqué que les relations avec la Turquie se trouvent actuellement « dans une phase pas des plus faciles » et déploré le rappel par Ankara de son ambassadeur à Berlin il y a quelques semaines avant de souhaiter qu’un successeur puisse être rapidement nommé.
Syrie : « la dernière chance » (Süddeutsche Zeitung)
La proposition de l’envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura, de gérer les « corridors humanitaires » ouverts par le régime syrien et la Russie pour les civils assiégés des secteurs rebelles de la ville d’Alep et de faire acheminer l’aide alimentaire vers les quartiers concernés « est pour la Russie l’occasion de montrer qu’elle cherche vraiment une solution politique au conflit et sa dernière chance de coopérer avec les Américains », juge la Süddeutsche Zeitung. Ni Washington ni Moscou ne peuvent avoir intérêt à une chute d’Alep, qui renforcerait auprès de la population la légitimité des groupes islamistes et notamment des djihadistes du Front Fateh Al-Cham, souligne le quotidien de Munich. La Russie est d’ores et déjà dans la ligne de mire de l’EI, dont de nombreux djihadistes sont originaires du Caucase, remarque de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Renforcement de la protection des soldats allemands stationnés au Mali
Après avoir longtemps sous-estimé la dégradation de la situation sécuritaire au Mali où sont stationnés 648 soldats allemands, dont une grande partie à Gao dans le cadre de la Minusma, le ministère allemand de la défense a reconnu le 27 juillet dernier qu’il était désormais urgent de mieux sécuriser la présence de la Bundeswehr sur place, rapporte Die Welt. Le ministère veut recourir dans les meilleurs délais à l’usage de ballons captifs équipés de caméras de détection tels qu’utilisés déjà en Afghanistan, indique le secrétaire d’Etat à la défense Markus Grübel dans un courrier adressé à la député des Verts Agnieszka Brugger./.