Synthèse de la presse quotidienne
3 août 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Turquie continue de faire la une d’une partie de la presse. « Erdogan : l’Occident soutient le terrorisme », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui cite le président turc, tandis que le quotidien des affaires Handelsblatt voit les milieux économiques allemands, qui craignent un recul des exportations et des investissements, « pris dans le piège turc ». La Süddeutsche Zeitung ouvre son édition du jour sur « Donald Trump rattrapé par son passé », à savoir le fait qu’il a pu éviter le service militaire en pleine guerre du Vietnam pour raison médicale. Die Welt évoque à sa une la Syrie et titre sur le « combat désespéré dans l’enfer d’Alep ». Se basant sur les derniers chiffres publiés par la police fédérale allemande, le Tagesspiegel évoque des « attaques visant des réfugiés qui ne faiblissent pas ». La Berliner Zeitung titre sur « la Bavière porte plainte contre Volkswagen pour dommages et intérêts ».
- Allemagne
Suites du scandale Volkswagen : « la Bavière veut porter plainte » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
La presse se fait l’écho de l’annonce par le ministre bavarois des finances Markus Söder (CSU) que la Bavière a l’intention de porter plainte contre le constructeur automobile auquel elle réclame 700 000 euros de dommages et intérêts pour ne pas l’avoir informée à temps des risques de pertes induites par le scandale des logiciels truqués alors que le Land avait investi dans un fonds de pension contenant plus de 50 000 actions Volkswagen pour financer les retraites de ses fonctionnaires. La plainte du fonds de pension de Bavière pour « manquements aux obligations de publication » doit être déposée en septembre auprès du tribunal de Brunswick.
Soulignant le caractère inédit en Allemagne d’une telle démarche, la FAZ estime que l’attitude de la Bavière donne à voir par contraste le manque d’action du Land de Basse-Saxe, actionnaire majoritaire du constructeur, et le silence observé par le ministre-président du Land, Stephan Weil (SPD), depuis le déclenchement du scandale. Si la manière dont Markus Söder s’en prend à Volkswagen est une manière d’attaquer la coalition rouge-verte au pouvoir en Basse-Saxe, il n’en demeure pas moins, de l’avis de la Berliner Zeitung, que le ministre bavarois des finances attire l’attention sur un « élément central » du scandale Volkswagen, à savoir l’opacité des liens qui unissent en Allemagne la sphère politique et l’industrie automobile, dont Volkswagen est l’exemple le plus révélateur. S’il est de l’intérêt de certains d’étouffer l’affaire, à commencer par le puissant syndicat IG Metall, sous couvert de la préservation de l’emploi, le fait est que l’Allemagne ne saurait se permettre un second « dieselgate », fait valoir le quotidien.
Rendant compte par ailleurs des conclusions de la commission technique indépendante mise en place par le ministère français de l’environnement, la Süddeutsche Zeitung fait valoir que ces conclusions, qui épinglent des constructeurs étrangers tels que Renault et Fiat, constituent un « camouflet » pour le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrundt (CSU) qui avait catégoriquement exclu que d’autres constructeurs aient pu avoir recours à un logiciel tricheur alors que la commission française dit exactement le contraire.
- Europe
Julian King « commissaire européen de seconde classe » (Handelsblatt)
En confiant à l’actuel ambassadeur de Grande-Bretagne en France, Sir Julian King, le nouveau portefeuille de la Sécurité, le président de la commission européenne « se venge subtilement pour le Brexit », considère Die Welt en rappelant que les thèmes sécuritaires, notamment le contrôle de l’immigration et le refus de davantage d’intégration européenne en matière de politique de sécurité, ont été l’une des principales motivations des Britanniques pour voter la sortie du Royaume-Uni de l’UE. « En nommant un Britannique ‘chef de l’antiterrorisme’ en Europe, Juncker espère qu’il sera d’autant plus crédible aux yeux de ses concitoyens quand il plaidera la nécessité d’une coopération plus étroite entre les services de sécurité des Etats membres », analyse Die Welt. Le Handelsblatt remarque qu’au sein de la commission européenne, le Britannique sera le seul commissaire à devoir explicitement rapporter à un supérieur hiérarchique, en l’occurrence le vice-président de la commission Frans Timmermans, et qu’il ne pourra de surcroît assister ni aux réunions du conseil, ni aux sessions du parlement européen. Cette dégradation de forme n’enlève rien aux compétences personnelles de Sir Julian King, un spécialiste de la sécurité très au fait des arcanes bruxelloises et de la diplomatie européenne, jugent toutefois les deux quotidiens.
- International
Turquie/UE : « Erdogan : l’Occident soutient le terrorisme » (FAZ)
La FAZ rend compte des nouvelles attaques du président Erdogan, notamment contre les Etats-Unis auxquels il reproche de « cacher et de protéger » le prédicateur Fethullah Gülen que Washington refuse d’extrader. Par un « bravo » ironique à la rapidité de décision de la justice allemande, le président turc a une nouvelle fois critiqué l’interdiction qui lui a été faite de s’adresser par message vidéo à la foule lors de la manifestation de Cologne dimanche dernier, indique aussi le journal.
Le Handelsblatt fait aujourd’hui droit aux vives inquiétudes des représentants des quelque 6500 entreprises à participation allemande actives en Turquie, notamment depuis que le pays a été classé « à haut risque » par l’agence de notation Standard & Poor’s en début de semaine. Le quotidien rappelle que l’Allemagne est le premier partenaire commercial et investisseur dans le pays et que si la Turquie était jusqu’ici une destination très attractive en matière d’investissements directs, « le marché s’est effondré », selon le pdg de Lufthansa, BMW voyant ses ventes en net recul depuis le putsch. « Nous devons compter avec de nettes baisses des exportations », conclut le président de la fédération allemande du commerce extérieur, cité par le journal.
Avenir de l’accord migratoire : « la Grèce demande un ‘plan B’ suite aux menaces turques » (Bild)
Dans des propos à l’édition en ligne du tabloïd Bild, le ministre grec en charge des migrations, Yiannis Mouzalas, se déclare « très inquiet » après les menaces turques de ne pas respecter l’accord sur la politique migratoire en cas de non libéralisation des visas pour les ressortissants turcs à compter d’octobre. « Nous avons en tout cas besoin d’un plan B », ajoute-t-il.
La FAZ indique que la commission européenne a apporté un démenti chiffré aux allégations du tabloïd Bild hier selon lequel la Grèce serait mal préparée à faire face à un éventuel afflux de réfugiés. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung, le problème est ailleurs : les autorités grecques hésitant à trancher quelque 10 000 demandes d’asile dans le sens d’un renvoi vers la Turquie qu’elles ne veulent pas reconnaître comme un pays tiers sûr depuis la tentative de putsch et ce, en dépit des assurances apportées par le commissaire européen aux affaires intérieures Dimitris Avramopoulos au ministre grec des migrations, dans un courrier du 29 juillet.
Siège d’Alep : « à nouveau, une ville est sacrifiée » (Die Welt)
Le quotidien conservateur s’emporte contre « l’inaction » de l’Occident fasse à la catastrophe humanitaire qui se profile dans les quartiers rebelles assiégés de la ville syrienne d’Alep et fait le parallèle avec le précédent de Srebrenica : « il y a 20 ans, la communauté internationale et l’Occident ont assisté sans intervenir au massacre de la population de la ville bosniaque avant de réagir après-coup sous le choc de cette inaction criminelle. (…) Aujourd’hui, l’Occident ne doit pas continuer à tolérer la propagande russe sur des soi-disant couloirs humanitaires alors que la Russie continue de bombarder pour le compte d’Assad. Les Occidentaux doivent par des frappes contraindre Assad et ses alliés à négocier sérieusement un cessez-le-feu et créer des zones de protection pour les civils. Cette fois, on ne les croira plus s’ils font preuve de regrets après-coup », s’indigne Die Welt./.