Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

4 août 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. « Le Conseil de l’Europe appelle à davantage de compréhension envers la Turquie », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui fait état de la visite, hier à Ankara, de son secrétaire général. « Fumée noire au-dessus d’Alep », titre la tageszeitung. Die Welt et le Tagesspiegel consacrent aujourd’hui leur une à la campagne électorale pour les élections présidentielles américaines et titrent respectivement « son propre parti fait front contre Donald Trump » et « Donald Trump plonge les Républicains dans une crise sérieuse ». La Süddeutsche Zeitung s’intéresse au rachat par Flixbus de son concurrent Postbus et titre « les voyages longue distance en bus pourraient renchérir », cette opération garantissant à Flixbus 80% de parts de marché.
  2. Allemagne

« La durée de traitement des demandes d’asile toujours plus longue » (Bild)

Le tabloïd signale que contrairement aux engagements pris par l’Office fédéral en charge des migrations de raccourcir à trois mois cette année la durée de traitement des demandes d’asile, il faut actuellement plus de six mois aux fonctionnaires pour y parvenir (contre un peu plus de cinq mois en fin d’année dernière). Selon l’Office fédérale, cette situation ne serait pas imputable à un manque de personnel mais au fait que sont à présents étudiés les cas complexes qui nécessitent davantage de temps.

Débat sur le recours à l’armée allemande à des fins de sécurité intérieure

Le débat se poursuit dans les journaux sur le bien-fondé d’un tel scénario qui divise la coalition entre ses partisans CDU/CSU et ses pourfendeurs SPD. Alors que le quotidien conservateur Die Welt approuve l’initiative en ce sens de la ministre fédérale de la défense, Ursula von der Leyen (CDU), le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung, qui qualifie la ministre de « maîtresse dans l’art du marketing politique », dénonce un « faux débat » dont la ministre se servirait « de manière éhontée » pour augmenter son crédit auprès des conservateurs et se profiler à terme comme successeur potentiel de Mme Merkel.

Selon le sondage Forsa de cette semaine, à la question de savoir si l’Allemagne est suffisamment préparée pour faire face au défi sécuritaire, 46% des personnes interrogées se déclarent confiantes alors que 50% font valoir leurs doutes. Par ailleurs, 69% des Allemands rejettent l’idée que la politique migratoire de la chancelière serait responsable des attaques terroristes qui se sont produites à Würzburg et à Ansbach (28% défendent cette idée).

  1. Europe

« L’Europe se trouve à la croisée des chemins » : interview de Jens Weidmann dans Die Zeit

Le président de la Bundesbank est interrogé par l’hebdomadaire Die Zeit sur le résultat des tests de résistance des banques européennes, la politique monétaire de la BCE, l’absence de sanctions financières pour l’Espagne et le Portugal et l’avenir de l’Europe après le Brexit. Réaffirmant sa conviction que « les violations des règles doivent avoir un jour ou l’autre des conséquences » pour les pays en situation de dérapage budgétaire, il estime que « la Commission et le Conseil européen n’ont pas été assez conséquents » vis-à-vis de Madrid et de Lisbonne. Il juge par ailleurs le moment venu, pour l’UE et la zone euro, de faire des choix fondamentaux sur l’union monétaire : « la première option est une intégration plus poussée, avec par exemple un budget commun et en contrepartie le transfert de davantage de souveraineté au niveau européen. Je ne vois une telle disposition ni en Allemagne ni en Italie. L’alternative est un retour au principe de la responsabilité des Etats membres et des investisseurs, mais seulement si en dernière conséquence une faillite d’un Etat est possible sans que le système financier ne s’effondre ». « Actuellement, les Etats membres ont choisi une voie intermédiaire qui fait gagner du temps, mais à plus ou moins long terme il va falloir se décider pour l’une ou l’autre option si l’on veut que l’union monétaire reste une union de stabilité », conclut le président de la Bundesbank. La France n’est pas évoquée dans cet entretien.

Forte opposition populaire au Ceta en Allemagne

Dans une brève reprise de dépêche, le quotidien alternatif tageszeitung indique que plus de 100 000 Allemands ont déjà apporté leur soutien à la campagne visant à déposer un recours collectif devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe contre l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada (Ceta). Ce soutien serait le plus fort jamais observé en Allemagne pour ce type de démarche, selon les initiateurs.

  1. International

Turquie/UE : « le Conseil de l’Europe appelle à davantage de compréhension envers la Turquie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Soulignant que la visite à Ankara du secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, est la première d’un responsable politique occidental depuis la tentative de putsch, la FAZ rapporte qu’il a déclaré que l’Europe avait jusqu’ici fait preuve de « trop peu de compréhension » pour le « défi » que signifie la tentative de putsch « pour les institutions étatiques et démocratiques turques ». « Aujourd’hui, nous nous concentrons sur les droits des accusés, actuellement détenus en prison», a fait valoir T. Jagland avant d’ajouter que la question de l’observation des procès intentés aux instigateurs du putsch « n’interviendra que plus tard ». « A Ankara, on suppose toutefois que l’un des buts poursuivis par le secrétaire général est l’obtention par le Conseil de l’Europe d’un mandat en ce sens », avance le journal.

Dans un commentaire, le journal souligne que ce scénario serait pour Ankara préférable à une observation par les ambassadeurs de l’UE, des pays comme la Russie ou l’Azerbaïdjan, qui siègent au Conseil de l’Europe, étant plus faciles à influencer dans le sens des autorités turques que l’Union européenne.

Avenir de l’accord migratoire : « le gouvernement fédéral défend l’accord » (Berliner Zeitung)

La FAZ fait état des déclarations d’une porte-parole de la commission européenne qui a indiqué hier, en réponse aux appels à un « plan B » du ministre grec en charge des migrations, que « la commission a un plan A et que celui-ci consiste à faire de l’accord migratoire un succès ».

La Berliner Zeitung et la Süddeutsche Zeitung rendent compte des critiques formulées par la déléguée du gouvernement fédéral en charge des droits de l’homme, Bärbel Kofler (SPD) à l’encontre de l’accord migratoire. Selon elle, au vu de la situation actuelle en Turquie, « l’accord doit être réexaminé ». Elle fait valoir que le traitement des demandes d’asile déposées par des ressortissants afghans, irakiens et iraniens ne respecterait pas les règles d’un Etat de droit et juge erroné de « délocaliser des décisions relevant de l’Etat de droit dans un pays où la répression de la tentative de putsch donne lieu à des arrestations et licenciements ». Ces deux journaux citent la réaction du porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères pour qui la tentative de putsch en Turquie n’a rien changé à la situation des réfugiés et selon lequel si l’accord « n’est pas parfait, il fonctionne ». La porte-parole adjointe du gouvernement fédéral a de son côté jugé que « globalement, la coopération avec la Turquie est un succès ».

Dans son éditorial, la Süddeutsche Zeitung défend l’accord migratoire qu’elle qualifie de « deal de la raison » et estime que l’UE serait « bien inspirée de s’en tenir au plan A » qui est à la fois dans l’intérêt de l’UE et dans celui de la Turquie. La Berliner Zeitung fait valoir que « l’Occident n’a pas d’alternative à un dirigeant aussi inconfortable qu’Erdogan », à moins, conclut le quotidien, de se tourner vers Vladimir Poutine.

Syrie : « Steinmeier appelle à un cessez-le-feu » (Bild)

Dans des propos repris par le tabloïd Bild, le ministre allemand des Affaires étrangères déclare qu’« il s’agit à présent d’empêcher une catastrophe encore pire pour la population civile et qu’il faut rapidement des accès contrôlés par les Nations Unies permettant d’acheminer de l’eau et de la nourriture » vers les quartiers assiégés d’Alep. « Afin que l’aide parvienne aux populations, nous appelons les parties belligérantes à un cessez-le-feu humanitaire immédiat », ajoute-t-il.

  1. France

« Une garde nationale pour des missions anti-terroristes en France » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ rapporte en première page l’annonce par le ministre de l’intérieur de la constitution d’une garde nationale en France dont l’effectif devrait atteindre 84 000 réservistes d’ici à 2019. Dans un commentaire de son chef du service étranger, le journal approuve cette décision, jugeant qu’il n’y a pas d’alternative au renforcement de la présence policière compte tenu de la recrudescence du risque terroriste et du caractère polymorphe de la menace./.