Synthèse de la presse quotidienne
8 août 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
Le rassemblement géant autour du président Erdoğan hier à Istanbul fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui en retient que « M. Erdoğan a critiqué l’Allemagne avec sévérité » pour ne pas lui avoir permis de s’exprimer par visioconférence à un rassemblement de soutien à Cologne la semaine dernière. Le Tagesspiegel cite pour sa part le président turc : « je ne suis pas un dictateur ». Die Welt relaie le jugement du commissaire européen aux affaires intérieures et écrit que « l’UE se sent armée, en cas d’échec du deal [migratoire] avec Ankara ». La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à la demande de plusieurs ministres régionaux de l’intérieur en Allemagne de voir « Facebook aider plus rapidement les enquêteurs » dans le cadre des procédures de police. Le quotidien économique Handelsblatt titre sur le recul de popularité de Mme Merkel et se demande : « déclin ou chute ?».
- Allemagne
Elections régionales en Mecklembourg-Poméranie antérieure : « presque un quart des voix pour l’AfD et le NPD » (Berliner Zeitung)
Dans son édition de samedi, la Berliner Zeitung fait état des sondages à moins d’un mois des élections régionales dans le Mecklembourg. Dans ce Land dirigé depuis 2008 par le ministre-président Erwin Sellering (SPD), où le SPD est depuis 18 ans la première force politique, les élections qui se tiennent le 4 septembre pourraient consacrer l’avènement de l’AfD actuellement crédité de 19% des intentions de vote, souligne le journal. Crédité de 22%, le SPD se classe en deuxième position, derrière la CDU (25%) et devant Die Linke (17%). Les Verts se situent à 7% et les néo-nazis du NPD, actuellement aux alentours de 4%, ont de bonnes chances d’être à nouveau représentés au parlement régional où ils siègent depuis les élections de 2006. « Un bloc à 25%, voire 30%, constitué de l’AfD et du NPD est un scénario plus que probable, étant donné que le NPD économise ses forces durant la campagne en renonçant à des candidats directs, ce qui équivaut à un soutien de l’AfD », indique la Berliner Zeitung qui fait état du manque de réponses de la part des partis établis (SPD, CDU, Die Linke) aux provocations et questions posées par l’extrême droite.
- Europe
Accord migratoire UE-Turquie : « l’UE se sent armée, en cas d’échec du deal [migratoire] avec Ankara » (Die Welt)
Sous ce titre, Die Welt fait état de déclarations du commissaire européen en charge des affaires intérieures. Selon Dimitris Avramopoulos, la Turquie est certes un élément important du travail dans la maîtrise de la crise migratoire, mais pas le seul élément. Nous ne misons pas tout sur une seule carte », a-t-il indiqué avant d’ajouter que l’UE s’en tient au plan A. Dans un entretien au Tagesspiegel, le président de la commission européenne défend l’accord migratoire avec la Turquie et réaffirme que la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs ne saurait entrer en vigueur avant que la Turquie ne remplisse les 72 critères fixés. Concernant les quotas de répartition au sein de l’UE, il déclare attendre des pays qui accueillent peu de réfugiés un effort accru en matière de protection des frontières extérieures de l’UE et d’accueil des réfugiés syriens actuellement en Turquie.
Les journaux font également état des propos du ministre autrichien des affaires étrangères qui s’est déclaré opposé à l’ouverture de nouveaux chapitres dans les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Invité hier sur ARD, le vice-chancelier et chef du SPD, Sigmar Gabriel, a réaffirmé la volonté de continuer à négocier avec la Turquie. « Vouloir actuellement s’engager dans un débat sur la rupture des négociations alors que les négociations sont au point mort, ce n’est pas raisonnable », a-t-il fait valoir.
- International
Turquie : « Erdogan critique l’Allemagne avec sévérité » (FAZ)
Les médias rendent compte du rassemblement géant autour du président Erdogan hier à Istanbul. La Süddeutsche Zeitung se désole, dans un commentaire, de la non-invitation du parti pro-kurde HDP par le pouvoir turc, regrettant la confirmation de tendances autocratiques et une occasion manquée de rassembler le pays. Outre la suggestion de rétablir la peine de mort, la presse retient de l’allocution de R.T. Erdogan les critiques virulentes contre les Occidentaux et notamment contre l’Allemagne. La Frankfurter Allgmeine Zeitung relève en Une que le président turc s’en est pris directement à une démocratie allemande qui ne l’avait pas autorisé à s’exprimer par vidéo devant ses partisans à Cologne il y a une semaine, alors que les « extrémistes kurdes » pourraient le faire. Die Welt relève en outre que le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a accusé les médias allemands de « ne pas être libres » et de créer une atmosphère négative contre la Turquie et son président. Dans un éditorial, le Tagesspiegel regrette que les partisans d’une prise de distance avec l’Occident et l’Europe aient le vent en poupe. En rencontrant son homologue russe à Saint-Pétersbourg demain, « M. Erdogan envoie le signal que la Turquie cherche des partenaires au-delà de l’UE et de l’OTAN », mouvement que le journal de Berlin minimise toutefois par le fait que la « la méfiance commune » d’Ankara et de Moscou à l’égard de l’Europe et des Etats-Unis « ne constitue pas une base pour une forte alliance » et que les deux pays cherchent avant tout « un nouveau départ » dans leurs relations bilatérales.
- France
Victimes allemandes de l’attaque terroriste de Nice : « les proches se sentent abandonnés » (Bild am Sonntag)
Sous ce titre, l’hebdomadaire Bild am Sonntag fait état de la colère des proches de la lycéenne berlinoise Silan, décédée lors de l’attaque terroriste de Nice, la famille reprochant aux autorités allemandes et françaises de l’avoir laissée quatre jours dans l’incertitude sur le sort de la jeune fille. Le journal indique que le frère de la victime a envisagé de porter plainte contre le gouvernement français, mais que les chances de voir une quelconque procédure aboutir sont quasi nulles. La famille de l’enseignante du lycée berlinois, également décédée lors de l’attaque, a de son côté pris un avocat et se plaint d’avoir reçu des autorités françaises des documents qui n’ont pas été traduits en allemand./.