Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

10 août 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La rencontre entre les présidents russe et turc hier à Saint-Pétersbourg fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« un ‘axe de l’amitié’ entre Moscou et Ankara ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Erdogan et Poutine se réconcilient »). Die Welt décrit un retournement des « milieux économiques allemands [qui] redoutent une nouvelle vague de réfugiés », alors que les leaders économiques font traditionnellement partie des soutiens à l’immigration en Allemagne. Der Tagesspiegel indique pour sa part que la justice de Berlin a partiellement invalidé l’interdiction faite aux propriétaires berlinois de réaliser des locations touristiques (« la location touristique des résidences secondaires est possible »). Le quotidien économique Handelsblatt révèle qu’une note interne du ministère allemand de l’économie juge irréaliste l’aboutissement rapide des négociations sur le TTIP souhaité par la chancelière (« choc de réalité pour Mme Merkel »).
  2. Allemagne

« Les milieux économiques redoutent une nouvelle vague de réfugiés » (Die Welt)

Le quotidien fait part en Une des résultats d’une enquête menée par le cabinet de conseil Roland Berger. Dans l’hypothèse où l’accord migratoire avec la Turquie ne tiendrait pas, les décideurs économiques craignent qu’un nouvel afflux massif de réfugiés en Allemagne ne provoque avant tout des difficultés en termes d’emploi, la majorité des demandeurs d’asile récemment arrivés sur le territoire étant trop peu qualifiés pour pouvoir s’insérer rapidement sur le marché du travail. A ceci s’ajoute le fait que les décideurs expriment la crainte de fortes tensions sociales qui auraient des répercussions pour l’économie réelle. Die Welt souligne qu’au début de la crise des réfugiés, c’était précisément les décideurs économiques qui se montraient les plus optimistes en misant sur les réfugiés pour résoudre la pénurie de main d’œuvre qualifiée et combler le déficit démographique.

« Les ministres de l’intérieur CDU/CSU exigent une interdiction de la burqa et l’expulsion des ‘prédicateurs de la haine’ » (Focus)

Alors que les médias rendent compte de l’arrestation hier en Rhénanie-Palatinat d’un demandeur d’asile en contact avec Daech et soupçonné de planifier un attentat, le tabloïd Bild annonce que le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière envisage un nouveau paquet « sécurité » qui renforcerait les possibilités de reconduite à la frontière, la conservation des données personnelles et proposerait une réforme législative permettant la levée du secret médical pour permettre aux médecins de signaler d’éventuels projets criminels de leurs patients.

Dans son édition en ligne, l’hebdomadaire Focus reprend des informations du groupe RedaktionsNetzwerk Deutschland (RND) selon lequel les ministres de l’intérieur conservateurs des Länder appellent de leurs vœux un durcissement de la législation en matière de sécurité et envisagent pour ce faire l’abandon de la double nationalité, ainsi que des procédures d’expulsion simplifiées et une interdiction du port de la burqa. Ces propositions seraient contenues dans une « déclaration de Berlin » que les ministres, qui rencontrent le 18 août leur homologue fédéral Thomas de Maizière (CDU), s’apprêteraient à signer. Considérant la double nationalité comme un « obstacle majeur à l’intégration », les ministres de l’intérieur réclament par ailleurs l’interdiction du financement des mosquées par des organisations extrémistes et l’expulsion rapide de prédicateurs étrangers appelant à la haine. En réponse aux attaques terroristes de Würzburg et d’Ansbach, les ministres insistent par ailleurs sur la nécessité de renforcer les effectifs de police et la présence policière dans les lieux publics et moyens de transport et d’équiper les policiers de caméras corporelles.

  1. Europe

Visite à Berlin de Nicola Sturgeon

Les médias audiovisuels évoquaient hier en fin de soirée la visite à Berlin de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, reçue par le ministre déléguée aux affaires européennes, Michael Roth (SPD). Dans une interview au journal télévisé Tagesthemen hier soir sur ARD, Mme Sturgeon a rappelé qu’une majorité d’Ecossais se sont prononcés en faveur du maintien dans l’UE et a fait état de sa volonté d’être associée aux négociations de mise en œuvre du Brexit, indiquant que la possibilité d’un référendum sur l’indépendance demeurait une option parmi d’autres pour assurer le maintien de l’Ecosse dans l’UE.

Négociations sur le TTIP : « choc de réalité pour Merkel » (Handelsblatt)

Le quotidien économique consacre aujourd’hui ses gros titres et un dossier à un rapport interne du ministère allemand de l’économie concluant à l’impossibilité de mener à bien d’ici à la fin de l’année les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique. Le journal cite une source proche du dossier selon laquelle « il est impossible de réussir en trois mois ce qui n’a pu être fait en trois ans ». Cette source ajoute : « le calendrier de Mme Merkel ne repose sur aucune base. Ce que la chancelière présente à l’opinion publique témoigne d’une grande méconnaissance ». Dans ce rapport de 25 pages sous forme de bilan d’étape, les fonctionnaires du ministère de l’économie indiquent qu’au terme de 14 rounds de négociations, on ne peut conclure à aucun accord sur les 27 à 30 chapitres que compte le traité, aucun rapprochement n’étant en vue sur le chapitre relatif à la protection des investissements, l’accès aux marchés publics américains, la protection des indications d’origine ou encore la suppression des barrières douanières pour les produits agricoles.

Pour le Handelsblatt, ce bilan critique dressé par ses experts intervient à point nommé pour le ministre Sigmar Gabriel (SPD) à qui sa position pro-TTIP a valu de fortes critiques au sein du SPD. Pour le cas où les négociations ne permettraient pas d’avancée réelle, le ministre et vice-chancelier pourrait « en toute bonne conscience se muer de défenseur en pourfendeur du traité », fait valoir le quotidien.

  1. International

Erdogan souhaite « l’axe de l’amitié » entre Moscou et Ankara (FAZ)

La presse rend compte de la rencontre hier entre les présidents russe et turc à Saint-Pétersbourg. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève la volonté des deux chefs d’Etat de retrouver une relation « au niveau d’avant la crise » de l’avion russe abattu par la Turquie en novembre 2015. La plupart des journaux décrivent les intérêts en jeu : la reprise des exportations vers la Russie, le retour des touristes russes et l’approvisionnement en gaz pour R.T. Erdogan ; le « besoin urgent de nouveaux amis » pour V. Poutine qui « n’en a plus guère en Occident depuis l’annexion de la Crimée ».

Les commentateurs se montrent rassurés, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, par une rencontre n’ayant abouti qu’à une « alliance intéressée » et non à « une alliance anti-occidentale d’une réelle profondeur stratégique ». La Syrie reste une pomme de discorde qui limite la portée de ce rapprochement, souligne le journal de Francfort, qui juge en outre que la fin de l’escalade entre les deux pays est dans l’intérêt de l’OTAN et de l’UE. Le tabloïd Bild, qui ne voit pas non plus dans la rencontre d’hier la fondation d’une « alliance durable et stable », estime que l’alliance intéressée des deux pays est avant tout le résultat de leur position de faiblesse, car ils sont isolés diplomatiquement, avec des économies affaiblies et des sociétés divisées. Der Tagesspiegel partage cet avis et décrit une « pseudo-alliance » qui « ne doit pas nous inquiéter ». La Süddeutsche Zeitung met aussi en avant les limites du rapprochement entre « deux astres » qui « appartiennent à des systèmes solaires différents ». La Berliner Zeitung se démarque toutefois des autres titres ce matin en continuant de s’inquiéter de la distance prise par Ankara à l’égard de l’UE, alors que cette dernière « a besoin de la Turquie, non seulement comme poste de garde du flux migratoire, mais aussi comme pôle de stabilité dans le chaos du Moyen-Orient »./.