Une expérience grandeur nature associe le constructeur Navya et Keolis, qui exploite le réseau lyonnais de transport public. Cette vitrine pourrait séduire d’autres grandes villes.
Dès ce vendredi, deux petits véhicules sans conducteur circuleront tous les jours dans le nouveau quartier de la Confluence au bord de la Saône. Les portes de ces navettes autonomes portent le sigle Navly, contraction du nom de Navya, le constructeur de ces navettes, et de Lyon. De 7h30 à 19 heures, les voyageurs pourront effectuer gratuitement le «dernier kilomètre» entre la ligne de tramway et ce quartier où les sièges d’entreprises (GL Events, Euronews…) se sont multipliés.
Lyon est la première ville française à exploiter des navettes sans conducteur. On est encore loin d’un déploiement dans le flux de la circulation dense d’un centre- ville. En effet, Navly évolue à 20 km/h maximum sur un parcours de 1,3 kilomètre dans un espace fermé à la circulation automobile.
Pionniers français
«Cette expérimentation va durer plus d’un an, explique Jean-Pierre Farandou, PDG de Keolis, l’opérateur de transport qui a créé avec Navya la filiale Navly pour mener l’expérience lyonnaise. Nous allons tester la réaction du grand public et valider la pertinence commerciale de ce mode de transport complémentaire au tramway qui ne dessert pas ce quartier.» Keolis exploite le réseau de transports publics à Lyon, le deuxième en France après Paris. Navly pourrait transporter quotidiennement 500 à 1000 personnes.
Grâce à ses radars, la navette électrique est capable de détecter un obstacle, un piéton, un véhicule stationné… Mais la législation actuelle exige la présence d’un «agent d’accueil» à bord. C’est un handicap majeur pour ce système de transport dont l’équilibre économique ne peut être atteint qu’à condition de supprimer le coût salarial d’un conducteur. «60 % des coûts d’une ligne de bus sont des coûts salariaux, indique Christophe Sapet, le PDG de Navya, installée à Villeurbanne. Notre navette de 15 places coûte environ 200.000 euros, alors qu’un bus thermique de 40 places en coûte 250.000.» En mars, Navya a déployé une flotte de six navettes sur le site d’EDF à Civaux en collaboration avec Transdev. Elle a aussi mis en service deux véhicules à Perth, en Australie…
Le fabricant français a conclu avec Keolis un partenariat commercial pour proposer ce nouveau mode de transport aux collectivités auxquelles l’opérateur s’adresse en France et à l’étranger. Paris pourrait rapidement emboîter le pas à Lyon: «Nous devrions lancer très prochainement une expérimentation avec des véhicules à la demande sur des navettes autonomes», a indiqué Élisabeth Borne, PDG de la RATP jeudi. Elle pourrait exploiter les véhicules d’un autre constructeur français, EasyMile, basé à Toulouse, ou bien ceux de Navya. Le trajet entre la gare de Lyon et la gare d’Austerlitz pourrait être envisagé.
Le Figaro 02/09/2016