Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

9 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin : la Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « le SPD et la CSU prennent leur distance avec la politique des réfugiés de Mme Merkel ». La Süddeutsche Zeitung revient sur la « légère baisse des impôts l’an prochain ». Die Welt commente des études montrant que « les Allemands sont des gagnants dans la mondialisation ». Der Tagesspiegel publie un sondage sur les prochaines élections dans la ville-Etat de Berlin montrant que « le SPD berlinois plafonne à 21% », l’AfD étant créditée d’un score de 15% derrière la CDU à 19% et les Verts à 16%. Le Handelsblatt titre sur « le premier coup de M. Zielke », le nouveau patron de la Commerzbank qui envisage d’abandonner les activités du groupe bancaire auprès des PME. Le quotidien économique consacre par ailleurs son dossier du week-end à Angela Merkel, « la chancelière de la solitude ».
  2. Allemagne

« La CSU contre les réfugiés et le gouvernement fédéral » (Tagesspiegel)

Toute la presse se fait l’écho du durcissement des positions des conservateurs bavarois sur la politique migratoire dans une motion préparée en vue d’une réunion de ses instances dirigeantes ce week-end et en détaille les principales exigences (plafond d’accueil de 200 000 réfugiés, la mise en place de zones de transit, intensification des reconduites à la frontière, la suppression de la double nationalité, interdiction de la burqa, loi de limitation de l’immigration avec une priorité donnée aux immigrants issus du monde christiano-occidental, cf. synthèse du 8/9). « Le ministre bavarois de l’Intérieur veut expulser les réfugiés vers les foyers de crise et fait pression sur le gouvernement fédéral en exigeant dans son propre concept de sécurité des mesures drastiques », écrit le tabloïd Bild. Les mesures préconisées par la CSU soulèvent l’indignation du SPD, des Verts et de Die Linke, pour qui « la CSU n’est qu’une copie de l’AfD siégeant au gouvernement », rapporte la Süddeutsche Zeitung.

Dans un entretien accordé au groupe de presse régionale Funke Medien, la chancelière fédérale reste étonnament en retrait de son discours offensif de mercredi devant le Bundestag, se contentant de rappeler de manière laconique que sur la question d’une limitation formelle de l’accueil des réfugiés, « ma position là-dessus [ndr : refus de tout plafonnement] est parfaitement connue ». Elle rappelle que la CDU et la CSU ont élaboré ensemble toute la législation de ce mandat et que ce sont les conservateurs qui ont réussi à imposer au partenaire de coalition SPD une disposition législative déclarant les pays des Balkans comme pays tiers d’origine sûre. Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung juge absurde le débat actuel attisé par la CSU sur un « changement de cap » de la politique gouvernementale : « alors que cette expression est taboue pour la chancelière, et que la CSU le réclame à grand cri, il y a bien longtemps que dans les faits, la politique migratoire a été infléchie : le droit d’asile a été durci comme jamais, la législation pénale pour les demandeurs d’asile aussi, l’office fédéral des migrations doté de nouveaux objectifs. Cette querelle n’est donc qu’un conflit irresponsable sur la question de savoir qui avait raison ». Pour la Süddeutsche Zeitung, il est inutile de cristalliser le débat sur la politique migratoire « alors que l’AfD mène un combat général contre tout ce qui ressemble à de la modernité, de la libéralité, de l’ouverture au monde ».

Protection de l’environnement : présentation par Barbara Hendricks d’un programme d’action jusqu’à 2030

De l’avis des quotidiens, la ministre de l’environnement Barbara Hendricks (SPD) – dont l’ambitieux plan de protection climatique a été en partie détricoté au fil des consultations interministérielles, notamment avec le ministère de l’économie et de l’énergie dirigé par le président du SPD Sigmar Gabriel – « ne se laisse pas démotiver » (FAZ) et revient à l’assaut avec un programme d’action pour la protection de l’environnement empiétant sans vergogne sur les compétences d’autres ministères plus influents, notamment le ministère de l’agriculture. A cette occasion, B. Hendricks publie dans le Handelsblatt une tribune générale appelant l’Allemagne à affronter les défis du changement climatique. La Berliner Zeitung et la taz (tageszeitung) se félicitent de l’obstination de la ministre à vouloir donner davantage de poids au ministère de l’environnement : « la politique de l’environnement est une question de pouvoir », rappelle la taz en déplorant que les contraintes d’un gouvernement de coalition ne lui aient laissé que des miettes d’influence tandis que le SPD et la CSU, aux portefeuilles de l’énergie, des transports et de l’agriculture, « œuvrent au réchauffement climatique ».

  1. Europe

« Draghi reste fidèle à lui-même » (Handelsblatt)

Sans surprise, la presse allemande réserve un accueil froid à la « non-décision » du président de la BCE qui a « fait une pause » (Süddeutsche Zeitung) en ne prenant aucune nouvelle mesure monétaire, tout en en défendant une nouvelle fois le bien-fondé de sa politique expansive, « bien que les effets s’en fassent attendre et que les critiques se multiplient » (Handelsblatt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que Mario Draghi, interrogé lors de sa conférence de presse sur les déséquilibres macro-économiques au sein de la zone euro et notamment l’important excédent commercial de l’Allemagne, a préconisé dans ce contexte d’utiliser les marges budgétaires et économiques pour augmenter les salaires, mais cet aspect n’est pas commenté. Les éditorialistes s’agacent une fois de plus d’une politique des taux d’intérêts bas, « qui n’a pas eu l’effet escompté dans l’économie réelle », déplore la FAZ, « notamment parce que les gouvernements remettent à plus tard les réformes aussi longtemps qu’ils profitent de l’argent facile de Draghi », une analyse faite dans des termes analogues par le Handelsblatt. La Süddeutsche Zeitung estime qu’il est de « la responsabilité de Draghi » d’infléchir sa politique monétaire avant les législatives allemandes de 2017 : « la BCE doit d’urgence faire demi-tour, réduire les achats de dette, redonner une valeur aux intérêts », faute de quoi la BCE « pourrait être prise à parti directement dans la campagne électorale » allemande si elle ne redonne pas confiance aux épargnants.

Sommet des pays méditerranéens de l’Union européenne / préparation du Conseil européen

Quelques avant-papiers à la tonalité circonspecte sont consacrés à la réunion aujourd’hui à Athènes des chefs d’Etat et de gouvernement des pays riverains de la Méditerranée à l’invitation d’Alexis Tsipras. « Ce mini-sommet n’est pas un aimable club de discussion mais une rencontre qui doit faire trembler Merkel. Après le Brexit, le ‘Club Med’ sent le vent tourner en sa faveur », écrit Die Welt en expliquant que « les pays du Sud veulent moins d’austérité, plus de solidarité et de mutualisation des dettes ». « C’est essentiellement un sommet de dirigeants de gauche », remarque le Tagesspiegel pour qui « Berlin va tout particulièrement observer la position que prendra Hollande et notamment s’il se rallie à l’exigence de Tsipras d’infléchir la politique d’austérité ».

Les journaux rappellent que ce sommet n’est que l’une des nombreuses rencontres de concertation entre Etats membres de l’UE destinées à préparer le Conseil européen à Bratislava le 16 septembre prochain. « Lors de leur rencontre à Evian, c’est sur l’avancée de la coopération européenne en matière de sécurité que le président français et la chancelière allemande ont mis l’accent », rappelle le Tagesspiegel. Die Welt note aussi que le renforcement de la politique de sécurité et de défense commune « compte parmi les points de convergence » avec Paris et Rome et que ce sujet « pourrait faire consensus même s’il risque d’achopper sur l’habituelle questions du manque de moyens ». Le Handelsblatt met en exergue les déclarations de Donald Tusk estimant que « le message de Bratislava doit être clairement de donner un sentiment de sécurité et d’ordre » aux citoyens européens. Cet effort de consensus n’est toutefois pas partagé par les pays du groupe de Visegrad, au nom desquels la Première ministre polonaise a exigé qu’une réforme des traités européens soit à l’ordre du jour à Brastislava, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Merkel perd en influence sur la scène européenne, ce n’est plus elle qui donne le la comme les années précédentes », constate le Handelsblatt. Dans un discours prononcé hier à Berlin lors d’un congrès des collectivités locales et régionales allemandes, Angela Merkel s’est prononcé pour davantage de subsidiarité et moins de centralisation au niveau européen, rapporte encore la FAZ : « l’Europe doit devenir meilleure, plus rapide et efficace, mais la centralisation n’est certainement la réponse », a-t-elle ainsi déclaré.

  1. International

« La Turquie autorise la visite des députés allemands à Incirlik » (FAZ)

Les médias allemands relèvent que le ministre des Affaires étrangères F.-W. Steinmeier (SPD) et la ministre de la défense U. von der Leyen (CDU) ont exprimé leur satisfaction après l’accord de principe donné par Ankara à une visite de députés du Bundestag au déploiement allemand sur la base d’Incirlik début octobre. Tout en se montrant soulagée de la fin du bras de fer bilatéral sur la question de la reconnaissance du génocide arménien, la presse regrette les atermoiements de l’allié turc, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui se montre préoccupée par le fait que la Turquie d’Erdogan ait été jusqu’à « menacer la coopération militaire », trahissant au passage que « la Turquie se considère liée au camp occidental par une alliance intéressée, et non par l’appartenance à une communauté de valeurs ». Satisfaite que « la diplomatie triomphe de la rébellion », la Süddeutsche Zeitung avertit cependant que « lorsqu’il s’agit de l’Etat de droit et de démocratie dans la Turquie candidate à l’adhésion à l’UE, Berlin n’a pas le droit de faire de cadeau ». La Berliner Zeitung abonde : « il est temps » pour les deux pays de « se consacrer aux choses vraiment importantes comme les négociations autour de la libéralisation des visas, la lutte contre le terrorisme et la situation des droits de l’Homme en Turquie ». Pour Die Welt, « Erdogan a donné une claque à Berlin en apparaissant à Incirlik comme étant aux commandes ». « Même si ce n’était que symbolique », le quotidien estime que cela a nui à Berlin et à sa « crédibilité », jugée « aujourd’hui aussi importante que les armes » en matière de politique de sécurité.

« Des pilotes allemands interceptent un avion militaire russe dans l’espace aérien de l’OTAN » (Bild)

Bild fait grand cas de l’interception par la chasse allemande, dans le cadre de ses missions de police du ciel des Etats baltes, d’un avion de transport et de deux chasseurs russes au large de l’Estonie – « dans l’espace aérien de l’OTAN » écrit le tabloïd. Ces avions n’auraient pas activé leur transpondeur. Le journal s’inquiète de voir ces incidents se multiplier depuis le début de l’année, une situation dont le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag Norbert Röttgen (CDU) juge qu’elle « force l’OTAN à pérenniser ses opérations et crée un stress durable inutile », rapporte le journal.

  1. Karzaï : « Je conseille à tous les Afghans : restez chez nous ! » (Bild)

Dans un entretien avec le tabloïd Bild, l’ancien président afghan H. Karzaï salue l’Allemagne pour son « bon travail » dans la gestion de la crise migratoire. Il appelle toutefois les Afghans à « rester chez eux » et souhaitent que ceux qui sont partis reviennent pour « reconstruire leur pays ».

  1. France

Discours du président de la République sur le terrorisme

Les correspondants de la presse allemande estiment que l’allocution prononcée hier par le président de la République constituait « une candidature à pas feutrés » (Die Welt), accueillie diversement par les journaux selon leur sensibilité. Le conservateur Die Welt se montre plus convaincu que de coutume, rappelant, « dans un souci d’équité, qu’à son arrivée au pouvoir, l’endettement de la France était énorme, les lacunes budgétaires plus importantes que ce que l’on craignait et les effets de la crise financière mondiale plus durables que prévu. A quoi s’ajoute le fait que pendant la période pendant laquelle toute l’énergie politique aurait dû être consacrée aux réformes sociales et économiques, la France a été prise en étau par le terrorisme »./.