Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

14 septembre 2016

 

  1. L’arrestation hier dans le Schleswig-Holstein de trois réfugiés syriens susceptibles de constituer une cellule dormante de Daech font les gros titres de la presse allemande ce matin : « des terroristes présumés de l’EI avaient un lien avec les auteurs des attentats de Paris » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « le GSG9 arrête des terroristes présumés de l’EI » (Der Tagesspiegel) ; « sous les ordres de l’EI, dans les provinces d’Allemagne du Nord » (Die Welt). La Süddeutsche Zeitung titre pour sa part sur des données du ministère fédéral des Finances qui montrent que « l’Allemagne attire les investisseurs », davantage que tout autre pays industrialisé, ce qui, selon le journal compense la faiblesse de l’investissement public périodiquement reproché au gouvernement allemand. Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre à nouveau sa Une à l’échec du projet de fusion entre Linde et Praxair, notant que le président du conseil de surveillance « Reitzle fait le ménage » au sein du groupe allemand.
  2. Allemagne

Arrestation de terroristes présumés de Daech

L’arrestation près de Hambourg de trois Syriens, arrivés par la « route des Balkans » en novembre dernier en Allemagne et, selon le ministre allemand de l’intérieur Thomas de Maizière, soupçonnés d’être en lien avec certains auteurs des attaques du 13 novembre et de constituer une cellule dormante, suscite de nombreuses réactions. Dans la presse régionale du groupe Funke Medien, le ministre bavarois de l’intérieur Joachim Hermann (CSU) se saisit de l’occasion pour fustiger à nouveau la politique des réfugiés de la chancelière fédérale : « c’est la facture du manque de contrôle de l’immense vague de réfugiés de l’automne dernier ; nous savons désormais que l’EI a sciemment utilisé ces lacunes de sécurité pour infiltrer des terroristes en Europe ». Le porte-parole des députés conservateurs pour les questions de politique intérieure Stephan Mayer, également CSU, réagit dans le Tagesspiegel en appelant à redoubler d’efforts pour enregistrer et contrôler l’ensemble des réfugiés arrivés en Allemagne, suggérant de passer au crible les données cellulaires des demandeurs d’asile.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Thomas de Maizière a eu raison – et était dans son rôle de ministre chargé de l’intégration – de souligner que ces arrestations ne devaient pas jeter une suspicion générale sur les réfugiés, mais il n’en reste pas moins que « l’ouverture des frontières reste une vaste expérimentation à beaucoup d’inconnues ». La Berliner Zeitung et le Tagesspiegel mettent en garde contre toute tentation d’amalgame : « le terrorisme a commencé bien avant l’afflux des réfugiés, et certains des terroristes sont nés et ont grandi en Europe. Il est de l’intérêt des milices terroristes de diviser l’Occident et de jeter l’opprobre sur les réfugiés pour susciter le rejet populaire et faire de l’Occident l’ennemi naturel de tous les musulmans », analyse la Berliner Zeitung. « Il serait naïf de croire que sans le droit d’asile, il n’y aurait pas de terroristes, alors qu’il y a une longue liste de menaces et d’attentats déjoués en Allemagne bien avant la crise migratoire actuelle », renchérit le Tagesspiegel, pour qui faire l’amalgame entre les demandeurs d’asile légitimes et des criminels, « c’est tomber dans le piège tendu par les terroristes ». La Süddeutsche Zeitung pour sa part considère que cette arrestation tombe à point nommé : « c’est peut-être un hasard que cette action intervienne quelque jours avant les élections régionales à Berlin, mais il n’est pas interdit de penser que le gouvernement et le procureur général aient voulu faire, précisément maintenant, démonstration de fermeté et de détermination à agir. Car l’avenir politique d’Angela Merkel n’a jamais autant dépendu de la capacité des forces de sécurité à avoir des succès comme cette fois-ci ».

  1. Europe

Sommet de Bratislava / débat sur les propos de Jean Asselborn

Le ministre luxembourgeois, en invectivant la Hongrie dans une interview hier à Die Welt, s’est-il montré « arrogant ou courageux ? », s’interroge le Tagesspiegel qui, comme ses confrères, note que les propos virulents de Jean Asselborn ont été rejetés par nombre de ses homologues, notamment d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que par le chef de la diplomatie allemande, qui a déclaré à Riga que « ce n’est pas ma position personnelle de montrer la porte à un Etat membre ». Pour autant, poursuit le Tagesspiegel, nombreux sont ceux qui partagent en coulisse les critiques de J. Asselborn sur la politique hongroise en matière de réfugiés ou sur les violations de l’Etat de droit.

Les éditorialistes de la presse conservatrice condamnent néanmoins la charge violente du ministre luxembourgeois, estimant que de tels propos ne peuvent conduire qu’à aggraver les dissensions au sein de l’UE et « creuser le fossé » (Bild) alors que les efforts de dialogue sont plus que jamais nécessaires pour contrer les « forces centrifuges » (FAZ) en Europe. La Berliner Zeitung, au contraire, estime que Jean Asselborn « a bien fait de rappeler avant Bratislava que l’UE est davantage qu’un marché intérieur et des subventions », à un moment où l’EU « est dans une phase décisive, profondément divisée, avec certains membres comme la Pologne et la Hongrie qui s’éloignent en toute indifférence des valeurs européennes ». Le quotidien alternatif tageszeitung (taz), craint que l’avertissement luxembourgeois ne soit pas suffisant, notamment parce que le rejet des migrants d’origine musulmane n’est pas l’apanage de la Hongrie : « Orban, c’est presque le mainstream », constate le journal en rappelant que le groupe de Visegrad, mais aussi la CSU, sans compter le FN en France, l’AfD en Allemagne ou le FPÖ en Autriche, sont opposés à l’immigration d’origine musulmane. Pour Die Welt, les débats avant le sommet de Bratislava montrent qu’il faut surtout utiliser le Brexit pour refonder l’UE « qui n’est ni sacro-sainte ni statique et surtout pas sans alternative ».

  1. International

Contrôle des armements conventionnels en Europe

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que l’initiative du ministre des Affaires étrangères F.-W. Steinmeier (SPD) pour le contrôle des armements conventionnels en Europe a été fraîchement reçue par ses homologues baltes lors de leur réunion hier à Riga. Dans un commentaire, le journal de Francfort critique une initiative qui était conçue pour créer de la confiance mais qui divise l’OTAN et peut susciter de la méfiance vis-à-vis de l’Allemagne. La nouvelle Ostpolitik du ministre allemand est condamnée à échouer en l’absence d’intérêt de Moscou. Ceci la distingue de l’Ostpolitik des années 1970 qui avait pu fonctionner à une époque où l’URSS cherchait à préserver le statu quo ; aujourd’hui, insiste le journal, le Kremlin est une « puissance revancharde qui cherche à déplacer les équilibres et les frontières ».

  1. France

« La longue vie du déficit public français » (FAZ)

Le correspondant économique de la Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un article aux finances publiques françaises et aux promesses de baisses d’impôt des candidats à la présidentielles, estimant que quel que soit le camp politique des prétendants, le respect des critères de Maastricht en matière de déficit public ne semble pas être la priorité : « après les élections de 2017, le déficit excessif devrait rester de mise, car même l’opposition n’envisage pas de baisse immédiate »./.