Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’autocritique inattendue d’Angela Merkel sur sa politique migratoire lors de sa conférence de presse consécutive au revers électoral de son parti aux élections dans la ville-Etat de Berlin fait les gros titres de tous les médias allemands ce matin : « Merkel admet des erreurs » (Handelsblatt) ; « Merkel veut mieux communiquer sur sa politique » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « Merkel aimerait bien rembobiner le fil du temps » (Süddeutsche Zeitung) ; « si je le pouvais, je rembobinerais le fil du temps  » (Die Welt) ; « Merkel : maintenant, nous devons nous surpasser » (Der Tagesspiegel).
  2. Allemagne

Politique migratoire : « Merkel admet des erreurs » (Handelsblatt)

Toute la presse reprend de larges extraits des déclarations faites hier par Angela Merkel lors d’une conférence de presse consécutive aux élections régionales de Berlin où la CDU a chuté à un seuil historique de 17,6% et où l’AfD a obtenu 14,2% des voix. « La chancelière a envoyé aux électeurs conservateurs le message : ‘je vous ai compris’ », résume le tabloïd Bild. Elle a ainsi concédé que « l’Allemagne n’est pas vraiment le champion du monde de l’intégration » et que « personne, y compris moi, ne souhaite que la situation [de l’afflux des réfugiés à l’automne 2015] ne se reproduise ». Deux phrases sont systématiquement reprises par les médias : « Dieu sait que ces dernières années, nous n’avons pas tout réussi » et « si je pouvais, je rembobinerais le fil du temps des années en arrière », une remarque qui vise non pas l’accueil des réfugiés mais, précise-t-elle, le fait que l’Allemagne s’est trop longtemps reposée sur le règlement de Dublin et ne s’est pas préparée à l’afflux migratoire de l’année dernière. Tout en défendant à nouveau le bien-fondé de sa décision d’accueil des réfugiés, la chancelière a reconnu le fait que l’Etat avait « momentanément eu un contrôle insuffisant » de la situation, répétant par ailleurs mot pour mot la déclaration faite à la Wirtschaftswoche selon laquelle la phrase « nous allons y arriver » était devenue une formule vide de sens qui avait pu être ressentie comme une provocation et qu’elle ne répéterait plus. Angela Merkel a enfin assuré vouloir s’efforcer de mieux expliquer sa politique migratoire aux électeurs.

Ce discours à la fois humble sur la forme (« pour un dirigeant politique au pouvoir, renoncer à sa phrase fétiche est un grand pas ») mais offensif sur le fond donne à penser au tabloïd Bild que « le doute n’est plus permis sur le fait qu’elle sera candidate » aux prochaines législatives. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung comme pour le Handelsblatt, il ne suffit pas qu’Angela Merkel reconnaisse des erreurs de communication tout en persistant dans la conviction d’avoir pris les bonnes décisions à l’automne dernier : « elle ne semble toujours pas avoir vraiment compris la peur de la population d’une perte d’identité suite à l’afflux migratoire », tance la FAZ. « Elle n’a pas encore compris à quel point la situation est grave », notamment le sentiment d’insécurité de la population, renchérit le Handelsblatt. La Süddeutsche Zeitung au contraire estime que la chancelière fédérale a fait d’importantes concessions, notamment vis-à-vis de la CSU, propres à ramener la paix dans le camp conservateur.

Elections berlinoises : « Berlin, ville divisée » (Süddeutsche Zeitung)

Tous les journaux se penchent sur les résultats détaillés du scrutin de la ville-Etat de Berlin pour constater à l’unisson, sans pour autant s’en étonner, que 27 ans après la chute du Mur, le parti néo-communiste Die Linke conserve ses bastions électoraux dans les arrondissements de l’Est tandis que la CDU défend son ancrage dans l’ancien Berlin-Ouest. « Les arrondissements de la périphérie ont aussi voté différemment que ceux du centre-ville selon des critères sociaux », complète le Tagesspiegel en soulignant qu’au final, c’est le SPD qui a obtenu des scores relativement comparables dans l’ensemble de la ville. La presse locale note que le sénateur à l’intérieur et candidat tête de liste de la CDU, Frank Henkel, a déclaré vouloir céder la présidence de la CDU berlinoise lors du prochain congrès de la fédération régionale. La Süddeutsche Zeitung note par ailleurs que l’AfD « va pour la première fois en Allemagne avoir des responsabilités exécutives », ayant obtenu cinq mandats directs (tous dans des arrondissements de l’Est de Berlin) lors du renouvellement des assemblées d’arrondissement. « L’AfD va devoir enfin montrer de quoi elle est vraiment capable, rien n’est plus dur que d’assumer des responsabilités », commente le Tagesspiegel.

« Succès pour Gabriel – le SPD donne son feu vert au Ceta » (Süddeutsche Zeitung)

Malgré les résistances de l’aile gauche du SPD, une majorité de délégués réunis hier en convention a donné son feu vert au soutien par l’Allemagne de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (Ceta), rapporte la presse. En arrachant leur soutien aux sociaux-démocrates, le ministre de l’Economie et chef du SPD Sigmar Gabriel préserve ses chances d’être candidat tête de liste de son parti aux législatives de 2017, soulignent les quotidiens. Plusieurs responsables du parti avaient insisté auprès des délégués sur le fait qu’il ne s’agissait pas de désigner le futur candidat à la chancellerie du parti mais uniquement d’entériner ou non le soutien du SPD à l’accord que doit signer Bruxelles avec Ottawa, notent le Tagesspiegel et le Handelsblatt. Pour la Süddeutsche Zeitung, un chef du SPD ministre de l’Economie « reste une contradiction en soi » et si le parti a donné son feu vert à un accord qu’il dénonce sur le fond, « c’est pour ne pas se décapiter soi-même ».

  1. International

Elections législatives en Russie

Bien qu’ayant raflé la majorité absolue à la Douma, le parti du président Poutine « n’a pas de plan » pour effectuer des réformes en Russie, elle-même paralysée par une population tombée dans l’apathie, déplore la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « C’était une élection sans électeurs », pointe la Süddeutsche Zeitung en soulignant que l’abstention de plus de la moitié des inscrits « traduit la résignation plutôt que la maturité des électeurs ». Les abstentionnistes « n’ont vu aucune perspective », considère également le Handelsblatt, « la Russie entre dans un état de stagnation définitive sur le plan intérieur qui promet des vents violents en politique étrangère », craint la tageszeitung./.