Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

23 septembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les débats au sein de l’union conservatrice allemande font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« La CSU toujours en mode confrontation sur la politique migratoire de Merkel ») et de Die Welt, qui publie une tribune en dix points du secrétaire général de la CDU Peter Tauber sur l’orientation politique de son parti (« patriotisme, fierté, ouverture : le nouveau manifeste de la CDU »). La Süddeutsche Zeitung écrit en Une que « l’UE redoute une vague migratoire d’Egypte », en s’appuyant d’une part sur une évaluation de l’agence Frontex qui verrait dans l’Egypte un point de départ de plus en plus utilisé par les passeurs, et d’autre part sur des déclarations du président du parlement européen Martin Schulz appelant de ses vœux un accord de l’UE avec l’Egypte équivalent à celui existant avec la Turquie. Der Tagesspiegel relaie pour sa part « l’appel de M. Steinmeier à mettre en place une zone d’interdiction aérienne sur toute la Syrie ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à plusieurs révélations démontrant l’implication d’Audi et de sa direction dans l’affaire des logiciels truqués de Volkswagen (« Audi soupçonnée ») et consacre son dossier du week-end à « l’Amérique de Donald Trump ».
  2. Allemagne

Compromis au finish sur la réforme des droits de succession

Au terme de longs mois de tractations entre les groupes parlementaires de la CDU, la CSU et du SPD au Bundestag, sans compter celui des Verts au Bundesrat, Olaf Scholz, maire de la ville-Etat de Hambourg (SPD) et président de la commission de conciliation entre les deux chambres parlementaires allemandes, « a finalement réussi à obtenir un compromis » (Tagesspiegel) sur une réforme des avantages consentis pour la transmission d’entreprises familiales. Le projet de loi du gouvernement fédéral avait été invalidé par la cour constitutionnelle de Karlsruhe fin 2014 au motif d’une rupture d’égalité avec les autres catégories d’héritiers, et exigé de mettre le projet de loi en conformité avec la constitution jusqu’à fin juin 2016, menaçant, devant les divisions persistentes, de trancher elle-même si aucune solution n’était trouvée avant fin septembre, rappelle la presse. Un premier compromis trouvé au niveau de la coalition gouvernementale en mars dernier avait été bloqué par de nouvelles exigences de la CSU, engagée avec la CDU dans un bras de fer sur la crise des réfugiés, précisent les journaux.

Au-delà des considérations de fond sur les futures dispositions régissant les droits de succession pour les entreprises, les commentateurs se montrent soulagés de cette épine retirée du pied d’une coalition en perdition dans les sondages. « C’est évidemment les résultats inquiétants des derniers scrutins qui ont permis ce compromis. Les partis établis, au nombre duquel les Verts comptent depuis longtemps, ont compris que s’ils se déchirent ouvertement, ce sont toujours d’autres qui vont en profiter. Rien n’est plus dommageable pour eux dans l’opinion publique que de ne pas arriver à des résultats politiques tangibles », observe la Berliner Zeitung, alors que la chaîne publique ARD publie un nouveau sondage montrant une baisse d’un point des deux partis de la grande coalition, la CDU/CSU et le SPD étant respectivement 32% et 22% et l’AfD gagnant deux points, à 16% (les Verts sont à 12% (+1), die Linke à 8% (-1) et le FDP à 6% (+1)). « Même si c’est la peur de se ridiculiser en laissant aux juges la décision finale qui a motivé ce compromis, il prouve au moins que les dirigeants politiques peuvent faire autre chose que se quereller sans fin », abonde le Tagesspiegel.

« La CSU toujours en mode confrontation sur la politique migratoire de Merkel » (FAZ)

Sur la politique migratoire en revanche, la CSU bavaroise continue de camper sur ses positions en exigeant toujours que soit fixé un plafond de 200 000 demandeurs d’asile par an, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui indique que le groupe parlementaire CSU au parlement régional de Bavière a adopté une motion en ce sens. Son président a déclaré rejeter toute « formule de compromis » qui aurait pu être trouvé avec la CDU et estimé qu’un tel plafond était compatible avec le droit européen et international, évoquant dans ce contexte l’exemple autrichien. Devant les attaques répétées de la CSU envers la politique migratoire de la chancelière Merkel, des dirigeants de la CDU ont évoqué, lors d’une réunion interne et sur le ton de l’exaspération, l’éventualité que les conservateurs de la CDU aillent concurrencer le parti bavarois sur ses terres, rapporte notamment la Süddeutsche Zeitung. Une réunion de conciliation hier soir entre les deux partis n’a pas encore permis un rapprochement notable, notent les médias.

  1. France / Europe

TTIP / interview de Matthias Fekl dans le Handelsblatt

Dans un entretien publié en pleine page par le quotidien des affaires, le secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur détaille la position française avant la réunion avec ses homologues européens à Bratislava. Il appelle à entamer ultérieurement de nouvelles négociations sur la base d’un nouveau mandat, plus transparent et concentré sur quelques thèmes.

Die Welt publie parallèlement une interview avec le ministre de l’Economie autrichien Reinhold Mitterlehner (ÖVP) en rappelant que celui-ci a également appelé récemment à mettre fin aux négociations actuelles sur le TTIP. Interrogé sur la position de l’Autriche à Bratislava, il indique que « le secrétaire d’Etat français au commerce, Matthias Fekl, et moi-même allons nous engager ensemble en faveur de nouvelles négociations sur le libre–échange avec les Etats-Unis. Les pourparlers devraient être repris après les présidentielles américaines. Notre position n’est pas partagée par tous nos homologues, mais en coulisse, beaucoup de collègues nous soutiennent. Cela aiderait d’ailleurs à la ratification du Ceta d’interrompre les négociations sur le TTIP, car l’opinion publique fait beaucoup l’amalgame entre les deux accords », déclare-t-il à Die Welt.

« Trois mois après le référendum, le bilan du Brexit » (Bild)

Le tabloïd consacre son commentaire du jour à un bilan du vote britannique trois mois après, notant qu’il affecte principalement le Royaume-Uni pour l’instant mais qu’il devrait faire sentir de durables effets négatifs sur la croissance européenne. Le journal, qui note que l’Italie sort politiquement renforcée du Brexit, s’inquiète des conséquences politiques du départ britannique, dont le sommet de Bratislava aurait donné un avant-goût avec une « Europe déchirée, sans orientation claire ». Or les Britanniques étaient « jusqu’à présent d’importants garants de la croissance et de la prospérité en Europe », poursuit Bild aux yeux duquel Londres « était un partenaire fiable pour faire avancer les réformes et éviter l’immobilisme quand le moteur franco-allemand bégayait ».

  1. International

Déplacement de Sigmar Gabriel à Moscou

En plein retour de flammes de la crise syrienne, les quotidiens décryptent les déclarations du ministre de l’Economie lors d’un déplacement de deux jours en Russie en compagnie d’une délégation d’entrepreneurs allemands. Les grands journaux s’accordent à constater que Sigmar Gabriel s’est montré plus prudent face à Vladimir Poutine que lors de sa dernière visite dans des conditions analogues fin octobre 2015. « En sa qualité de chef du SPD ayant des ambitions pour la chancellerie fédérale, il s’est montré plus réservé qu’il y un an et a commis moins de maladresses, étant moins obséquieux », considère la FAZ. « A Moscou, le vice-chancelier a parlé des sanctions économiques et des droits de l’homme, son dilemme étant de plaire aux partisans du SPD tout en rassurant ceux qui critiquent sa rencontre avec Poutine dans le contexte actuel », analyse la Süddeutsche Zeitung. La presse relève que Sigmar Gabriel « a mieux tenu le cap sur les sanctions » (taz) que l’année dernière en rappelant que la mise en œuvre de l’accord de Minsk était la condition d’une levée complète des sanctions et sur le dossier syrien, et « soutenu l’appel de Frank Walter Steinmeier à la mise en place de zone d’interdiction aérienne en Syrie » (Süddeutsche Zeitung).

Comme hier, les commentateurs s’accordent à constater que « par manque de chance sur le timing », ce déplacement à Moscou intervient « une nouvelle fois au plus mauvais moment » : « à Moscou, Gabriel a joué les quasi-ministres des affaires étrangères en adoptant un ton conciliant alors même qu’à New York, le chef de la diplomatie allemande durcissait le ton vis-à-vis du Kremlin en appelant à des interdictions de survol de la Syrie visant aussi l’armée de l’air russe », observe le Handelsblatt en déplorant un « cavalier seul » du ministre de l’Economie. Etonnamment, le quotidien alternatif de gauche taz (tageszeitung) se montre le plus sévère face à des dirigeants sociaux-démocrates allemands qu’il juge « dévots » vis-à-vis de Moscou, « et cela ne date pas d’hier. Poutine sait très bien instrumentaliser ce sentiment de proximité »./.