La question sociale est aussi importante que l’identité pour les Français
C’est ce que montre une étude de la Fondation Jean Jaurès.
L’islam et l’identité ne devraient pas être les seuls et uniques thèmes de la campagne présidentielle. La question économique et sociale compte quasiment autant pour les Français. C’est en substance ce qui ressort d’une étude réalisée par Elabe auprès de 2.000 personnes pour la Fondation Jean Jaurès (proche du PS). Si le terrorisme arrive en tête des préoccupations des Français, cité par la moitié des personnes interrogées comme étant un des sujets importants auxquels l’Hexagone est confronté, la question sociale arrive juste après. Le niveau du chômage est ainsi mentionné par 45 % des Français comme sujet de préoccupation et les inégalités par 29 % d’entre eux. « La question sociale ne s’est pas effacée derrière les impératifs de sécurité », souligne Gilles Finchelstein, le directeur général de la Fondation Jean Jaurès. « Pour la première fois, à la veille d’une campagne présidentielle, deux grands thèmes s’imposent et sont au même niveau d’intensité de préoccupation pour les Français : un bloc régalien avec la sécurité et l’identité et un second bloc, axé sur l’économie et le social », décrypte-t-il. Conclusion : « Aucun des candidats ne peut faire l’impasse sur l’une des deux thématiques. Ce serait une erreur pour la gauche de gouvernement de se focaliser uniquement sur le problème social et pour la droite républicaine de ne s’intéresser qu’à la question identitaire. L’enjeu de la campagne électorale qui s’ouvre va être de traiter les deux sujets en cohérence et en évitant d’ethniciser le social, comme le fait Marine Le Pen. »
L’Etat providence plébiscité
Autre enseignement de cette enquête : l’attachement des Français au modèle social pourtant mis à mal. Ainsi, 60 % des sondés considèrent que « la protection sociale garantit un filet de sécurité, même si elle coûte cher », mais en même temps, « 61 % estiment que les niveaux de protection sociale et de sécurité dans le travail découragent l’embauche et freinent la création d’emploi ». Malgré cette apparente schizophrénie française, 83 % des sondés considèrent que, « pour plus de justice sociale, il faudrait plus de solidarité entre les riches et les pauvres », selon l’étude. « Il n’y a donc pas de basculement libéral de l’opinion. Les Français plébiscitent l’Etat providence et le besoin de solidarité », en conclut le directeur général de la Fondation Jean Jaurès. Car l’inquiétude grandit chez les Français. Les trois quarts d’entre eux jugent que l’ascenseur social ne fonctionne pas vraiment. Il y a dix ans, la Fondation Jean Jaurès avait pointé la peur du déclassement chez les classes populaires. « Il y a dans la société française, une progression des craintes du « déscenseur » social », alerte Gilles Finchelstein.
Les Echos 28/09/2016