Job 41,le site qui connecte PME et allocataires du RSA

Le Loir-et-Cher facilite l’embauche très locale des chômeurs longue durée. Les patrons de PME misent sur l’algorithme créé par la start-up Neolink.

Embaucher local et « éthique ». C’est la double promesse du site Internet Job41, que le Loir-et-Cher vient de lancer en direction de ses allocataires du RSA avec la bienveillance du patronat du département. Elles sont déjà quelques-unes à se revendiquer les « Tinder de l’emploi », du nom de cette application qui connecte des couples via la localisation. Mais Job41, conçu l’an dernier par la jeune pousse de Blois Neolink, a pour originalité de s’adresser aux chômeurs de longue durée.

Le président UDI du Loir-et-Cher, Maurice Leroy, porte le projet avec enthousiasme : « Les chefs d’entreprise que je rencontre disent chercher à embaucher, mais peinent à trouver des demandeurs d’emploi. Or nous connaissons les 10.000 bénéficiaires du RSA, puisque nous le versons. La plate-forme permet de faire le lien entre l’offre et la demande locale. »

Géolocalisation des offres

Job 41 propose aux volontaires de déposer un CV sur le site, les aidant au besoin à le rédiger. L’algorithme de Neolink met en correspondance les profils avec les offres d’emploi mises en ligne par les PME. La géolocalisation doit permettre aux demandeurs, souvent peu mobiles, de trouver une offre proche. « J’ai écrit aux 10.000 allocataires et, depuis janvier, nous avons déjà 1.000 personnes inscrites », vante l’élu. Le département apportera aussi l’accompagnement de ses travailleurs sociaux pour aider les chômeurs les plus éloignés de l’emploi à retrouver les bonnes habitudes (habillement, comportement, ponctualité, etc.).

D’autres départements intéressés

Le démarrage est plus lent côté employeurs : seule une centaine d’offres ont été déposées. « Nous sommes en train de communiquer auprès de notre réseau de dirigeants », justifie le président de la confédération des PME 41, Pierre Maino. Il juge le projet pertinent avec une interface conviviale : « Les dirigeants ont un a priori défavorable quant à l’embauche de chômeurs de longue durée, mais, pour lui, l’appli permet d’embaucher des employés très proches, vivant dans le village voisin, c’est un gage de fidélité. » Il insiste aussi sur le caractère éthique de l’embauche de chômeurs de longue durée. A l’écouter, Pole emploi n’offre pas d’outil aussi simple. « Nous pensons qu’il peut surtout couvrir le besoin des emplois situés entre 1.000 et 1.500 euros de revenus », estime Pierre Maino. Il revendique une approche modeste, sans objectif autre que le test : « Sur 10.000 bénéficiaires, si on a 100 personnes placées, ce sera un début. »Une quinzaine d’autres départements seraient intéressés par cette technologie. Reste à savoir si les dirigeants joueront le jeu. L’un des premiers contrats d’embauche cités en exemple n’émane pas d’une PME… mais du géant de l’intérim ManPower. Pour un expert de l’emploi, ce type de prestataire déjà présent sur les autres plates-formes ne garantit pas de l’emploi pérenne. L’opposition départementale craint, elle, que cela pousse les demandeurs vers des emplois précaires.

Les Echos 22/02/2017