Aujourd’hui en Allemagne. 12 Juin 2017

French Economy Minister Emmanuel Macron attends a press conference on September 11, 2015 after the 4th CoSpace meeting. AFP PHOTO / FLORIAN DAVID

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

12 juin 2017

  1. La large victoire de la République En Marche ! au 1er tour des élections législatives fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « grand succès du mouvement de Macron au 1er tour » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « le parti de Macron est clairement devant » (Süddeutsche Zeitung), « Macron gagne et peut espérer une majorité absolue » (Die Welt), « Macron triomphe aux législatives » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt publie une interview de Christine Lagarde, dans laquelle la directrice générale du FMI appelle à un plus fort engagement européen dans la résolution des crises africaines (« la responsabilité de l’Europe »).
  2. Allemagne

Congrès fédéral de Die Linke

Du congrès fédéral qui a réuni les quelque 600 délégués de Die Linke ce week-end à Hanovre, la presse retient la virulence des attaques contre Martin Schulz, notamment de la co-présidente du groupe parlementaire de Die Linke, Sahra Wagenknecht, qui a accusé le candidat tête de liste du SPD de chercher tout au plus à reconduire l’actuelle grande coalition. Dans la perspective des élections au Bundestag, le Tagesspiegel relève que le parti a adopté un programme qui dresse bon nombre d’obstacles à une future coalition SPD/Die Linke/Verts au niveau fédéral. Le journal en veut pour preuve le fait que Die Linke souhaite la dissolution de l’OTAN, la fin des engagements internationaux de l’armée allemande et s’est abstenu de condamner l’annexion par la Russie de la Crimée, préconisant au contraire la levée des sanctions contre la Russie. Le tabloïd Bild s’insurge contre un tel programme et juge qu’un parti qui refuse toute action militaire, mais « fait les yeux doux à Moscou » ne doit surtout pas être appelé au gouvernement. Le fait est qu’une frange de Die Linke se comporte comme une « secte », estime la Berliner Zeitung qui évoque également les contradictions du parti dès que l’on aborde le volet militaire. « Les lunettes roses au travers desquelles Die Linke voit Moscou ne sont que le révélateur d’une tendance antidémocratique au sein du parti », considère la tageszeitung pour qui une alliance SPD/Die Linke/Verts reste formellement possible, mais est de facto politiquement exclue. « Il n’y aura pas de coalition rouge-rouge-verte en septembre car Die Linke vient de faire le choix de rester là où elle se sent le mieux c’est-à-dire en dehors, mais pour le SPD l’heure n’est pas au triomphe car sans Die Linke, le SPD est de son côté condamné lui aussi à demeurer là où il se trouve : aux portes de la chancellerie fédérale », fait valoir la Süddeutsche Zeitung.

Selon le dernier sondage de l’institut Emnid publié par Bild am Sonntag, Die Linke se situe à 9% dans les intentions de vote en progression d’un point par rapport à la semaine dernière. Le SPD recule de deux points (25%), la CDU/CSU gagne un point (39%), de même que les Verts (8%) qui sont à égalité avec l’AfD et juste devant le FDP (7%).

Rachat d’Opel par PSA

Sous le titre « la vente d’Opel possible à compter de la fin juillet », la Frankfurter Allgemeine Zeitung signalait dans son édition de samedi que le management d’Opel a fait parvenir un courrier en ce sens à l’ensemble du personnel dans lequel figure la date du 31 juillet. Indiquant que cette date suppose que d’ici là toutes les instances en charge du respect de la concurrence aient donné leur accord, le journal précise que selon un porte-parole de l’entreprise, la direction d’Opel mise sur une conclusion de la procédure de rachat dans le courant du second semestre 2017.

Par ailleurs, dans son édition dominicale, la FAZ indiquait que l’actuel patron d’Opel, Karl-Thomas Neumann, a l’intention d’annoncer son départ lors de la prochaine réunion du conseil de surveillance, le 22 juin et souhaite quitter ses fonctions dès que le rachat par PSA aura été finalisé. Le journal fait état de plusieurs raisons : la conviction au sein d’Opel que l’entreprise, jusqu’ici relativement autonome de sa maison-mère General Motors, risque d’être dirigée « de manière centralisée depuis Paris », or Karl-Thomas Neumann ne souhaite pas devenir le « bras armé des Français ». A ceci s’ajouteraient des divergences stratégiques, le pdg d’Opel estimant que PSA sous-estime l’importance croissante des voitures électriques. Alors que le patron allemand entendait faire d’Opel une marque entièrement électrique d’ici à 2030, l’entrée en jeu de PSA compromettrait cette orientation.

  1. Europe

Brexit : « May a joué et perdu » (FAZ)

La presse allemande montre peu d’indulgence envers la Première ministre britannique qui, de l’avis général, s’est lancée sans nécessité dans le pari risqué d’élargir sa majorité et l’a perdu à l’issue d’une campagne électorale peu convaincante. Les commentaires sont sévères pour Theresa May et inquiets quant aux conséquences de son affaiblissement intérieur pour les négociations avec l’UE sur le Brexit. « Personne ne voulait que les Britanniques quittent l’UE, hormis eux-mêmes. Maintenant, ce sont eux qui ne trouvent plus la sortie », résume le tabloïd Bild, lequel espère que ce revers sera au moins l’occasion pour les Britanniques de mener un débat intérieur plus honnête sur les conditions et les coûts du Brexit.

  1. International

Initiative de la présidence allemande du G20 pour l’Afrique

Alors que se tient aujourd’hui et demain à Berlin une conférence sur les partenariats avec l’Afrique dans le cadre du G20, les quotidiens publient de nombreux avant-papiers expliquant que la stratégie du gouvernement allemand est de miser sur des accords de facilitation de l’investissement privé dans les Etats africains (« Compacts with Africa ») pour réduire la pression migratoire vers l’Europe. A l’occasion de cette conférence, qui réunit les dirigeants d’une dizaine de pays africains, des institutions financières internationales et de nombreux investisseurs, le Handelsblatt publie un entretien avec la directrice du FMI, Christine Lagarde, qui souligne la nécessité de « créer au sud du Sahara les conditions pour que les gens puissent y évoluer, se former et générer de la valeur pour eux et leur famille ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Tagesspiegel rapportent que Berlin va nouer de tels partenariats avec le Ghana, la Tunisie et la Côte d’Ivoire. « Il s’agit de donner une nouvelle orientation à la politique africaine, alors que la politique de développement est trop fragmentée », déclare à la FAZ un « haut fonctionnaire gouvernemental ».

  1. France

« Macron triomphe aux législatives » (Tagesspiegel)

L’arrivée largement en tête d’une majorité de candidats de La République En Marche ! (LRM) aux élections législatives et la perspective d’une majorité absolue pour le parti du président de la République confirment, pour les quotidiens, le profond bouleversement du paysage politique français amorcé lors des présidentielles. Les éditorialistes soulignent que cette victoire est d’abord celle d’Emmanuel Macron, dont ils saluent l’audace et la performance en rappelant que son entrée dans l’arène politique date de moins d’un an : « il a réussi l’épreuve du feu » (Tagesspiegel), « il a voulu cette révolution qu’il est en passe de réussir » (Die Welt), « il rafle la mise » (Bild), « il a tout risqué pour la seconde fois, et pour la seconde fois, il va l’emporter » (Süddeutsche Zeitung).

Les journaux estiment que les électeurs – du moins ceux qui se sont déplacés, compte tenu d’un taux de participation « historiquement bas » (Berliner Zeitung) – veulent donner au nouveau président les moyens de mettre en œuvre les réformes promises : « les électeurs veulent doter le président d’une majorité pour gouverner », écrit le Tagesspiegel, « en fait, les Français n’ont pas élu des députés mais voté une second fois pour leur président », analyse la Süddeutsche Zeitung. A l’instar du Handelsblatt, pour qui « le boycott des élections par une majorité de l’électorat montre l’insatisfaction des Français envers leur système politique », les médias mettent en garde la majorité qui se dessine contre trop d’euphorie. La perspective d’une majorité écrasante pour les députés de LRM préoccupe plus qu’elle ne rassure les éditorialistes, à l’instar de la Süddeutsche Zeitung qui craint que le président de la République ne cède à la « tentation absolutiste » de régner sur le pays comme en son temps le général de Gaulle. « Macron ne doit pas se réjouir trop tôt de la perspective d’avoir une opposition négligeable, mis à part les Républicains, car la fronde pourrait se déployer dans la rue, et là ce sont généralement les anti-réformistes radicaux qui mènent le bal », s’inquiète aussi le Tagesspiegel.

Dans leur majorité, les médias constatent néanmoins avec soulagement que le changement puissant qu’ils appelaient de leurs vœux depuis longtemps, semble se concrétiser. « Une chose est claire : les Français sont en train de transformer la République, et il n’est que temps : le pays est encroûté, tant sur le plan politique qu’économique. Visiblement, ils sont nombreux à espérer que le président Macron tranche le nœud gordien », considère le Rhein-Neckar-Zeitung. « La France ne sera pas un pays ingouvernable mais est en voie de devenir pour les cinq prochaines années un partenaire fiable pour l’Allemagne », se réjouit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Malgré les tests à venir, comme celui de la réforme du droit du travail, « le message positif est que notre voisin a entamé un processus de changement bon pour l’Europe », abonde le Tagesspiegel./.