Aujourd’hui en Allemagne. 20 Juin 2017

Synthèse de la presse quotidienne

20 juin 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt consacrent leur une au programme de campagne du SPD en matière de fiscalité : « Schulz promet des milliards d’allègements » (Süddeutsche) ; « le SPD veut faire capoter l’impôt de solidarité » (Handelsblatt). Le Tagesspiegel et la tageszeitung font grand cas de la série de dégradations revendiquées par un groupe d’extrême gauche ayant visé plusieurs lignes ferroviaires allemandes à l’approche du sommet du G20 : « une série d’attaques immobilise les transports ferroviaires » (Tagesspiegel) ; « les opposants au G20 vont devoir prendre la voiture » (tageszeitung). Die Welt ouvre son édition sur « la grande tromperie européenne » en matière migratoire et fait état des derniers chiffres publiés par les Nations unies montrant que le nombre de personnes déplacées est en augmentation à travers le monde et que les pays européens peinent à reconduire aux frontières les demandeurs d’asile déboutés. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur « les feux de forêt toujours hors de contrôle au Portugal ».
  2. Allemagne

« Le SPD promet 15 milliards d’euros d’allègements fiscaux » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble des journaux font état du programme de politique fiscale du SPD présenté hier par Martin Schulz. Ce programme prévoit une baisse de la fiscalité sur les revenus faibles et modestes via une diminution de l’impôt sur le revenu, une exemption de l’impôt dit de solidarité, ainsi qu’une baisse des cotisations sociales. Les hauts revenus seraient en revanche davantage imposés, y compris au travers d’une augmentation de l’impôt sur les successions et d’une taxation plus importante des revenus issus du capital.

Dans leurs réactions, une large majorité des quotidiens s’accordent sur le caractère « modéré » et « mesuré » des propositions du SPD qui fait preuve de « pragmatisme » (tageszeitung). Ils reconnaissent aussi que les mesures annoncées sont « sans grande surprise » et n’ont « rien de révolutionnaire » (Süddeutsche Zeitung). « Martin Schulz a fait le choix de la voie médiane », juge le Handelsblatt qui s’étonne toutefois du projet de ne supprimer qu’en partie l’impôt de solidarité régulièrement remis en cause. « Pourquoi ne pas y renoncer totalement tout de suite ? », s’interroge le journal. Pour la Süddeutsche Zeitung, « le SPD vient de trouver une manière intelligente pour faire en sorte, moyennant quelques ajustements, que la richesse soit un peu mieux répartie en Allemagne ». Le journal salue tout particulièrement le fait que les sociaux-démocrates ont renoncé à toute promesse alléchante envers les électeurs.

Hommage européen pour le chancelier Kohl

Selon Bild, il est désormais acquis qu’aucun hommage national ne sera rendu au chancelier Kohl décédé vendredi, le choix s’étant porté sur un hommage européen, le journal avançant la date du 1er juillet. Le tabloïd indique qu’un hommage européen répond au vœu exprimé par le chancelier de son vivant et que l’opposition du chancelier Kohl à un hommage national s’expliquerait par la manière dont le gouvernement Schröder l’avait mis en cause sur une affaire de destruction d’archives à la chancellerie fédérale. A ceci s’ajouteraient, selon Bild, les souhaits précis exprimés par la veuve du chancelier concernant la liste des invités et le déroulé d’une cérémonie d’hommage national qui « compliqueraient les choses ».

  1. Europe

Ouverture des négociations sur le Brexit

L’ensemble de la presse relève le ton affable et détendu avec lequel le ministre britannique en charge du Brexit, David Davis, a abordé le premier jour des négociations à Bruxelles, contrastant avec « le sérieux et une certaine inquiétude » affichés par Michel Barnier. « Le résultat de ce premier jour a été de fixer une feuille de route et plusieurs priorités, ce qui est déjà davantage que ne craignaient les observateurs », rapporte Die Welt, « Londres veut construire un partenariat profond et spécial avec l’UE », rend compte la Süddeutsche Zeitung. « Londres change de ton », constate aussi la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Les quotidiens font état de déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, plaidant une nouvelle fois, en marge d’une réunion à Luxembourg, pour ancrer le Royaume-Uni le plus étroitement possible à l’Union européenne : « notre espoir est qu’après les turbulences qu’ils ont connues, les Britanniques soient désormais disposés à négocier un Brexit souple », a-t-il déclaré selon la Süddeutsche Zeitung. Pour la FAZ, « si on aboutissait à une sorte de statu quo en matière de relations commerciales, ce serait une bonne chose, mais cela contredit les intentions du vote en faveur du Brexit. L’espoir exprimé par Sigmar Gabriel que les Britanniques restent finalement dans le marché intérieur n’est, au fond, pas compatible avec le Brexit », juge le journal avec fatalisme. Pour la Süddeutsche Zeitung, les 27 sont certes en position de force, cependant « il ne s’agit pas juste d’une négociation commerciale mais de continuer à vivre ensemble malgré le Brexit. Cela va être dur de proposer aux Britanniques des règles acceptables sans leur offrir un statut de membre ‘light’ qui pourrait créer un précédent ». Le Tagesspiegel considère que les Britanniques ont fait la démonstration au reste de l’Europe des risques et conséquences engendrés par la conjonction du populisme et de paris électoralistes des dirigeants, et que le vent a tourné pour les partisans d’un Brexit dur : « il ne leur reste qu’à faire des compromis à Bruxelles pour sauver ce qui peut l’être » et éviter un effondrement de l’économie britannique, conclut le journal de Berlin.

  1. International

« Duel dans le ciel syrien » (Berlier Zeitung)

La presse s’inquiète du regain de tensions entre la Russie et les Etats-Unis suite à la destruction d’un avion syrien par un chasseur américain. Le tabloïd Bild signale dans ce contexte que le retrait du contingent allemand de la base turque d’Incirlik au profit d’une base jordanienne (un déplacement qui devrait intervenir au début du mois prochain) n’est pas sans danger pour les forces allemandes qui vont être amenées, dans le cadre de leurs missions de reconnaissance aérienne, à survoler la « zone de danger définie par la Russie ».

  1. France

2ème tour des élections législatives : « victoire oblige » (FAZ)

Toute la presse s’accorde à souligner « l’ombre » que fait peser l’abstention historique sur la victoire de La République en marche (LRM) aux élections législatives, tout en sachant gré au parti et à ses dirigeants de s’être gardés de tout triomphalisme. Le président de la République est « un homme fort avec des faiblesses », résume le Tagesspiegel, et les quotidiens prennent bonne note de « l’humilité » (Berliner Zeitung) avec laquelle le Premier ministre et le porte-parole du gouvernement « se sont abstenus de crier victoire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) au lendemain du second tour. A l’instar de la tageszeitung, les journaux font le constat que les électeurs ont certes donné au président de la République les moyens de son action, mais que l’opposition n’en est pas réduite pour autant à la portion congrue. Pour la taz, la très faible participation est toutefois le signe d’un malaise persistant de nombreux Français face à leur système politique : « ce ‘refus de la démocratie’ rappelle que le terreau sur lequel prospère le Front national est inchangé malgré le petit nombre de députés FN ».

Le Handelsblatt relève les contradictions exprimées par ce scrutin : « les Français font confiance à Emmanuel Macron pour incarner sa fonction, renouveler le système et s’imposer, mais ne lui font pas confiance quand il s’agit de flexibiliser le marché du travail, élément pourtant central de son projet pour relancer la croissance et l’emploi », analyse le correspondant à Paris du quotidien. Le président de la République « est un président en sursis : beaucoup de Français estiment qu’il est la meilleure – et peut-être la dernière – chance de moderniser le pays, mais ils sont méfiants à l’égard de son principal projet économique. Une contradiction flagrante dont E. Macron est conscient », écrit le Handelsblatt, en soulignant que les attentes de la population sont condamnées à être déçues à brève échéance, les réformes structurelles mettant deux ou trois ans à produire des effets positifs. C’est pourquoi, écrit le Handelsblatt, le président entend, pour obtenir un capital de confiance à court terme,  jouer la carte du durcissement de la directive européenne sur les travailleurs détachés. « Certes, c’est compréhensible et il est admis par tous que Macron a mérité tout le soutien possible. Pourtant, dans ce cas, ce sont d’autres qui paieraient les pots cassés pour consolider sa position intérieure », regrette le quotidien./.