Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks du 28 juin au 5 juillet 2017

Think Tank Hebdo 

Ambassade de France à Washington

A LA UNE

 France

            Dans un article intitulé « The case for an American Macron », Samir Maykekar (German Marshall Fund) encourage les leaders politiques américains à s’inspirer de l’exemple d’Emmanuel Macron et prône une approche centriste favorable à la mondialisation et aux institutions multilatérales. D’après lui le paysage politique américain, très polarisé, est propice à l’émergence d’une figure politique de compromis entre la gauche et la droite, soit au sein de l’un des deux partis traditionnels soit en dehors de ceux-ci.

Par ailleurs, le spécialiste Fabrice Pothier (Atlantic Council) revient sur la politique de la France vis-à-vis de la Russie. D’après lui, Emmanuel Macron est conscient que la coopération avec la Russie n’est pas une option, mais une « nécessité » pour restaurer la stabilité dans des pays comme la Libye ou la Syrie. Fabrice Pothier est plus sceptique sur l’approche « des petits pas » du nouveau président français en Ukraine face à un interlocuteur aussi « cynique » que Vladimir Poutine.

Crise du Golfe 

Les think tanks américains (Brookings, CSIS, Atlantic Council, Council on Foreign Relations, Middle East Institute) sont nombreux à revenir sur la crise diplomatique entre les pays arabes et le Qatar, ce dernier n’ayant pas répondu aux exigences de ses voisins. Barbara Slavin (Atlantic Council) souligne l’intransigeance des deux parties qui permet à l’Iran de tirer profit de cette situation. Gerald Feirstein (Middle East Institute) déplore la confusion américaine qui laisse le Koweït se positionner une fois de plus en tant que médiateur au détriment des Etats-Unis. Pour sa part, Anthony Cordesman (CSIS) s’alarme des risques « inacceptables » auxquels sont soumis les intérêts stratégiques américains et préconise une stratégie de compromis pour résoudre le différend. Enfin, Przemyslaw Osiewicz (Middle East Institute) estime que les Européens doivent utiliser leur influence pour aider les Etats du Golfe à sortir de cette crise qui pourrait menacer directement leurs intérêts sécuritaires.

Corées

Le président Moon Jae-in s’est rendu au Global Leaders Forum organisé par le CSIS après sa rencontre avec Donald Trump. Il est revenu sur le programme nucléaire nord-coréen et les relations entre les Etats-Unis et la Corée du sud.

Pour Michael Auslin (American Enterprise Institute), la situation en Corée du nord constitue le moment le plus « dangereux » pour l’alliance entre les deux pays, qui n’ont pas d’autre alternative que la coopération selon Scott Snyder (Council on Foreign Relations). Michael Auslin ajoute qu’un retrait des Etats-Unis de la région risquerait d’entrainer une course à l’armement nucléaire sur le continent tout en laissant place à l’hégémonie chinoise.

A la suite d’un tir de missile intercontinental par la Corée du nord, Rensselaer Lee et William Severe (Foreign Policy Research Institute) argumentent en faveur d’un engagement de Moscou dans les négociations avec Pyongyang, la Russie ayant plus d’influence sur la Chine et le régime de Kim Jong-un que les Etats-Unis. Pour sa part, le Council on Foreign Relations dresse un panorama complet de l’arsenal militaire de la Corée du Nord qui ne cesse de se moderniser. Selon le think tank, la politique du régime s’explique par sa volonté de dissuader les autres pays de renverser le pouvoir tout en permettant à Kim Jong-un de renforcer son image de leader auprès de sa population.

Réforme du système de santé américain

Plusieurs think tanks (Brookings, Urban Institute, Center for American Progress) se penchent sur la proposition de réforme du système de la santé des Républicains. Deux cartes produites par l’Urban Institute permettent d’estimer, état par état, les conséquences du plan en termes de couverture et de coûts. Les Etats-Unis compteraient 24,7 millions d’assurés de moins d’ici 2022. William Galston (Brookings) commente deux sondages d’opinion qui révèlent l’impopularité de la réforme. Seulement 17% des électeurs et 21% des électeurs de Trump se montrent favorables au plan des Républicains, alors que 55% s’y opposent. D’après Alice Rivlin (Brookings), si le projet de loi est adopté, et ce sans aucun vote démocrate, les Républicains seront tenus pour responsables d’une loi impopulaire privilégiant les classes aisées. Le parti républicain aurait donc intérêt à travailler avec les Démocrates pour élaborer une loi que les modérés de chaque parti approuveraient.

Jamila Taylor (Center for American Progress) quant à elle, s’inquiète des effets qu’aurait la proposition sur la santé des femmes dont l’accès aux soins deviendrait plus limité ou plus cher. Les assurances ne seraient plus obligées de couvrir systématiquement un ensemble de soins fondamentaux comme ceux liés à la maternité. Le plan implique également des restrictions de couverture des frais d’avortement et d’accès aux services de planning familial.

LE FOCUS DE LA SEMAINE : deplacement de DonalD Trump en Europe

 

Le sommet du G20 et le voyage de Donald Trump en Europe est l’occasion pour les think tanks de revenir sur les grands enjeux internationaux. Le Council on Foreign Relations dresse un portrait pessimiste de ce sommet de haut niveau dont les succès restent relativement limités depuis sa création.

Alors que la rencontre arrive à un moment de fortes tensions entre les principales économies mondiales, James McBride (Council on Foreign Relations) souligne les nombreux points de désaccords : le commerce, le climat, l’accueil des réfugiés et les relations avec la Russie. Pour le think tank, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir vient d’autant plus limiter la capacité du G20 à engager les différents pays dans une dynamique de coopération. En se retirant de l’Accord de Paris et en prônant une politique économique protectionniste, le président américain a fait grandir les doutes des alliés occidentaux quant à l’engagement des Etats-Unis dans les institutions multilatérales. Les experts de la Carnegie s’interrogent également sur le futur du leadership américain largement remis en question par l’élection de Donald Trump. Dans un contexte de bouleversements internationaux majeurs, il est nécessaire pour l’institution du G20 et pour la gouvernance mondiale en général de se « réinventer », estime Joachim Koops.

Pour Michael Baranowski et Jamie Fly (German Marshall Fund), la tenue du G20 en Allemagne est une « seconde chance » pour Donald Trump qui doit saisir cette occasion pour rassurer ses alliés européens. Les chercheurs mettent en exergue la différence de perception du président américain à travers l’Europe, celui-ci restant impopulaire en Europe occidental alors que les pays d’Europe centrale et orientale sont relativement satisfaits de ses politiques. A cet égard, Judy Dempsey (Carnegie) revient sur la visite de Donald Trump en Pologne notamment pour le sommet Three Seas Initiative. Elle met en garde Varsovie qui doit reconnaitre que son futur dépend davantage de sa relation avec l’Union européenne que les Etats-Unis. Pour sa part, Dalibor Rohac (American Enterprise Institute) estime qu’il pourrait être « dangereux » pour l’administration américaine de se montrer trop proche d’un régime critiqué par le reste des pays européens. Il évoque par ailleurs la venue du président Trump au défilé du 14 juillet et appelle celui-ci à travailler avec Emmanuel Macron qui ne se veut pas « anti-Trump ».

Les relations avec la Russie restent un sujet d’analyse important dans les think tanks américains (Carnegie, Center for American Progress, Wilson Center, Brookings). Pour Max Bergmann et Vikram Singh (Center for American Progress), il ne faut pas laisser Donald Trump, favorable à la levée des sanctions contre le Kremlin, gérer la relation avec Moscou. Ils saluent l’initiative du Sénat américain de bloquer ces sanctions tout en déplorant le manque d’action de la part de la Chambre des représentants. Maxim Trudolyubov (Wilson Center) dresse un parallèle entre la Russie et les Etats-Unis, tous deux à la recherche de grandeur, le premier sur la scène internationale alors que le second privilégie la politique intérieure. Il souligne l’ironie de la relation entre les deux chefs d’Etat, chacun utilisant l’autre pour promouvoir sa propre position.

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