Aujourd’hui en Allemagne. 17 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

17 juillet 2017

  1. La présentation hier par Martin Schulz du programme du SPD pour les élections au Bundestag fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « Le SPD veut forcer à la solidarité en Europe » (Süddeutsche Zeitung), « Martin Schulz veut être celui qui retrousse ses manches » (Die Welt), « Schulz veut contraindre Merkel à la confrontation » (DerTagesspiegel). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note pour sa part que « l’assurance chômage est en excédent de plusieurs milliards d’euros ». Le quotidien des affaires Handelsblatt retient d’une interview du président de la fédération des industries métallurgiques que le temps de travail est « le nouveau combat » entre employeurs et salariés.
  2. Allemagne

« Martin Schulz veut être celui qui retrousse ses manches » (Die Welt)

La présentation par Martin Schulz de son programme de campagne tenant en dix points et intitulé « plan d’avenir » pour l’Allemagne est commenté par l’ensemble de la presse. Le tabloïd Bild souligne que le candidat tête de liste du SPD souhaite davantage d’investissements, notamment dans les écoles et les infrastructures de transport et numérique, et qu’il entend mettre en place un compte personnel doté de 20 000 euros destiné, soit à financer la formation professionnelle, soit à permettre un capital de départ pour la vie professionnelle. « Le point central du plan en dix points est le projet de garantie d’un minimum d’investissements publics en Allemagne comme pendant au mécanisme de frein à l’endettement », met en exergue le Tagesspiegel. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung qui titre « le SPD veut forcer la solidarité en Europe », la presse relève aussi que M. Schulz plaide en faveur de sanctions financières pour les Etats membres qui refusent d’accueillir des réfugiés.

Les clivages habituels se retrouvent dans les commentaires des journaux entre une presse conservatrice (FAZ, Handelsblatt) qui dénonce des promesses coûteuses et une presse de gauche plus réceptive, mais néanmoins sceptique. La Süddeutsche Zeitung se félicite ainsi qu’au lieu de son plaidoyer habituel en faveur de davantage d’égalité, Martin Schulz se penche désormais sur la nécessaire offensive en matière numérique et d’éducation. « Certes, Martin Schluz ne vient pas de se réinventer, mais il est parvenu à mettre sur le devant de la scène les investissements et l’Europe », se réjouit de son côté la Berliner Zeitung. Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung loue en particulier le projet de compte personnel que le journal qualifie de « salaire universel light » et dans lequel il voit une véritable chance pour permettre davantage de justice et d’égalité.

Interview d’été de la chancelière sur ARD

Lors de sa traditionnelle interview d’été, hier sur la première chaîne publique ARD, la chancelière a réaffirmé quelques principes et convictions que la Berliner Zeitung résume de la manière suivante : « Mme Merkel dit trois fois non à la CSU ». Angela Merkel n’entend pas accepter la mise en place d’un plafond d’accueil des réfugiés. Elle ne veut pas non plus de référendum au niveau fédéral ni davantage d’améliorations financières sur la question des retraites versées aux mères ayant renoncé à une activité professionnelle pour se consacrer à l’éducation de leurs enfants. Tout comme Bild, le journal de Berlin signale également que la chancelière a critiqué les appels à la démission d’Olaf Scholz provenant de la fédération de son parti à Hambourg et qu’elle a pris la défense du maire de la ville en affirmant que le choix de Hambourg était aussi sa décision et qu’elle prenait sa part de responsabilité. Elle s’est également montrée surprise des vives attaques de Sigmar Gabriel (SPD) à l’encontre du G20 car le ministre des affaires étrangères était présent lors des préparatifs du sommet. Les journaux marquent aussi que Mme Merkel a répondu aux appels de Martin Schulz à davantage d’investissements, en jugeant que l’actuelle grande coalition avait déjà beaucoup investi et – bien qu’elle évoque l’idée de consacrer un tiers de l’excédent des rentrées fiscales à l’investissement – en estimant que le problème n’était pas le financement, mais le déficit en matière de planification.

  1. Europe / International

Turquie / commémorations de la tentative de coup d’Etat et nouvelles tensions germano-turques

Le discours virulent tenu par le président Erdogan à l’égard des putschistes et la glorification des « martyrs » ayant résisté à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 ne font que renforcer l’impression des médias allemands que « cette Turquie est perdue » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) en tant que partenaire de l’Europe et du monde occidental. En appelant ouvertement à la réintroduction de la peine de mort en Turquie « quoi qu’en disent Hans et George », c’est-à-dire l’Allemagne et les Etats-Unis, « le président turc éloigne son pays toujours davantage de l’UE, de l’Otan, de l’Occident en général », déplore le Handelsblatt pour qui « la Turquie d’Erdogan n’a pas sa place dans l’UE, et tous le savent ». La FAZ critique dans ce contexte le fait que le président de la Commission européenne entretienne l’illusion qu’un retour en arrière est encore possible si Ankara respectait les valeurs démocratiques de l’UE. « Erdogan et sa mégalomanie ne laissent plus le choix à l’UE : la Turquie est perdue pour l’Europe et il faut en tirer les conséquences. L’UE perdra sa crédibilité si elle persiste dans ces négociations d’adhésion », s’énerve la FAZ. Le Tagesspiegel déplore la « couardise de l’Europe qui se contente du rôle de spectateur » devant les atteintes du régime turc à la démocratie et aux libertés.

Outre les comptes rendus et commentaires consacrés au premier anniversaire de la tentative de coup d’Etat, les journaux s’inquiètent des nouvelles tensions entre l’Allemagne et la Turquie suite au refus d’Ankara d’autoriser des députés allemands à se rendre auprès des soldats de la Bundeswehr stationnés sur la base de Konya dans le cadre des opérations de l’OTAN, soulignant qu’il est autrement plus délicat d’envisager un retrait des soldats allemands dans ce cadre que lors du précédent d’Incirlik. « Pas de retrait ! », s’exclame la FAZ en estimant que même si Erdogan se plaît à semer la discorde au sein de l’Otan, l’Allemagne ne doit pas lui faciliter les choses : « la Bundeswehr n’est pas à Konya pour le plaisir d’Erdogan mais en mission pour l’Alliance », rappelle le quotidien. La Berliner Zeitung se désole de cette nouvelle dégradation des relations bilatérales, rappelant les liens étroits entre les sociétés civiles des deux pays et exhortant à ne pas oublier la solidarité avec « les 50% de la population turque qui partagent les valeurs européennes ». Le journal appelle l’Allemagne à user du moyen de pression dont elle dispose pour s’imposer auprès d’Ankara : peser de tout son poids au sein de l’UE pour faire barrage à l’union douanière avec la Turquie ainsi que prendre d’autres sanctions économiques.

  1. France

Défilé du 14 juillet

« D’abord Poutine, à présent Trump, le président français Emmanuel Macron sait comment présenter des hôtes difficiles sous un jour flatteur », fait valoir le Tagesspiegel tandis que la Süddeutsche Zeitung note qu’« en dépit de tempéraments foncièrement différents », lors de la fête nationale, le président de la République a « multiplié les offensives de charme envers son hôte américain ». Alors que la FAZ salue dans un commentaire le « réalisme » dont a fait preuve  le président de la République en décidant d’inviter Donald Trump aux festivités du 14 juillet au moment où certains souhaiteraient plutôt isoler le président américain, la Berliner Zeitung juge en revanche que « le champagne était cette année éventé ». Tout en reconnaissant que la raison d’Etat et l’une des règles de la diplomatie veulent que l’on parle et négocie avec ses ennemis, le journal s’émeut de la présence de Donald Trump en ce jour si symbolique placé sous le signe de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, au motif que le président américain foule aux pieds ces valeurs en cherchant à ériger des murs, à exclure les musulmans et en faisant fi de l’urgence climatique.

Commémoration de la rafle du Vél d’Hiv

Le discours prononcé par le président de la République en présence du Premier ministre israélien impressionne favorablement les médias allemands, qui retiennent qu’il a « réaffirmé la responsabilité [de la France] » (FAZ, tageszeitung) et « nommé les assassins » (Süddeutsche Zeitung). « Macron est assez jeune et courageux pour rappeler la responsabilité de la France, c’était nécessaire alors que Marine Le Pen avait en avril réactivé les vieux mensonges dédouanant la France de toute responsabilité » dans la déportation de 13 000 juifs en juillet 1942, considère la Süddeutsche Zeitung./.