Aujourd’hui en Allemagne. 19 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

19 juillet 2017

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note « l’échec de la réforme de santé au sénat américain » tandis que le quotidien des affaires Handelsblatt juge que « Trump affaiblit le dollar », la monnaie américaine se dépréciant en raison des doutes des investisseurs sur la capacité du président américain à mettre en œuvre son programme économique. Die Welt publie une interview sur l’intégration du secrétaire d’Etat aux finances Jens Spahn (CDU) qui juge que « l’Allemagne court le risque de devenir davantage réceptive à la violence ». La Süddeutsche Zeitung titre sur la proposition d’Audi, de BMW et de Mercedes de modifier les véhicules diesel en circulation présentant un niveau d’émissions polluantes élevé : « un peu d’ajustement pour le diesel ». Der Tagesspiegel titre à nouveau sur les tensions germano-turques et observe que, dans le contexte électoral allemand, « le SPD, les Verts et Die Linke exigent une politique plus ferme à l’égard de la Turquie ».
  2. Allemagne

« L’Allemagne court le risque de devenir réceptive à la violence » (Die Welt)

Die Welt publie en Une un entretien avec Jens Spahn, secrétaire d’Etat au ministère fédéral des finances et membre du bureau fédéral de la CDU, qui appelle à un débat ouvert sur les problèmes liés à l’immigration. Quelques jours après des échauffourées en marge d’une fête dans la municipalité de Schorndorf (Bade-Wurtemberg) mettant en cause un Irakien et un groupe d’Afghans, Jens Spahn estime que ce qui s’est passé au cours du week-end à Schorndorf « n’est que le reflet du quotidien dans de nombreux autres lieux en Allemagne et laisse entrevoir la vaste tâche que représente le défi de l’intégration ». Il convient, selon lui, de ne pas sous-estimer l’ampleur de cette tâche car « la société allemande court le risque de voir progresser plus que jamais l’antisémitisme, l’homophobie, le machisme et la violence ». « Trop de gens considèrent que chaque culture différente constitue par définition un enrichissement. Or, je ne perçois pas comme enrichissement ce à quoi nous assistons quotidiennement en matière de dévalorisation de la femme », déclare-t-il avant de critiquer au passage sévèrement la ministre Aydan Özoguz (SPD), en charge pour le gouvernement fédéral des questions d’intégration, à qui il reproche d’ignorer les problèmes. Interrogé en outre sur la crise migratoire, J. Spahn estime qu’au lieu d’acheminer en Italie les migrants interceptés en Méditerranée, il faudrait les renvoyer sur les côtes africaines, si nécessaire en faisant appel à l’armée allemande dans le cadre de son mandat au large de la Libye. Il appelle également à réexaminer la convention de Genève qui, en 1954, a été conçue pour faire face à une situation autre qu’aujourd’hui.

Diesel et émissions polluantes : « les constructeurs automobiles vont mettre à jour gratuitement les véhicules diesel » (Bild)

L’ensemble de la presse relaie les annonces faites par Mercedes, BMW et Audi d’une mise à jour gratuite de leurs logiciels incriminés dans le scandale aux émissions polluantes. Le Handelsblatt indique de son côté que le constructeur Porsche envisage de renoncer totalement à la construction de véhicules diesel. La Süddeutsche Zeitung, qui revient sur le débat « explosif » portant sur l’interdiction de circulation des véhicules diesel dans les grandes villes, indique que selon la fédération automobile allemande quelque 420 000 emplois seraient directement menacés si le gouvernement, comme le préconisent les Verts, décidait de mettre fin au moteur à combustion à l’horizon 2030.

Alors que le quotidien de Munich se montre sceptique sur la pertinence du rappel par les constructeurs de leurs modèles, estimant que le diesel est à plus ou moins brève échéance condamné, la FAZ s’inscrit en faux contre toute mesure punitive qui se traduirait par une interdiction du diesel. Pour le journal, il faut faire confiance à l’inventivité du secteur automobile et favoriser, comme le font déjà certains pays, les véhicules électriques, via des places de parking gratuites ou encore des voies de circulation dédiées.

  1. International

« Merkel condamne la détention d’un Allemand en Turquie » (Süddeutsche Zeitung)

La décision d’un tribunal d’Istanbul d’ordonner mardi le placement en détention de six militants des droits de l’homme – dont la directrice d’Amnesty International en Turquie mais aussi l’Allemand Peter Steudtner, accusés d’appartenance à une organisation terroriste – confirme les craintes des médias d’une dérive dictatoriale du président Erdogan. Dans le contexte de la campagne électorale allemande, elle offre également une nouvelle occasion pour le SPD de mettre la chancelière Merkel sous pression, considère la presse. Les journaux relèvent que suite à de vives critiques du président du groupe SPD au Bundestag, Thomas Oppermann, appelant Angela Merkel à changer sa stratégie de « laisser-faire » vis-à-vis d’Ankara, la chancelière s’est déclarée « fermement convaincue que cette arrestation est absolument injustifiée » en marge d’un gala sportif à Berlin. Le Tagesspiegel souligne, à la Une, que le SPD a à nouveau joint sa voix à celle des partis d’opposition de gauche, les Verts et Die Linke, pour réclamer «une politique plus dure à l’égard de la Turquie ». Le tabloïd Bild fait état d’un bilan du gouvernement, en réponse à une question parlementaire, selon lequel depuis la tentative ratée de putsch en juillet 2016, 22 Allemands ont été incarcérés, neuf d’entre eux étant toujours emprisonnés, dont le correspondant de Die Welt en Turquie Deniz Yücel. Les commentateurs s’alarment de voir la Turquie « replonger dans la répression des années 1980, même les exécutions ne sont plus très loin » (Süddeutsche Zeitung) et « n’avoir plus rien d’un Etat de droit, le procès politique fait aux militants des droits de l’homme étant pour tous les opposants d’Erdogan un avertissement qu’ils ne sont plus nulle part en sécurité en Turquie » (FAZ). Plusieurs quotidiens, notamment le Tagesspiegel et la Berliner Zeitung, considèrent que Berlin doit désormais ne plus se contenter de mots, fussent-ils sévères, mais faire pression sur Ankara par le biais de sanctions économiques : « stop aux aides financières et aux livraisons d’armes, stop aux préparatifs d’une union douanière élargie », exige le Tagesspiegel, « il faut faire pression là où cela fait mal, l’économie », renchérit la Berliner Zeitung.

« Les rebelles créent une ‘petite Russie’ dans l’Est de l’Ukraine » (Die Welt)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que le gouvernement allemand a qualifié de « totalement inacceptable » la proclamation d’un nouvel Etat (Malorossia) par les séparatistes à l’Est de l’Ukraine et que Berlin attend que la Russie la condamne. Dans leurs commentaires, les journaux y voient une nouvelle « provocation » (FAZ) et une « intensification des pressions » (Die Welt) exercées par Moscou qui, précise Die Welt, a menacé, en marge du G20 de reconnaître le nouvel Etat. Dans un éditorial, le quotidien de Berlin évoque une « farce dangereuse » pour qualifier le « jeu de marionnettiste » à peine voilé auquel s’adonne la Russie dans l’Est ukrainien. Le journal souligne que cette diversion intervient trois ans jour pour jour après le crash du vol MH17 dans lequel la Russie nie toujours toute responsabilité.

La FAZ note que cette provocation intervient à un moment où Washington et Berlin cherchent à apporter un soutien accru à Kiev. L’administration américaine vient de nommer un nouvel envoyé spécial en la personne de Kurt Volker et réfléchit, croit savoir le journal, à accroître les livraisons d’armes à l’Ukraine. De son côté, la chancelière aurait profité du sommet du G20 pour relancer l’idée de nommer des représentants spéciaux du G7 auprès du gouvernement ukrainien, l’ancien ministre-président de Saxe Georg Milbradt (CDU) étant pressenti pour représenter l’Allemagne, affirme le quotidien de Francfort./.