Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 juillet 2017

  1. Les tensions entre Berlin et Ankara après la mise en détention d’un Allemand militant des droits de l’homme en Turquie font les gros titres de la presse : « Berlin redoute que la Turquie ne conduise une politique de prise d’otages systématique » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « l’Allemagne perd patience avec la Turquie » (Die Welt), « Berlin perd patience avec Ankara » (Der Tagesspiegel). La Süddeutsche Zeitung cite la présidente de la plus haute juridiction polonaise qui juge qu’« il n’y a plus de séparation des pouvoirs en Pologne » avec le projet de loi sur la justice. Le quotidien des affaires Handelsblatt s’inquiète des projets de « sanctions américaines contre l’Europe » visant à mettre fin aux livraisons de gaz et de pétrole originaires de Russie, mesures qui pourraient toucher durement les intérêts allemands.
  2. Europe

« L’Union européenne menace de sanctionner la Pologne pour sa réforme de la justice » (Tagesspiegel

La Süddeutsche Zeitung publie un entretien avec la présidente de la cour suprême polonaise, Małgorzata Gersdorf, qui met en garde contre la disparation de l’Etat de droit en Pologne. Elle affirme que la réforme de la justice que souhaite faire adopter le gouvernement polonais, signifierait de facto  la « fin de la séparation des pouvoirs en Pologne ».

Si l’ensemble de la presse salue la menace de la Commission européenne, par la voix de son vice-président Frans Timmermans, de déclencher un mécanisme de sanction en vertu de l’article 7 des traités et d’accentuer ainsi la pression sur Varsovie, la plupart des journaux se montrent néanmoins sceptiques dans leurs commentaires quant aux résultats que l’on peut attendre de « l’option nucléaire » (tageszeitung), ce « maudit article 7 » (Süddeutsche Zeitung) qui requiert, comme le rappelle Die Welt, l’unanimité des 27 autres Etats membres et qui mettrait l’Allemagne en difficulté. Le quotidien de Berlin ne doute pas que la Hongrie y opposera son veto et estime que les menaces de Bruxelles « tombent à plat » (Die Welt). Dans un commentaire plus large, Die Welt s’émeut de l’atmosphère de « guerre civile froide » qui souffle sur le continent européen et déplore les dérives autoritaires que connaissent la Turquie, la Hongrie et la Pologne.

  1. International

« L’Allemagne perd patience avec la Turquie » (Die Welt)

L’escalade des tensions entre Berlin et Ankara en réaction à l’incarcération d’un militant allemand des droits de l’homme à Istanbul fait la Une de plusieurs journaux, toute la presse rapportant que le ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel (SPD), en accord avec la chancelière Merkel (CDU), a fait convoquer hier à l’Auswärtiges Amt l’ambassadeur turc en Allemagne pour lui exprimer « très clairement et sans verbiage diplomatique » l’indignation du gouvernement allemand, selon le porte-parole de l’AA. Le chef de la diplomatie allemande a interrompu ses congés pour tenir aujourd’hui une réunion d’urgence, lors de laquelle devrait être notamment décidé de publier une mise en garde contre les voyages en Turquie sur la page des conseils aux voyageurs de l’Auswärtiges Amt, mesure qui porterait un coup sensible au secteur turc du tourisme, soulignent plusieurs quotidiens. Pour la FAZ, le retour à Berlin de Sigmar Gabriel se justifie au regard de la gravité de la situation : « Berlin redoute que la Turquie ne conduise une politique de prise d’otages systématique », affirme le journal, à l’instar de Bild qui, de source diplomatique allemande, explique que le président Erdogan « utilise les prisonniers comme des otages pour obtenir l’extradition de ressortissants turcs ayant demandé l’asile politique en Allemagne après la tentative de putsch ratée ». « Erdogan a déjà proposé discrètement il y a deux semaines d’échanger le journaliste Deniz Yücel, retenu depuis 157 jours, contre deux généraux de l’armée turque réfugiés en Allemagne », poursuit le tabloïd qui cite la réaction d’un porte-parole de l’Auwärtiges Amt : « il est bien sûr hors de question que nous acceptions un tel marché ». Toute la presse se fait enfin l’écho d’un article de l’hebdomadaire Die Zeit révélant que le secteur privé allemand est également visé par le gouvernement turc, qui a remis aux autorités allemandes une liste de sociétés et personnes suspectées de soutien au prédicateur Güllen, sur laquelle figurent de grands noms du Dax tels que Daimler et BASF. Les journaux se prononcent désormais clairement en faveur de sanctions économiques, tout en appelant à ne pas aller jusqu’à couper les ponts avec la Turquie pour préserver l’avenir et les relations entre les sociétés civiles.

  1. France

« Un général pourrait déclencher une tempête de protestations contre Macron » (Die Welt)

L’ensemble des journaux consacrent des articles à la démission du chef d’état-major des armées. Soulignant unanimement que le départ du général de Villiers intervient après l’annonce de 850 millions d’économies à réaliser dans le budget de la défense en 2017, ils soulignent le caractère inédit d’un tel départ. De l’avis de la FAZ, il s’agit du « second coup de cymbale qui fait sursauter la hiérarchie militaire » après la démission au bout d’un mois de la ministre Sylvie Goulard. « Le jeune président se trouve soudainement confronté à une résistance à laquelle il n’était peut-être pas aussi préparé qu’aux probables contestations visant sa réforme du marché du travail », estime le quotidien de Francfort pour qui cette démission est un « avertissement que le président de la République doit prendre au sérieux »,  au moment où les soldats, qu’ils soient en mission à l’étranger ou participent sur le territoire à la lutte contre le terrorisme, sont particulièrement sollicités. Pour la Süddeutsche Zeitung, « les hostilités sont désormais ouvertes » car « par des coupes budgétaires, aussi nécessaires soient-elles, Emmanuel Macron ne saurait se faire des amis » et il y a fort à parier que « les résistances vont se faire jour un peu partout : au niveau des communes, des régions, des organisations sociales et des syndicats ». Face à ce qui risque de suivre, le général de Villiers apparaît encore comme un « adversaire facile », conclut le journal./.