Aujourd’hui en Allemagne. 24 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

24 juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Deux sujets se partagent les Unes de la presse : la Turquie et les suites des révélations par l’hebdomadaire Spiegel de l’existence depuis les années 1990 d’un cartel formé par les constructeurs automobiles Volkswagen, Audi, Porsche, BMW et Daimler, qui se seraient concertés entre autres sur la réduction des émissions polluantes de leurs véhicules diesel. « L’industrie automobile menacée d’une vague de plaintes », titre la Süddeutsche Zeitung; « l’industrie automobile en crise », titre le Handelsblatt; « les constructeurs allemands en peine pour s’expliquer », affiche à sa Une le Tagesspiegel. La Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt reprennent en titre respectivement des propos du président fédéral : « Steinmeier : un signal d’arrêt à Erdogan est une question d’estime de soi » et du président de la commission de la défense du Bundestag, Wolfgang Hellmich (SPD) : « le gouvernement fédéral devrait fixer un délai à la Turquie » concernant l’accès des parlementaires à la base militaire turque de Konya.
  2. Allemagne-Turquie

Le ton monte à nouveau d’un cran entre Berlin et Ankara

Les responsables politiques allemands se sont livrés ce week-end par voie de presse à une surenchère de déclarations critiques vis-à-vis de la Turquie. Dans son interview d’été à la chaîne ZDF, le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier (SPD), a accusé son homologue turc « non seulement de vouloir se tailler une Turquie sur mesure », mais aussi de persécuter « ce qui reste de l’opposition » et d’anciens membres de son parti. « Nous ne pouvons l’accepter, c’est une question d’honneur pour notre pays de dire stop très clairement », déclare-t-il en justifiant de faire pression sur Ankara dans le domaine économique. Dans un entretien accordé à Die Welt am Sonntag, le président de la CSU et ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, préconise pour sa part la suspension du versement des aides européennes à la Turquie dans le cadre des négociations d’adhésion, proposition également émise par Martin Schulz sur les ondes de la radio publique Deutschlandfunk. « Le comportement de la Turquie est inacceptable et les mesures prises par l’Allemagne sont absolument nécessaires, l’ensemble du gouvernement fédéral s’accorde sur ce point », considère aussi le chef de la chancellerie fédérale, Peter Altmaier (CDU) dans Bild am Sonntag. Dans son édition de samedi, le tabloïd Bild publiait une lettre ouverte (en allemand et en turc) du ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), adressée à la communauté turque d’Allemagne, pour expliquer le durcissement de la position de Berlin vis-à-vis d’Ankara et souligner que cette nouvelle ligne politique ne vise en rien les ressortissants turcs ni les personnes d’origine turque qui vivent en Allemagne. Le président Erdogan n’a pas été en reste d’accusations à l’égard de Berlin, soulignent les journaux. « Erdogan déclare : les menaces allemandes ne nous font pas peur », titrait Die Welt samedi. Parallèlement, le vice-premier ministre turc Mehmet Simsek tente, dans des déclarations conciliantes au Handelsblatt, de rassurer les partenaires économiques de la Turquie. « Le régime turc joue la stratégie ‘bon policier, mauvais policier’ pour faire porter à Berlin le chapeau de la dégradation des relations économiques, mais l’Allemagne ne doit pas se laisser impressionner », commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung, pour qui il appartient maintenant à l’Union européenne  de « réorienter sa politique turque ».

  1. Allemagne-Europe

« Schulz met en garde contre une nouvelle crise migratoire » (Bild am Sonntag)

Dans les colonnes de l’édition dominicale de Bild, le candidat tête de liste du SPD aux élections au Bundestag, Martin Schulz, considère qu’une réédition de la crise des réfugiés de 2015 menace si des mesures immédiates ne sont pas prises et critique ouvertement la chancelière « qui à l’époque a ouvert les frontières certes dans une bonne intention humanitaire mais malheureusement sans concertation avec nos partenaires européens ». « Jouer la montre et ignorer ce sujet jusqu’aux élections est un comportement cynique », ajoute-t-il en précisant qu’il doit rencontrer à ce sujet jeudi à Rome le président du Conseil italien et envisage de proposer que la Commission européenne incite, par des subventions, les « autres » pays de l’Union européenne à relocaliser des réfugiés arrivant en Italie. Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier (SPD), appelle pour sa part la classe politique à se montrer plus honnête s’agissant de l’intégration des réfugiés dans la société allemande, dans son interview à la chaîne de télévision publique ZDF : « il faut dire aux gens que c’est une tâche énorme qui pourrait prendre des décennies », insiste-t-il. Enfin, les journaux relèvent que le président de la CSU et ministre-président de Bavière, Horst Seehofer, qui ne manque pas une occasion de mettre en garde contre une recrudescence de l’immigration illégale, rappelle une fois de plus que les conservateurs bavarois, en dépit de la trêve conclue avec le parti de la chancelière, continuent de réclamer un plafonnement à 200 000 des demandeurs d’asile accueillis par an en Allemagne.

La presse, notamment de centre-gauche, n’apprécie guère la manière dont le SPD, et notamment son chef de file, agite le spectre de la crise migratoire pour des raisons électorales. « Même si Martin Schulz a raison de souligner le caractère toujours actuel de cette question, la manière dont il le fait montre qu’il cherche surtout désespérément une solution pour remonter la pente des sondages », critique la Berliner Zeitung. La Süddeutsche Zeitung considère la proposition de Martin Schulz comme « peu convaincante » et pointe le changement de ton vis-à-vis de la chancelière, dont il louait par le passé la politique migratoire : « c’est une pitoyable tentative de se démarquer d’elle ». « Son déplacement à Rome apparaît trop comme une manœuvre électorale pour être crédible », juge également le Handelsblatt qui rappelle, à l’instar de la FAZ, que le SPD a, en 2015, soutenu les décisions prises par la chancelière au plus fort de la crise migratoire.

Secteur automobile allemand : « la commission européenne examine les accusations de cartel » (FAZ)

L’ensemble de la presse se fait l’écho des révélations de l’hebdomadaire Spiegel concernant l’existence en Allemagne depuis les années 1990 d’une étroite concertation entre les constructeurs automobiles Volkswagen, Audi, Porsche, BMW et Daimler qui auraient constitué des groupes de travail secrets afin de se concerter sur la technique utilisée dans les voitures, les coûts, les sous-traitants, les marchés, les stratégies et aussi la diminution des émissions polluantes de leurs véhicules diesel. Ces quelque soixante groupes de travail rassemblant plus de 200 salariés se seraient penchés sur tous les domaines du développement de la voiture, les moteurs diesel et essence, les freins, l’embrayage et la transmission et auraient discuté du choix des sous-traitants et des prix, avance le Spiegel qui affirme tirer cette information d’un document écrit que le groupe Volkswagen aurait adressé aux autorités de la concurrence en juillet 2016, comme une sorte d’auto-dénonciation.

Le Handelsblatt fait part de la réaction de la ministre de l’économie, Brigitte Zypries (SPD), qui a appelé les constructeurs automobiles à coopérer avec les autorités et à faire toute la transparence sur l’affaire. Le quotidien des affaires note également que les Verts appellent à dessaisir le ministre des transports du dossier et réclament la réunion de la commission des transports du Bundestag. Dans leurs réactions éditoriales, les journaux dénoncent « l’énergie criminelle » (Bild) déployée par le secteur automobile et s’accordent à constater qu’après le scandale des émissions polluantes, cette nouvelle affaire vient porter un coup fatal à un secteur qui constitue l’un des fleurons de l’industrie allemande avec des centaines de milliers d’emplois à la clé. « La conséquence ne peut être pour les responsables politiques que davantage de mécanismes de surveillance et de contrôle », préconise la Berliner Zeitung, la plupart des journaux indiquant que ces nouvelles révélations vont fournir matière à discussion lors du « forum sur le diesel » auquel convient le 2 août prochain les ministres de l’économie et des transports.

  1. International

« Esplanade des Mosquées : stopper la spirale » (Tagesspiegel)

La presse s’inquiète de l’escalade des tensions à Jérusalem-Est, dix jours après le meurtre de deux policiers israéliens et après une semaine marquée par de sanglantes échauffourées ayant fait cinq morts côté palestinien, trois du côté israélien et de nombreux blessés. « Les réactions de part et d’autre sont acérées » commente le Tagesspiegel, alors que Mahmoud Abbas a annoncé le « gel de tous contacts » avec Israël (Süddeutsche Zeitung). Dans leurs commentaires, les journaux se montrent critiques envers la mise en place par Israël, de détecteurs de métaux sur l’esplanade des Mosquées ayant immédiatement provoqué la colère des Palestiniens et de nombreuses manifestations réprimées par les forces de l’ordre. A l’instar du Tagesspiegel qui juge qu’Israël savait qu’en renforçant aussi drastiquement les contrôles d’accès à la Mosquée Al Aksa, troisième lieu saint de l’islam, elle ne pouvait que s’attirer les foudres du monde arabe. « Le gouvernement israélien aurait dû entendre les mises en garde de ses services de sécurité » estime le Handelsblatt pour qui l’escalade des tensions à Jérusalem-Est n’est que  « la récompense de la bêtise » pour l’Etat hébreu et l’entêtement de Benyamin Netanyahou. « L’expérience politique des membres du gouvernement aurait dû suffire à prévoir l’escalade » estime aussi la Süddeutsche Zeitung pour qui l’on peut comprendre le reproche formulé par la partie palestinienne accusant Israël de chercher à s’assurer petit à petit le contrôle du site. « Céder n’est pas capituler », fait valoir la Berliner Zeitung qui invite le Premier ministre israélien à renoncer aux détecteurs de métaux afin de permettre la désescalade./.