Aujourd’hui en Allemagne. 25 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

25 juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Deux sujets se partagent les unes de la presse : la Pologne, d’une part, et les suites des révélations sur le cartel qu’auraient constitué les constructeurs automobiles allemands d’autre part. « La réforme de la justice en Pologne provisoirement stoppée », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung; « le président polonais bloque par son veto la réforme de la justice », titre Die Welt. La Süddeutsche Zeitung indique à sa Une que « Daimler a précédé Volkswagen en se dénonçant » et le Handelsblatt que « la branche automobile se défend du soupçon de cartel ».
  2. Allemagne

Soupçon de cartel dans le secteur automobile allemand 

Indiquant que Daimler, et non Volkswagen, a été le premier des constructeurs automobiles à se dénoncer auprès des autorités, la Süddeutsche Zeitung fait valoir que le constructeur peut espérer s’en sortir sans sanction pour le cas où la commission européenne déciderait de pénaliser financièrement la branche automobile. Chez Volkswagen, « la nervosité augmente », souligne le Handelsblatt qui relève que l’entreprise a convoqué une réunion extraordinaire de son conseil d’administration demain. Indiquant que la sphère politique entretient des liens très étroits avec le secteur automobile en Allemagne, les journaux s’interrogent sur ce que savaient les responsables politiques et l’office fédéral des cartels. Dans un entretien au Handelsblatt, Matthias Wissmann, président de la fédération automobile allemande, se défend d’avoir été au courant de quoi que ce soit.

« La discussion sur les réfugiés repart de plus belle après les propos tenus par Schulz » (FAZ)

La presse note que les propos de Martin Schulz mettant en garde contre une réédition de la crise migratoire de l’été 2015 et reprochant à la chancelière son absence de concertation avec ses homologues européens ont suscité de vives critiques dans les rangs de la CDU/CSU et chez les Verts. De l’avis de Die Welt, la surprenante « volteface » du candidat tête de liste du SPD s’explique par le fait qu’il a besoin d’un sujet mobilisateur susceptible de le faire progresser dans les sondages. Selon la dernière enquête INSA que publie Bild, le SPD plafonne à 25%, tandis que la CDU/CSU recueille 37,5% d’opinions favorables (+1,5 point). D’un point de vue strictement mathématique, ces scores rendent autant une réédition de la grande coalition (62,5%) qu’une alliance entre les conservateurs, les Verts et les libéraux (52,5%) possible, souligne le tabloïd.

  1. Europe

« La réforme de la justice en Pologne provisoirement stoppée » (FAZ)

Les quotidiens se félicitent de la décision d’Andrzej Duda d’opposer son veto aux deux projets de loi controversés portant sur le Conseil national de la magistrature et sur la Cour suprême polonaise. « C’est la meilleure nouvelle des deux dernières années en Pologne » se réjouit ainsi le Tagesspiegel. Dans leurs commentaires, les journaux s’interrogent toutefois sur les raisons qui ont conduit le président polonais à « s’émanciper ». Les journaux ne sont guère élogieux envers un président qu’ils décrivent comme « le sous-fifre de Kaczyński » (Tagesspiegel), une « marionnette » (Die Welt) ou encore un « notaire sans volonté » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Particulièrement sceptique sur les motifs qui ont poussé le président Duda à s’affranchir de la tutelle de son mentor, le président du PiS, Die Welt, tout comme la Süddeutsche Zeitung, se demande si ce veto est motivé par une véritable inquiétude pour l’Etat de droit en Pologne ou répond à un simple calcul politique. Le journal n’exclut pas que Duda ait pris sa décision après concertation avec J. Kaczyński qui, en « fin limier », se serait aperçu à temps que ses projets allaient trop loin. La presse se fait également fort de rappeler que le président polonais n’a stoppé que deux des trois projets de loi controversés, celle portant sur la réforme des tribunaux de droit commun restant maintenue. Ceci amène le Tagesspiegel à oberver que le « conflit n’est pas terminé ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung estime néanmoins que la décision du président Duda est de bon augure pour l’Union européenne car elle lui évite d’engager une procédure de sanction qui aurait pris des allures « d’ingérence ».

  1. International

« Les sanctions américaines contre la Russie contrarient l’UE » (Süddeutsche Zeitung)

Le projet du Congrès américain d’adopter des sanctions contre la Russie visant les entreprises coopérant partout dans le monde au développement et à l’entretien de projets russes et qui toucheraient notamment le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, est critiqué par l’Union européenne qui souligne que de telles sanctions « touchent à l’indépendance énergétique et à la sécurité énergétique » de l’Europe, rapportent la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt. Pour la FAZ, ce projet de loi américain, s’il vise avant tout à restreindre la marge de manœuvre d’un Donald Trump soupçonné de complaisance vis-à-vis de Moscou, « a de lourds effets collatéraux, à commencer par l’abandon du principe de démarche concertée entre les Etats-Unis et l’UE » s’agissant des sanctions contre la Russie après l’annexion de la Crimée. Plus grave, s’inquiète le journal, le projet vise expressément la construction du gazoduc Nord Stream 2 qui, aux yeux de l’administration américaine, crée une dépendance énergétique dommageable de l’Union européenne à la Russie. Or, souligne le quotidien, l’Europe est bien consciente des risques d’un tel projet et cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement : « c’est à l’Europe qu’il revient de débattre de son indépendance énergétique, les Etats-Unis n’ont pas à s’en mêler », s’insurge le journal en fustigeant « l’impérialisme des sanctions ». La Süddeutsche Zeitung, qui partage cette analyse, pointe le fait que le Congrès ne cherche pas seulement à lier les mains du président américain dans ses rapports avec la Russie, « ce qui se comprend », mais qu’il poursuit également des « objectifs moins avouables », notamment obliger les Européens à importer davantage de gaz américain et moins de gaz russe.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel (SPD) avait déjà, à la mi-juin, violemment critiqué le projet de nouvelles sanctions américaines et juge que Washington peut, à juste titre, considérer que l’Allemagne est mal placée pour s’insurger contre un durcissement des sanctions, compte tenu des récentes informations selon lesquelles des turbines livrées par Siemens à la Russie ont été détournées de leur destination première pour être montées en Crimée, en violation des sanctions européennes et du contrat. « Une affaire gênante pour l’Allemagne, que Siemens se soit fait ‘juste’ rouler par les Russes ou que l’entreprise ait été plus ou moins complice », commente la FAZ.

Ukraine / conférence téléphonique en format Normandie

Le Tagesspiegel rend compte dans un article factuel de la conférence téléphonique des chefs d’État et de gouvernement du format Normandie (France, Allemagne, Russie, Ukraine) en notant qu’il s’agissait de la première participation du président de la République à cette conférence. Le quotidien revient sur l’évolution de la situation dans l’est de l’Ukraine (« un arrêt des hostilités n’est pas en vue ») et indique que les chefs ont convenu d’une nouvelle réunion en août au niveau de leurs conseillers diplomatiques.

« La Turquie fiche la paix aux entreprises allemandes » (Die Welt)

Après l’escalade verbale du week-end entre Berlin et Ankara, les quotidiens font le constat d’une « première concession » (Die Welt) de la Turquie, dont le ministre de l’Intérieur a annoncé que la liste d’entreprises allemandes suspectées de soutien au terrorisme transmise aux autorités allemandes pour complément d’enquête était caduque et qu’aucune instruction n’était menée contre des sociétés allemandes. « Il s’agissait en fait de firmes qui avaient refusé de participer à une campagne de promotion pour des investissements en Turquie. La Turquie voulait juste leur faire payer cette mauvaise volonté et cela s’est retourné contre elle », analyse la FAZ. La presse suit par ailleurs avec attention l’ouverture à Istanbul du procès fait aux journalistes du quotidien turc Cumhuriyet.

  1. France

« Macron veut servir d’intermédiaire dans le conflit libyen » (FAZ)

La correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un avant-papier à la rencontre aujourd’hui à La Celle-Saint-Cloud des dirigeants des deux camps rivaux libyens et signale que l’Elysée s’est employé à « modérer les attentes face à cette rencontre en indiquant que contribuer à rapprocher les deux parties méritait d’être tenté ». « Avec le discret soutien du président américain, le président de la République joue les intermédiaires dans le conflit libyen », note le quotidien qui souligne que les enjeux pour Paris sont avant tout le risque terroriste et la pression migratoire./.