Aujourd’hui en Allemagne. 27 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

27 juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne sur le règlement Dublin III fait les gros titres des trois grands quotidiens allemands : « Berlin interprète le jugement de la CJUE comme une confirmation de sa politique migratoire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « l’ouverture des frontières par Merkel conforme au droit » (Süddeutsche Zeitung) ; « décision de justice claire en matière d’accueil des réfugiés » (Die Welt). Le quotidien des affaires Handelsblatt ouvre son édition du jour sur l’« aide en provenance des Etats-Unis pour la Commerzbank », signalant l’entrée d’un investisseur américain au capital de la banque.
  2. Allemagne

« L’Union européenne au courant depuis des années du soupçon de cartel dans la branche automobile » (Süddeutsche Zeitung)

Après avoir indiqué hier que Daimler était le premier constructeur allemand à s’être dénoncé, et ce, dès 2014, la Süddeutsche Zeitung indique aujourd’hui que Daimler avait également informé l’office fédéral des cartels et que la commission européenne était au courant depuis des années du fait que le secteur automobile contrevenait à la législation anti-cartels.

Sous le titre « le gouvernement fédéral n’a pas de projet pour l’interdiction du moteur à combustion », la FAZ reprend des déclarations d’une porte-parole adjointe du gouvernement fédéral qui a indiqué hier qu’une interdiction des moteurs à combustion, qu’ils soient diesel ou à essence, n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement fédéral. Le journal fait valoir qu’au lieu de chercher à « diaboliser » le diesel, Berlin préfère se concentrer sur des alternatives en encourageant notamment l’électromobilité. La FAZ signale aussi qu’après la France c’est à présent la Grande-Bretagne qui a annoncé la fin du moteur à combustion à l’horizon 2040.

  1. Europe

« La grande coalition salue le jugement de la CJUE sur le droit d’asile » (Tagesspiegel)

La Cour de justice de l’Union européenne a confirmé hier que même au plus fort de la crise migratoire de 2015, le règlement de Dublin III, prévoyant que les demandes d’asile doivent être déposées dans le pays d’entrée dans l’UE, restait en vigueur et que la décision de la Croatie de laisser les réfugiés arrivant des Balkans poursuivre leur route vers la Slovénie et l’Autriche n’était pas conforme au droit européen, rapporte l’ensemble de la presse : « exfiltrer les migrants illégaux vers le pays voisin est illicite » (Tagesspiegel, Handelsblatt). La CJUE a parallèlement confirmé que le règlement de Dublin octroyait aux Etats membres le droit de prendre en charge des demandeurs d’asile étant entrés sur le territoire communautaire via un autre Etat membre, précisent les quotidiens.

Ce jugement, qui constitue selon la presse une « défaite pour la Croatie » (FAZ), a été accueilli avec satisfaction par le gouvernement fédéral, qui s’estime conforté dans sa politique migratoire, soulignent la Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt. « Cette décision confirme notre position selon laquelle Dublin était bien évidemment toujours en vigueur, même dans ce contexte exceptionnel, c’est d’ailleurs toujours sur cette base que nous avons agi au niveau gouvernemental », a réagi Johannes Dimroth, porte-parole du ministère fédéral de l’Intérieur, sur la chaîne de télévision RTL. Berlin a toujours considéré que le règlement de Dublin l’autorisait à prendre en charge des demandes d’asile relevant sur le principe d’autres Etats membres, tout en revenant très vite, dès le 21 octobre 2015, à la procédure normale, explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung en rappelant qu’un autre problème se posait alors, l’impossibilité de renvoyer des migrants en Grèce en raison de la situation intérieure du pays.

Pour l’Italie en revanche, confrontée à un nouvel afflux de migrants illégaux et qui réclame la solidarité des autres Etats membres, le jugement de la CJUE est une « mauvaise nouvelle », fait valoir la presse. Plusieurs responsables politiques s’expriment en ce sens. « Ce jugement ne doit pas conduire l’UE à délaisser ses efforts de réforme du droit d’asile européen », met en garde le député CDU Stephan Mayer, porte-parole du groupe conservateur pour la politique intérieure, dans les colonnes de Die Welt, soulignant que « cette réforme est plus urgente que jamais compte tenu de la situation actuelle en Italie, que l’on ne doit pas abandonner à son sort ». Le Tagesspiegel fait état de la réaction du président et candidat tête de liste du SPD Martin Schulz, appelant l’UE à se doter d’une politique migratoire « digne de ce nom » : « ce n’est pas tolérable que les Etats aux frontières extérieures de l’UE se retrouvent seuls à régler le problème, la solidarité n’est pas une question de géographie mais de principe », a-t-il souligné dans un communiqué que cite le Tagesspiegel.

Qualifiant d’ »évidence » le fait que la CJUE ait rendu un arrêt qui conforte le droit d’asyle tel qu’il figure dans les textes, la FAZ n’en juge pas moins qu’« il faut réformer d’urgence le droit d’asile européen ». « Ce système de Dublin est un système d’irresponsabilité et les juges européens, en rendant une décision mi-figue mi-raisin, ont perdu l’occasion de mettre fin à un tel système », critique également la Süddeutsche Zeitung. « A l’époque, c’est l’Allemagne qui avait plaidé avec véhémence en faveur des règles de Dublin en espérant se débarrasser du problème migratoire », pointe le Handelsblatt, « désormais, ce n’est pas dans le contexte actuel que les Européens récalcitrants vont accepter de faire évoluer les choses. En matière de droit d’asile, le système de valeurs de l’Europe présente une faille », conclut le quotidien économique.

« L’UE retoque l’accord avec le Canada sur le transfert des données des passagers » (Die Welt)

Cet autre jugement de la CJUE suscite des comptes rendus factuels dans une presse attachée, comme l’opinion publique allemande, à la protection des données personnelles. Particulièrement attentive à ces questions, la Süddeutsche Zeitung se félicite que « dans ce cas, l’Europe ait bien fonctionné : la Commission a négocié un accord, dont le parlement européen a estimé qu’il allait trop loin et qu’il a soumis à l’expertise de la Cour de justice de l’UE, laquelle a clairement considéré que plusieurs dispositions n’étaient pas compatibles avec les droits fondamentaux européens ». Même en tenant compte des exigences de la lutte contre le terrorisme, on ne peut ignorer le danger de dérives totalitaires inhérent au traçage informatique de tout individu, considère la Süddeutsche Zeitung pour qui « la sécurité totale n’est pas possible dans une société libre, sauf à la transformer en prison ».

  1. International-France

Libye/rencontre de La Celle-Saint-Cloud : « grandes promesses, maigres perspectives » (tageszeitung)

Après les comptes rendus d’hier, la rencontre est aujourd’hui commentée par la Süddeutsche Zeitung et la tageszeitung qui se félicitent des engagements pris par les deux camps libyens, mais font valoir leurs doutes quant à la mise en œuvre concrète du plan en dix points. « Le simple fait que les deux plus importants chefs libyens puissent s’accorder sur une déclaration commune témoigne d’un réel progrès vers la réconciliation nationale en Libye », salue ainsi la tageszeitung. « La rencontre était plus qu’une mise en scène réussie et il revient au président Macron le mérite d’être parvenu à réunir à ses côtés les deux hommes », écrit la Süddeutsche Zeitung qui rappelle que l’Egypte s’y était employée sans succès en février dernier et fait valoir que « pour l’Europe il n’y a pas d’alternative à un accord entre le général Haftar et le chef du gouvernement d’union nationale Fayez Sarraj ». « Toutefois, à y regarder de plus près, la percée diplomatique de M. Macron paraît plutôt modeste », poursuit le quotidien de Munich, car « ce qu’il manque sur le papier ce sont les étapes concrètes par lesquelles ces honorables mais vagues objectifs peuvent être mis en œuvre, sans compter que fait aussi défaut la signature des deux parties au conflit qui témoignerait de leur réelle bonne volonté ». La tageszeitung estime à son tour que « mettre en œuvre des vœux pieux sera sans nul doute plus difficile que se serrer la main devant les caméras en France. En outre, « la question de la garantie pour le président Macron que son initiative est réellement le début du processus de paix dans ce pays divisé demeure posée », marque encore la tageszeitung.

  1. France

Reprise d’Opel par PSA

Evoquant la publication par PSA de ses résultats pour le 1er semestre 2017, le Handelsblatt signale la « fierté » de son Pdg, Carlos Tavares, face à un niveau de rentabilité de plus de 7% pour la branche automobile et signale que si la marque Peugeot s’en sort bien, il n’en va pas de même pour Citroën, en position de « faiblesse », ou encore DS, le dernière-née, dont les ventes sont en chute libre. « Comment Opel va-t-il s’intégrer dans le groupe ? », s’inquiète le quotidien pour qui l’heure du « réalisme » va bientôt sonner à Rüsselsheim. Carlos Tavares n’a jamais cherché à cacher ce qu’il attend d’Opel : une volonté absolue de changer les choses et de ne plus chercher à embellir la situation, rappelle le journal pour qui la reprise de la filiale allemande de General Motors par PSA risque d’être « douloureuse ». Rapportant que Carlos Tavares s’est entretenu hier avec des journalistes, le correspondant économique de la FAZ note qu’il a réagi au dernier scandale qui éclabousse la branche automobile en mettant en garde contre une détérioration de la réputation de l’ensemble du secteur automobile européen, sans toutefois envisager de poursuites pour un éventuel préjudice subi du fait de l’existence d’un cartel allemand. Estimant que PSA se trouve « en bonne posture pour la reprise d’Opel », il a également assuré vouloir « laisser à Opel de grandes libertés », déclarant que chercher à « mener une politique d’assainissement depuis Paris serait une grave erreur »./.