Aujourd’hui en Allemagne. 28 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

28 juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

  1. Les révélations concernant la branche automobile en Allemagne se poursuivent et font la une de trois quotidiens : « interdiction de mise en circulation de la Porsche Cayenne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « Dobrindt interdit la mise en circulation d’un modèle Porsche » (Die Welt) ; « Audi redoutait déjà en 2013 d’être démasqué » (Süddeutsche Zeitung). Le Tagesspiegel consacre sa une à la politique migratoire suite aux annonces du président de la République hier et titre « Paris et Rome se préparent à lutter contre les passeurs ». Le quotidien économique Handelsblatt indique que la Deutsche Bank « clôt l’épisode de la crise financière » et fait état de l’accord intervenu entre la direction de la banque et dix anciens membres de son comité directeur qui ont décidé de renoncer à tout ou partie de leur bonus, mettant ainsi un terme à des années de contentieux.
  2. Allemagne

Secteur automobile

« Nouvelle dimension dans le scandale éclaboussant le diesel », indique Die Welt qui, comme la FAZ, fait état de la mise en cause de Porsche, filiale du groupe Volkswagen, après la découverte sur le modèle Cayenne d’un dispositif permettant de tricher sur les émissions polluantes. Les deux quotidiens précisent que le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt (CSU), a en conséquence ordonné le rappel des véhicules concernés et annoncé que les véhicules qui sont encore en fabrication n’auront pas l’autorisation de circuler tant que le logiciel incriminé ne sera pas mis aux normes.

Par ailleurs, la presse consacre de nombreux comptes rendus à la visite hier de la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD), chez Volkswagen où, après un entretien avec le Pdg du groupe, elle s’est exprimée devant les caméras pour faire état de sa « déception face au comportement du secteur automobile » et « espérer que la branche soit en mesure de restaurer la confiance ». Elle a à cette occasion annoncé qu’à l’avenir l’Etat prendra en charge le contrôle des émissions polluantes en mettant en place un organisme indépendant qui pourrait être rattaché à son ministère ou à celui en charge de la protection du consommateur.

« Karlsruhe approuve l’expulsion d’islamistes potentiellement dangereux » (FAZ)

Rapportant que la Cour constitutionnelle fédérale a rejeté la plainte d’un ressortissant algérien résidant à Brême estimant que l’argument selon lequel il constituait une menace pour la sécurité publique du fait de sa sympathie avec la violence revendiquée par la mouvance salafiste  ne pouvait à elle seule motiver son expulsion. Par cette décision, le tribunal confirme que la disposition prévue à l’article 58 a de la loi relative au séjour des étrangers en Allemagne est non seulement « compatible avec la loi fondamentale » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) mais également « claire et praticable » (Süddeutsche Zeitung), malgré son caractère liberticide que souligne la FAZ dans un éditorial : « Il s’agit sans aucun doute d’une sévère atteinte aux droits fondamentaux que d’expulser une personne considérée comme une menace terroriste, alors qu’elle n’a encore commis aucun délit ».

Les deux quotidiens indiquent qu’en confortant une pratique à laquelle ont recouru récemment plusieurs Länder, la Cour constitutionnelle n’a fait que « clarifier les choses et donner une leçon de droit » (Süddeutsche Zeitung) relative à une disposition qui existe depuis 2004, mais « qui est longtemps demeurée inappliquée » (FAZ). « L’Etat est fort, mais il l’ignore », met en exergue la Süddeutsche Zeitung : « ce n’est pas la législation qui est insuffisante, mais l’usage qui en est fait ». Le quotidien de Munich regrette notamment que les autorités allemandes aient jugé la disposition « impraticable » dans le cas d’Anis Amri, l’auteur de l’attentat de décembre dernier à Berlin, ce qui aurait permis de le mettre hors d’état de nuire.

  1. France-Europe-International

« Paris : une rencontre en format Weimar va avoir lieu » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que l’Elysée a confirmé son souhait d’organiser une rencontre en format Weimar (France-Allemagne-Pologne) à l’automne, « démentant ainsi des informations polonaises selon lesquelles une telle rencontre n’aurait pas lieu », et précisant qu’il a été convenu avec la chancelière que la rencontre se tiendrait après les élections en Allemagne. Le journal rappelle que la dernière rencontre de ce type s’est tenue en 2011, le président Hollande ayant reporté sine die une rencontre en format Weimar après la décision de la Pologne de renoncer à un contrat d’achat d’hélicoptères. « Le président Macron a pendant sa campagne fait part de son intérêt pour une relance du format Weimar », ajoute le quotidien selon lequel « à Paris, on fait valoir qu’une coopération renforcée avec le président polonais Andrzej Duda présente des perspectives intéressantes ».

« Macron veut retenir les réfugiés en Libye » (Süddeutsche Zeitung)

L’annonce du président de la République de vouloir implanter en Libye des centres où l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pourrait examiner en amont les demandes d’asile de migrants trouve un large écho dans la presse allemande – laquelle est d’autant plus réactive que le président et candidat tête de liste du SPD, Martin Schulz, s’est emparé dernièrement du thème de la crise migratoire pour tenter (sans succès aux yeux des médias) de se démarquer de la chancelière dans la campagne électorale allemande.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel, notamment, font un compte rendu détaillé des propos du président de la République lors de son déplacement à Orléans et du communiqué publié par l’Elysée. Seule la FAZ relève le volet de politique intérieure des annonces du président en indiquant qu’E. Macron ne veut « plus de réfugiés dans les rues », et en notant également l’accent mis sur le renforcement de la coopération franco-allemande s’agissant de la protection des frontières extérieures de l’UE et de l’harmonisation du droit d’asile. La quasi-totalité des médias retient avant tout la volonté du chef de l’Etat d’implanter « dès cet été » en Libye des centres d’enregistrement de migrants, et les précisions apportées par le communiqué sur la conditionnalité à la situation sécuritaire dans le pays. « Bruxelles a réagi avec prudence », souligne la FAZ en citant des déclarations du commissaire européen à l’intérieur Dimitris Avramopoulos. « La commission est de manière générale plutôt réservée face à l’idée d’aménager des ‘hot spots’ à l’extérieur de l’UE en raison des difficultés juridiques et pratiques de sa mise en œuvre », explique la Süddeutsche Zeitung.

« L’idée en soi n’est pas nouvelle », considère la Süddeutsche Zeitung qui récapitule les propositions analogues avancées « depuis dix ans par les responsables politiques de tous bords », notamment en Autriche mais aussi en Allemagne, par le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière (CDU), et en janvier lors du Conseil européen à Malte lorsque la chancelière avait évoqué la nécessité d’aménager des « couloirs humanitaires » en Afrique. « Aménager des camps européens en Afrique pour laisser passer peu d’élus en Europe et décourager tous les autres, c’était déjà une idée d’Otto Schily [ministre de l’Intérieur SPD du chancelier Schröder] en 2005 », ajoute le journal. « M. Macron a ressorti une vieille idée mais qui, sur le principe, apparaît toujours aussi opportune », commente la FAZ, favorable à toute proposition visant à restreindre l’afflux de demandeurs d’asile vers l’Europe. Les éditorialistes s’accordent néanmoins à constater que les obstacles à sa mise en œuvre restent inchangés : « selon quelles règles et sous quelle autorité seraient gérés de tels centres ? Ne faudrait-il pas, dans cet Etat failli, la présence d’une composante militaire ? », s’interroge la FAZ. « Comment sécuriser de tels centres dans une Libye sans structures ? Avec des soldats de l’UE ? Et où renvoyer les déboutés du droit d’asile ? Les interner dans des zones de rétention dans le désert ? Les reconduire, mais où, et comment organiser cela de manière transfrontalière ? », renchérit la Süddeutsche Zeitung pour qui « tant que ces questions restent sans réponse, de tels plans sont, au mieux, hasardeux ». La FAZ avance une dernière objection en se demandant si de tels centres « n’agiraient pas comme des aimants attirant encore plus de migrants ». Pour le quotidien de Francfort, il n’existe pas d’autre solution, à terme, pour endiguer les mouvements migratoires, que de prendre le problème à la source en motivant les migrants à rester dans leur pays.

Chantiers navals STX France : « Paris se remet à nationaliser » (FAZ)

« Afin d’éviter sa reprise par un investisseur italien, l’Etat français décide de nationaliser ses chantiers navals de l’Atlantique, ce qui est révélateur de la ligne préconisée en matière de politique économique », met en exergue la Süddeutsche Zeitung. Tout comme la FAZ, le quotidien de Munich se montre critique vis-à-vis de ce qu’il présente comme un « affront » infligé à l’Italie. « Voyant les intérêts stratégiques de son pays menacés, le président de la République renoue avec la vieille tradition protectionniste française », écrit le quotidien qui signale que les syndicats de STX France se déclarent « majoritairement opposés à une nationalisation et favorables à une reprise par l’investisseur italien Fincantieri ». Dans un commentaire de son correspondant économique en France, la FAZ regrette une décision française, fut-elle provisoire, qui a des airs de « politique industrielle du passé », « le prétendu rénovateur Macron s’inscrivant dans la plus pure tradition jacobine » et estime que « ceci ne laisse rien présager de bon pour les projets européens du président de la République »./.