Aujourd’hui en Allemagne. 21 Juillet 2017

Synthèse de la presse quotidienne

31 juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Deux sujets dominent les Unes de la presse. Les suites de l’attaque au couteau qui a eu lieu vendredi après-midi dans un supermarché de Hambourg, faisant un mort et plusieurs blessés, font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« après l’attentat de Hambourg, des appels à accélérer les expulsions ») et de Die Welt (« après l’attaque au couteau, vives critiques envers les Länder »). A l’approche d’un sommet cette semaine sur l’avenir du diesel, la Süddeutsche Zeitung titre sur le « mécontentement du gouvernement fédéral face à l’industrie automobile ». Sous le titre « le séisme Audi », le Handelsblatt indique que le Pdg du constructeur, filiale de Volkswagen, a décidé de relever de leurs fonctions quatre des sept membres du comité directeur et envisage un plan d’économies de 10 milliards d’euros d’ici à 2020 à des fins d’investissements dans l’électromobilité.
  2. Allemagne

« Le crépuscule du diesel » (Süddeutsche Zeitung)

A l’approche du sommet sur le diesel qui doit se tenir à Berlin mercredi 2 août, les journaux constatent que le gouvernement fédéral perd patience avec l’industrie automobile et que la pression se renforce pour que la branche prenne financièrement à sa charge le rappel des véhicules diesel en infraction et la mise à jour du logiciel truqué. C’est le propos du ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt (CSU), qui dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag appelle instamment la filière automobile à réparer les dommages et à restaurer la confiance car c’est actuellement la réputation de tout le secteur « automobile made in Germany » qui est menacée. Dans un entretien à l’édition dominicale du Tagesspiegel, la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD), appelle elle aussi les constructeurs automobiles à faire face à leurs responsabilités. Interrogée sur un fonds que le secteur automobile envisagerait de proposer, financé à hauteur de 250 millions d’euros par les industriels et à part égale par l’Etat, elle fait valoir qu’un tel projet ne saurait servir à financer les frais de mise à jour du logiciel incriminé. Lors de son interview d’été hier sur la chaîne publique ZDF, Horst Seehofer, ministre-président de Bavière (région des constructeurs BMW et Audi) et chef de la CSU, plaidait en faveur d’allègements fiscaux pour inciter les automobilistes à faire l’acquisition d’un « diesel propre » ou d’un véhicule électrique. Stefan Weil (SPD), ministre-président de Basse-Saxe (Land où se trouve le siège social de Volkswagen) s’est également exprimé en ce sens. Les quotidiens notent qu’estimant que le diesel n’est pas une technologie d’avenir, B. Hendricks refuse toute idée de subvention, de même que les libéraux du FDP.

Attaque au couteau à Hambourg 

Revenant sur l’attaque au couteau survenue vendredi dans un supermarché de Hambourg, qui a fait un mort et 7 blessés, la presse constate qu’à nouveau plusieurs responsables politiques conservateurs et sociaux-démocrates ont insisté sur la nécessité d’appliquer strictement la législation (placement en rétention administrative des personnes amenées à être reconduites à la frontière) et plus largement appelé à une accélération des procédures d’expulsion des demandeurs d’asile déboutés. L’auteur de l’attaque, un Palestinien de 26 ans résidant en Allemagne depuis 2015, était connu des services de police comme islamiste, mais pas comme djihadiste, et n’avait pas été classé comme dangereux. Les journaux font état des déclarations du sénateur à l’intérieur de Hambourg, selon lequel les indices tendent à prouver qu’outre sa proximité avec la mouvance islamiste, l’auteur des faits présentait également des signes d’instabilité psychique.

Dans son éditorial du jour, le tabloïd Bild s’indigne de la manière dont les responsables politiques cherchent à s’abriter derrière la prétendue instabilité psychique des terroristes et la FAZ estime le temps venu pour les Länder de confier à l’Etat fédéral davantage de compétences afin d’harmoniser la procédure de reconduite à la frontière, comme l’avait proposé en début d’année le ministre fédéral de l’intérieur Thomas de Maizière (CDU).

  1. International

« L’Union européenne réduit ses engagements de prêts à la Turquie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ signale la décision de la banque européenne d’investissement (BEI) « d’accroitre la pression financière » sur Ankara en diminuant « drastiquement » ses octrois de crédits pour l’année en cours, la Turquie étant hors UE son plus important bénéficiaire. Le quotidien indique notamment le gel du financement du projet de gazoduc transanatolien (Tanap) pour lequel la Turquie attendait 600 millions d’euros de la part de la BEI. Selon le journal, l’attitude de la BEI fait suite à la « réorientation » de la politique allemande vis-à-vis d’Ankara, annoncée par le ministre allemand des affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), en réaction à l’arrestation arbitraire de plusieurs ressortissants allemands.

Si la BEI se déclare préoccupée par l’actuelle évolution en Turquie, la décision de geler d’autres projets sera prise par le conseil d’administration constitué par les ministres de l’économie et des finances des Etats membres, lequel se réunira les 18 et 19 septembre, précise la FAZ. Selon le journal, l’Allemagne et l’Autriche souhaitent plus de fermeté vis-à-vis d’Ankara, tandis que l’Italie et l’Espagne freinent en raison, pour l’une, de l’accord migratoire UE/Turquie et, pour l’autre, du fort engagement de ses banques d’affaires en Turquie.

  1. France-Allemagne

« Défense : Berlin et Paris veulent une ‘autonomie stratégique’ de l’UE » (Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung)

Dans un article basé sur un entretien avec une source non citée au gouvernement fédéral, l’édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho d’un document adressé par l’Allemagne et la France aux autres Etats membres de l’UE à la suite du Conseil européen de fin juin et du conseil franco-allemand de défense et de sécurité à la mi-juillet, sans préciser si c’est cette source qui lui a fourni le document.

L’Allemagne et la France jouent depuis près d’un an un rôle de leader pour inciter leurs partenaires européens à unir leurs efforts plus étroitement en matière de coopération militaire « et on estime au gouvernement fédéral que la politique commune de défense a davantage évolué ces derniers mois qu’au cours des soixante dernières années », écrit la FAS. Berlin et Paris sont également à l’initiative s’agissant de la formulation concrète des critères de convergence européenne en matière militaire que doivent élaborer les ministères européens de la défense pour septembre, date à laquelle le projet sera soumis officiellement aux Etats membres par Mme Federica Mogherini pour discussion, en vue du Conseil européen de décembre 2017, explique le journal. Le document franco-allemand, dont la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung cite des extraits, préconise le « renforcement de l’autonomie stratégique » de l’Union européenne en matière de défense par une « coopération permanente et structurée » qui viendrait « en complément de l’Otan appelé à rester le fondement de la protection collective de ses membres ». « Il ne s’agit en aucun cas d’affaiblir l’Otan », précise la source gouvernementale au journal. Pour la FAS, l’autonomie stratégique de l’Union européenne répond à la nécessité d’intervenir dans les régions où l’Otan ne peut ou ne veut agir, tout particulièrement sur le continent africain, devenu une priorité de Berlin suite à la crise migratoire. Parmi les propositions formulées dans ce document figurent l’engagement à augmenter les budgets et les investissements de défense nationaux pour se rapprocher des objectifs fixés par l’Otan, le renforcement des prérogatives de l’Agence européenne de défense, laquelle pourrait contrôler annuellement les planifications militaires des Etats membres. Ceux-ci devraient mettre à disposition des capacités militaires pour des missions européennes communes et assurer l’interopérabilité de leurs forces armées, et également veiller à accélérer leurs décisions politiques sur l’engagement de troupes dans des opérations extérieures, ce qui, explique la FAS, signifierait pour l’Allemagne de revoir les modalités d’engagement de son « armée parlementaire ».

Selon la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, Berlin et Paris veulent rassembler le maximum d’Etats membres autour de cette initiative pour éviter toute nouvelle division de l’UE après le Brexit et auraient déjà convaincu 20 pays sur 25 de s’y associer, seuls les Danois ayant opposé un refus de principe. La majorité des deux tiers des Etats membres nécessaire pour entériner ce projet serait d’ores et déjà acquise, selon la source au gouvernement fédéral citée par le journal.

  1. France

Politique migratoire/Libye

La presse reste sceptique quant au projet du président de la République d’implanter des hot-spots sur le territoire libyen à la frontière avec le Niger et le Tchad. « Le problème de la migration incontrôlée arrivant d’Afrique du Nord est trop crucial pour se prêter à des initiatives formulées à la va-vite ou pour parader devant des électeurs », dénonce, dans un éditorial publié samedi, la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui inclut dans sa critique les déclarations récentes de l’Italie sur une aide maritime dans les eaux territoriales libyennes, demande démentie par la Libye. « La France et l’Italie portent une part considérable de responsabilité pour l’état déplorable dans lequel se trouve la Libye et si elles veulent y changer quelque chose, il faut le faire avec des propositions sérieuses », pointe avec sévérité le quotidien. Le Tagesspiegel, qui partage le constat que l’idée de centres d’enregistrement de migrants en Afrique est aussi opportune sur le principe qu’irréalisable en pratique, critique plus particulièrement le « cavalier seul » du président de la République sur la question : « résoudre tous les aspects liés à l’examen de demandes d’asile sur le sol africain est une tâche titanesque qui doit être remplie dans le contexte européen », fait valoir le quotidien de Berlin./.