Aujourd’hui en Allemagne. 1er Août 2017

Synthèse de la presse quotidienne

1er août 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Presque tous les quotidiens publient à la Une une photo de Jeanne Moreau à qui ils consacrent de nombreux articles en pages culturelles, rendant unanimement hommage à une actrice exceptionnelle. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur les suites de l’attaque au couteau à Hambourg, vendredi dernier, et indique que « le parquet fédéral prend l’enquête en main ». La Süddeutsche Zeitung titre « Trump vire son chef de la communication ». Die Welt s’inquiète de la situation au Venezuela : « le Venezuela face aux ruines de la révolution ». Sur la base de chiffres officiels publiés hier, le Handelsblatt affiche à sa Une que « les subventions sont en forte augmentation » en Allemagne.
  2. Allemagne

« Dispute à la veille du sommet consacré à l’avenir du diesel » (Handelsblatt)

Sous ce titre, le Handelsblatt indique qu’alors que les attentes du gouvernement fédéral à l’égard de l’industrie automobile sont fortes, les principaux acteurs de la branche (Daimler, BMW et Volkswagen) seraient uniquement disposés à prendre à leur compte une mise à jour de leur logiciel fraudeur, mais aucunement prêts à davantage d’efforts pour faire diminuer les émissions polluantes de leurs véhicules diesel pour des raisons à la fois techniques et financières. Le Tagesspiegel fait état du point de vue de la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD), qui juge une simple mise à jour du logiciel insuffisante. Suite à des informations de presse mettant en cause la complaisance de l’Agence fédérale allemande de l’automobile accusée d’avoir « enjolivé » les informations relatives aux émissions de certains véhicules, la ministre plaide pour une séparation des fonctions d’homologation et de contrôle des émissions des véhicules, toutes deux jusqu’ici du ressort de l’Agence.

Par ailleurs, la FAZ constate que la mise en cause du diesel alimente également le débat sur l‘opportunité d’ouvrir la voie en Allemagne à des recours collectifs. Lors de son interview sur ZDF dimanche dernier, Horst Seehofer, ministre-président de Bavière et chef de la CSU avait créé la surprise en signalant son ouverture à un tel projet de loi préconisé par le ministre de la justice Heiko Maas (SPD), mais jusqu’ici combattu par les ténors conservateurs. De fait, la CDU/CSU reste sceptique, observe la Süddeutsche Zeitung, la presse se demandant si les propos de H. Seehofer ne relevaient pas de la simple tactique, cette supposée ouverture permettant d’éluder le débat et de préserver l’unité du camp conservateur en période de campagne électorale. Alors que la FAZ met en garde contre une inflation procédurière sur le modèle américain, la Süddeutsche Zeitung estime au contraire que la législation actuelle cantonne la consommateur allemand dans la position d’un David qui n’a aucune chance de faire valoir ses droits face au Goliath que représente l’industrie automobile.

Suites de l’attaque au couteau à Hambourg 

La presse indique qu’en raison du motif islamiste qui a conduit un demandeur d’asile palestinien de 26 ans à attaquer au couteau les clients d’un supermarché, causant la mort d’une personne et faisant sept blessés, le parquet fédéral s’est saisi du dossier. Selon le parquet, dans l’état actuel de l’enquête, rien n’indique que l’auteur de l’attaque a agi pour le compte d’une organisation terroriste, les enquêteurs supposant qu’il se serait radicalisé tout seul et aurait décidé le jour même de passer à l’acte.

Réagissant dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung, le ministre de l’intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius (SPD), considère que l’auteur de l’attaque aurait dû être expulsé d’Allemagne et que conformément à la règlementation de Dublin, il aurait fallu le renvoyer en Norvège où il avait déposé sa première demande d’asile.

S’exprimant plus largement sur le défi migratoire, B. Pistorius appelle à trouver une solution « sans quoi l’Italie risque d’imploser ». Afin de décharger le pays du fardeau migratoire, il se montre favorable à l’installation de hot spots tels que proposés par le président de la République et fait valoir que la gestion de tels centres pourrait être du ressort soit des Européens, soit du Haut-commissariat de l’ONU en charge des réfugiés.

  1. International

Escalade des sanctions entre la Russie et les Etats-Unis : « l’effet boomerang » (Handelsblatt)

La riposte diplomatique de Moscou au nouveau train de sanctions américaines inquiète la presse, d’une part en raison des effets collatéraux des mesures de Washington sur l’approvisionnement énergétique européen et les activités commerciales allemandes tant en Russie qu’aux Etats-Unis, mais aussi en raison des conséquences possibles de cette nouvelle « guerre froide » pour la situation en Ukraine. Les sanctions américaines, qui pourraient toucher les entreprises allemandes impliquées dans le projet de gazoduc Nord Stream 2, « sont tout particulièrement critiquées par les ministres SPD du gouvernement qui les condamnent avec la plus grande sévérité », observe le Tagesspiegel. Ainsi le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel (SPD), déclare-t-il dans la Rheinische Post que « nous allons nous défendre contre une politique industrielle ‘America first’ sous couvert de sanctions. Il en va de la résolution de la crise ukrainienne et de la pression politique qu’exercent les sanctions sur Moscou. Cela ne marche qui si nous agissons ensemble et montrons un front uni ». Dans une interview aux journaux régionaux du groupe Funke Medien, la ministre de l’Economie, Brigitte Zypries (SPD), enfonce le clou en rappelant que Berlin juge le fait que les nouvelles mesures puissent entraver les activités de sociétés allemandes « purement et simplement contraire au droit international : les Américains n’ont pas le droit de punir des entreprises allemandes simplement parce qu’elles opèrent dans un autre pays ». « Nous ne voulons pas de guerre commerciale, c’est pourquoi nous avons plusieurs fois et à tous les niveaux appelé les Américains à ne pas s’écarter de la ligne de sanctions communes », déclare-t-elle.

Interrogé par le Tagesspiegel, Norbert Röttgen (CDU), président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, juge contre-productive la virulence des ministres SPD, motivée, selon lui, par des considérations électorales (se poser en défenseurs de l’industrie allemande). Le Tagesspiegel suppute, en outre, l’influence de l’ancien chancelier Schröder, président du conseil de surveillance de Nord Stream 2, sur le SPD. La Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce le « deux poids deux mesures » de la ministre de l’Economie : « il y a les bonnes et les mauvaises sanctions : en tout état de cause, l’Allemagne soutient tout à fait de telles mesures quand elles touchent d’autres pays », pointe le quotidien, avançant notamment l’exemple des sanctions européennes contre l’Iran. Le Handelsblatt, pour sa part, s’alarme des possibles répercussions de l’escalade entre la Russie et les Etats-Unis sur le conflit ukrainien : « seule la perspective de nouvelles sanctions retient Moscou d’élargir le conflit du Donbass, et si on va trop loin maintenant, Poutine n’aura plus rien à perdre. Les conséquences seraient fatales pour l’Ukraine, la Russie et l’Europe », met en garde le quotidien des affaires. « Le gouvernement fédéral, qui s’indigne si fort des sanctions américaines, ferait bien de se rappeler ce qui est à l’origine de la spirale : c’était l’agression russe », rappelle la FAZ.

« L’Union européenne reproche au Venezuela son recours excessif à la force » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’issue du vote en faveur de l’Assemblée constituante telle que voulue par le président du Venezuela et l’escalade de violence qui s’en est suivie trouvent un large écho dans la presse. Nicolas Maduro, « jubile » (Tagesspiegel, Die Welt) après l’issue du scrutin, qu’il qualifie de « victoire la plus grande pour la révolution » (FAZ), mais dont l’opposition dénonce les résultats « truqués » et appelle à de « nouvelles manifestations malgré l’interdiction de descendre dans la rue », rapporte le quotidien Die Welt, alors que les répressions policières de dimanche ont fait au moins 16 morts, comme le soulignent la FAZ et Die Welt. Une répression dans le sang devenue « routine » sous le régime vénézuélien, regrette le Tagesspiegel.

La FAZ met en exergue que l’Union européenne a qualifié le recours à la force de la police vénézuélienne « d’excessif et disproportionné » et cite le président du parlement européen, Antonio Tajani, qui a déclaré « nous ne reconnaîtrons pas cette élection ». Le journal signale également qu’un porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères a critiqué un scrutin « qui porte atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie ». Sous des titres évocateurs (« misère vénézuélienne », FAZ ; « l’axe du désespoir » (Süddeutsche Zeitung) ; « le Venezuela s’autodétruit » (Die Welt), la presse se montre unanimement inquiète et peu optimiste quant à l’évolution de la situation. A l’instar du Tagesspiegel pour qui « la dictature menace le Venezuela », autant la Süddeutsche Zeitung que la FAZ estiment qu’« aussi longtemps que les militaires resteront fidèles à Maduro, il n’y aura pas de changement de régime possible ».

  1. France

Fermeture du centre de prévention du djihad de Beaumont-en-Véron

La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre une correspondance à l’annonce, par le ministère de l’Intérieur, de la fermeture du centre de déradicalisation situé à Beaumont-en-Véron, revenant sur le contexte de sa mise en place et sur l’échec de ce projet pilote, dont le dernier occupant avait quitté les lieux en février suite à une condamnation. « Un fiasco qui, avec le recul, semblait prévisible, d’autant que le gouvernement précédent avait déjà fermé les unités spécialisées en prison pour détenus radicalisés », indique la FAZ, notant qu’en Allemagne, « des spécialistes allemands ont toujours mis en garde contre les risques d’une resocialisation collective forcée et préconisé une approche individuelle impliquant fortement la famille ». Pour l’heure, la France n’a pas de nouveau concept pour la lutte difficile contre la radicalisation, conclut le journal./.