Les enfants français trop sédentaires

Une étude australienne montre que les capacités physiques des enfants ont baissé de 25 % en 40 ans.

Les jeunes français ne sont pas épargnés par le phénomène et la Fédération française de cardiologie alerte sur les conséquences graves de l’inactivité sur leur santé.

La condition physique des enfants est en constante régression dans les pays occidentaux. En 1971, un collégien courait en moyenne le 800 mètres en trois minutes contre quatre minutes aujourd’hui, soit une baisse de 25 % en 40 ans.

C’est ce que révèlent les travaux (récemment mis à jour) d’un chercheur australien, dans lesquels il compile des millions de tests d’endurance d’adolescents à travers le monde. Cette baisse des capacités sportives est la conséquence directe d’un mode de vie de plus en plus sédentaire, où le nombre d’heures passées devant un écran augmente chaque année.

Seulement un tiers des enfants français font assez de sport

Les enfants français n’échappent pas à ce phénomène. Pire encore, la France est un des pays d’Europe où les jeunes pratiquent le moins d’activité physique. Le pays pointe même à l’avant-dernière place du classement de l’OCDE sur les capacités sportives : « Seulement 6 % des filles et 14 % des garçons français ont une activité physique d’au moins une heure par jour, alors que la moyenne de l’UE se situe respectivement entre 10 % et 20 % », note l’OCDE.

De plus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande la pratique d’au moins 60 minutes par jour d’activité physique pour les enfants. Or, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), seulement un tiers des Français entre 11 et 17 ans suivraient ces recommandations.

Les jeunes marchent de moins en moins

« Cette dégradation des capacités physiques s’explique principalement par un changement de comportement. À l’époque, la plupart des enfants allaient à l’école à pied. Aujourd’hui, la plupart des parents les accompagnent en voiture », explique le cardiologue François Carré, membre de la Fédération française de cardiologie. « De même, il est maintenant courant de voir des gamins de trois ou quatre ans être transportés en poussettes alors qu’ils sont en capacité de marcher », poursuit le professeur.

Les données des élèves français entre les mains des géants du Web

L’Observatoire national de l’activité physique (Onaps) note que « moins de 30 % des collégiens se rendent aujourd’hui en cours à pied et seulement 4 % à vélo ou en trottinette ».

La prolifération des appareils électroniques du type tablette, ordinateur ou smartphone est la deuxième explication à cette chute de la condition physique. Leur utilisation se fait de plus en plus tôt et de façon plus répétée.

Selon l’Anses, les enfants entre 3 et 17 ans passent plus de deux heures quotidiennement face à un écran, soit une augmentation de 20 minutes par jour en huit ans. « On a remplacé le temps libre consacré à des activités physiques, comme jouer dans la rue, par des loisirs devant un écran », déplore François Carré.

« Multiplication des risques de cancer »

Avant l’âge de 20 ans, la santé du corps est « conditionnée » par la pratique régulière d’activités physiques. Et l’OMS estime qu’une activité physique inférieure à une heure par jour a des conséquences graves sur la santé des enfants.

« Une activité physique pratiquée de manière appropriée aide les jeunes à développer des os, des muscles et articulations solides, un appareil cardiovasculaire sain ainsi qu’une bonne coordination neuromusculaire », souligne l’OMS.

Y a-t-il des sports de filles et des sports de garçons ?

« À plus long terme, l’inactivité multiplie les risques de cancer : moins un enfant bouge, plus les capacités de défense de ses cellules diminuent, en particulier celles qui luttent contre le cancer », met en garde François Carré. « On nous assomme avec les pesticides ou les perturbateurs endocriniens, or le principal danger aujourd’hui pour la santé, après le tabac, est l’inactivité ».

Pour lutter contre, la Fédération française de cardiologie mène des campagnes de prévention à destination des parents, en leur demandant notamment de laisser les enfants jouer en extérieur.

Sylvain Labaune
La Croix 29/082017