Aujourd’hui en Allemagne. 8 Septembre 2017

French Economy Minister Emmanuel Macron attends a press conference on September 11, 2015 after the 4th CoSpace meeting. AFP PHOTO / FLORIAN DAVID

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

8 septembre 2017

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. Alors que Die Welt met en avant un sondage montrant que « les Allemands perdent patience avec les Turcs », la Süddeutsche Zeitung s’inquiète de voir « Berlin isolé au sein de l’UE avec ses projets sur la Turquie » après les déclarations dimanche d’A. Merkel et M. Schulz favorables à la fin des négociations d’adhésion. Der Tagesspiegel titre sur le « grave revers pour Schulz », tous les sondages réalisés depuis le grand débat télévisé de dimanche montrant que le SPD est en perte de vitesse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie une interview du ministre-président Verts de Bade-Wurtemberg qui expose ses différends avec Mme Merkel sur la gestion de la crise du diesel : « Kretschmann : ces ‘sommets diesel’ me tapent sur le système ». En l’absence d’annonce d’un relèvement des taux directeurs par la BCE, le quotidien des affaires Handelsblatt met en avant les « critiques contre Draghi » provenant de responsables du secteur financier allemand.
  2. Allemagne

Campagne électorale

Le sondage mensuel réalisé par l’institut Infratest Dimap réalisé pour la chaîne ARD et Die Welt fait apparaître, à un peu plus de deux semaines des élections, une perte de vitesse du SPD depuis le débat télévisé du 3 septembre entre la chancelière fédérale et son rival social-démocrate. Cette enquête, réalisée au lendemain de ce débat auprès de 1503 personnes, attribue 37% d’intentions de vote au camp conservateur (CDU/CSU) d’Angela Merkel, contre seulement 21% pour le SPD de Martin Schulz, à son plus bas niveau depuis janvier. L’AfD est stable à 11% tandis que Die Linke et le FDP gagnent chacun un point (respectivement 10% et 9% des intentions de vote). Les Verts stagnent à 8%. L’écart de popularité entre Angela Merkel et Martin Schulz se confirme : au suffrage universel, 54% des électeurs choisiraient la chancelière contre 26% le président du SPD.

Dans l’hebdomadaire Focus à paraître demain, le président du parti libéral, Christian Lindner, juge peu probable une coalition dite « jamaïcaine » (CDU/CSU, FDP et Verts, dont les couleurs distinctives sont celles du drapeau jamaïcain noir-jaune-vert) en raison de grosses divergences entre libéraux et Verts sur les questions d’immigration ou d’énergie. Ce n’est pas l’avis du Handelsblatt, qui considère que ces divergences ne sont pas insurmontables, et du Tagesspiegel, pour qui une telle alliance se profile si le SPD engrange un mauvais score, ce qui lui ôterait définitivement toute envie de rééditer une grande coalition.

  1. Europe

« Berlin isolé au sein de l’UE avec ses projets sur la Turquie » (Süddeutsche Zeitung)

De la réunion informelle des ministres européens des Affaires étrangères à Tallin, la presse retient qu’une majorité de pays de l’UE n’est pas prête à suivre l’Allemagne qui propose un arrêt des négociations d’adhésion avec la Turquie. Berlin a essuyé une « défaite sensible » au plan européen, nombre d’Etats membres opposant une « résistance massive » à l’idée d’une rupture des négociations avec Ankara, constate la Süddeutsche Zeitung. Le revirement de la position allemande sur cette question a pris de court les partenaires européens, qui ont marqué clairement qu’ils ne voulaient pas se laisser dicter l’agenda européen par des déclarations à caractère électoraliste, explique le quotidien : « d’ailleurs, ce n’est pas le recul démocratique en Turquie mais la manière dont le pays traite les Allemands et l’Allemagne qui a incité Martin Schulz puis Angela Merkel à changer d’opinion », juge la Süddeutsche Zeitung. Le sondage réalisé par l’institut Infratest Dimap pour l’ARD et Die Welt publié aujourd’hui montre en effet que ce sont désormais 84% des Allemands qui sont opposés à une entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et 88% qui appellent le gouvernement fédéral à davantage de fermeté vis-à-vis d’Ankara (des sanctions économiques étant préconisées par 77% des personnes interrogées). L’opinion publique fait cependant la part des choses entre politique européenne et relations bilatérales, puisque selon ce sondage, 80% des Allemands saluent le fait que la chancelière Merkel reste sur le principe ouverte au dialogue avec la Turquie.

« La BCE reste accrochée à la pédale d’accélérateur » (FAZ)

La presse conservatrice ne cache pas son impatience après l’annonce du président de la Banque centrale européenne de remettre à l’automne la décision de réajuster ou non sa politique monétaire. Elle se fait l’écho de critiques d’économistes allemands, notamment de l’une des cinq « sages » économiques conseillant le gouvernement fédéral, Isabel Schnabel, déplorant que la BCE « laisse toujours les marchés tâtonner dans le noir » et ait « raté une fois de plus l’occasion de d’entamer le processus de sortie du programme de rachats d’obligations ». Le Handelsblatt, qui rend compte sur plusieurs pages d’une conférence des banques allemandes organisée par ses soins, donne une large place au mécontentement des banquiers devant la poursuite de la politique des taux d’intérêt actuelle de la BCE. De manière récurrente, la Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt déplorent qu’une large majorité des gouverneurs de la BCE reste sourde aux mises en garde du secteur bancaire contre une nouvelle bulle financière et « obsédée » par la surveillance de l’inflation alors que « l’économie européenne est en pleine croissance, même l’Italie est sortie de la récession » (Die Welt).

Référendum séparatiste en Catalogne

Le bras de fer engagé entre le gouvernement régional catalan et le gouvernement espagnol sur le référendum d’autodétermination que la Catalogne veut organiser le 1er octobre prochain préoccupe les grands quotidiens. Pour la Süddeutsche Zeitung, le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, se réfugie dans l’autoritarisme et diffame les séparatistes sans proposer de véritable compromis à un gouvernement régional « qui ne se compose pas d’extrémistes mais de pro-Européens mesurés », au risque d’envenimer durablement les relations entre Madrid et Barcelone. Le Tagesspiegel observe avec inquiétude une population catalane profondément divisée entre sécessionnistes et nationalistes trop vite taxés de conservatisme, voire de franquisme. Le journal y voit « des réminiscences de la guerre civile espagnole ». La Tageszeitung (taz) reproche au gouvernement séparatiste de Catalogne de menacer la cohésion de l’Union européenne en risque du précédant qu’un succès du référendum créerait auprès des autonomistes européens de tout poil, le commentateur jugeant avec une grande sévérité la tenue même de référendums régionalistes.

  1. International

Ukraine / déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères

Les déclarations de Sigmar Gabriel, mardi 5 septembre lors d’un colloque de politique étrangère du SPD, appelant – au lendemain de la proposition du président russe d’envoyer des Casques bleus dans l’Est de l’Ukraine – à ne pas attendre une mise en œuvre complète des accords de Minsk pour lever progressivement les sanctions contre la Russie, ont non seulement provoqué l’ire du conseiller diplomatique du président ukrainien, mais aussi l’indignation de la presse conservatrice qui y consacre aujourd’hui deux éditoriaux. « Gabriel est pris à l’hameçon de Poutine » et se laisse embrigader par le Kremlin, s’emporte le Handelsblatt, tandis que Die Welt lui reproche de « contrecarrer les positions de son propre gouvernement » par son « cavalier seul ». Pour Die Welt, cette prise de position « pro-russe » pose la question de savoir « si la chancelière peut tolérer que [Sigmar Gabriel] continue sans vergogne et à ses dépens de marquer sa différence. Il lui livre en tout cas suffisamment de raisons de le congédier. Et pour Merkel, ce serait une occasion, juste avant la fin de la grande coalition, d’affirmer son autorité et sa détermination ».

  1. France

« A Athènes, M. Macron réclame une nouvelle Europe » (Handelsblatt)

Plusieurs médias rendent compte de la visite d’Etat du président de la République en Grèce, décrivant pour la plupart une « opération de charme », opération que ne pourrait s’autoriser l’Allemagne, insiste le Handelsblatt Online, compte tenu de l’image dégradée de Berlin en Grèce : « un discours sur la colline du Pnyx serait inimaginable pour un dirigeant allemand, qu’il s’agisse de Merkel ou de Steinmeier ». Pour le quotidien des affaires, la France et la Grèce ont un intérêt bien compris dans cette visite solennelle, car si « tout oppose Tsipras et Macron sur le plan idéologique », « la France a des projets d’investissement en Grèce et Tsipras cherche un soutien de poids sur l’allègement de la dette » auprès d’un dirigeant qui a toujours été opposé au Grexit. Dans un article écrit depuis Paris, le correspondant en France Thomas Hanke estime toutefois que le président n’a pas cherché à pousser ce moment de proximité franco-grecque au détriment des positions allemandes, car E. Macron ne « veut pas marcher sur les plates-bandes d’Angela Merkel avant les élections fédérales du 24 septembre ». D’où un appel à la refondation de l’Europe fait « dans un cadre impressionnant, mais dans un discours pas très concret » selon lui. La question d’un allègement de la dette grecque a également été éludée malgré les convictions fortes de Paris sur le sujet, car la France, estime le Handelsblatt, veut éviter de mettre en difficulté la chancelière et de « renforcer le FDP dans la campagne allemande », « une coalition des conservateurs allemands avec le FDP étant la dernière chose voulue par le gouvernement français » qui « craint qu’une telle coalition ne conduise à bloquer  approfondissement de l’intégration européenne »./.