Aujourd’hui en Allemagne. 18 Septembre 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

18 septembre 2017

  1. A moins d’une semaine des élections fédérales, les gros titres sont consacrés ce matin aux libéraux du FDP et aux Verts, qui ont tenu ce week-end des mini-congrès pendant lesquels ils se sont présentés comme des partenaires de coalition possibles des conservateurs d’Angela Merkel : « FDP et Verts en quête d’une place au gouvernement » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « les libéraux et les verts attaquent l’AfD » (Süddeutsche Zeitung),  « Verts et libéraux – rien n’est exclu » (Die Welt), « Qui avec qui ? » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt note pour sa part que le président de la CSU bavaroise « Seehofer s’oppose à une grande coalition » avec le SPD.
  2. Allemagne

Campagne électorale

La presse s’accorde à constater que lors de mini-congrès ce week-end, les Verts et le FDP ont fait feu de tout bois pour tenter de mobiliser leurs électeurs respectifs. Les commentateurs continuent de spéculer sur l’éventualité d’une coalition alliant conservateurs, libéraux et Verts (noir-jaune-vert, soit une coalition dite « jamaïcaine ») malgré le peu d’enthousiasme manifesté par ces deux partis pour une telle constellation et les joutes oratoires que se sont livrés à distance leurs candidats tête de liste respectifs, Christian Lindner (FDP) et Cem Özdemir (Verts). « Attention toutefois à ne pas charger la barque et à rendre impossible toute coopération ultérieure, sinon le pays serait condamné à une nouvelle grande coalition », s’alarme le tabloïd Bild. La Süddeutsche Zeitung observe pour sa part que les libéraux se réjouissent d’un « retour en fanfare » au Bundestag mais abordent avec une grande méfiance toute participation au gouvernement, échaudés par la débâcle électorale de 2013. Angela Merkel serait tout aussi réticente à l’égard d’un Christian Lindner qui ne cache pas tout le mal qu’il pense de sa politique migratoire : « une alliance marquée par l’aversion mutuelle n’est pas à exclure », commente le quotidien.

Une semaine avant le scrutin, le sondage hebdomadaire publié par Bild am Sonntag enregistre un léger tassement des conservateurs à 36% des intentions de vote (-1 pt par rapport à dimanche dernier), confirme la perte de vitesse du SPD (22%, -2 pt), la montée de l’AfD (11%, +2 pt), de Die Linke (10%, +1 pt), et du FDP (9%,+ 1 pt), les Verts stagnant à 8%. La question du taux de participation n’est quasiment pas thématisée dans ce contexte, seule la Berliner Zeitung s’alarme de l’effet « démobilisateur » que pourraient avoir sur un électorat déçu de la grande coalition des sondages annonçant sa réédition, et rappellent les exemples des présidentielles américaines et du référendum sur le Brexit où la forte abstention a pu faire basculer le scrutin.

  1. France / Europe

Déplacement du Premier ministre à Berlin

Le premier déplacement à Berlin du Premier ministre fait l’objet d’une bonne couverture de presse dans les médias, les grands quotidiens se félicitant qu’Edouard Philippe ait pris l’initiative de venir présenter aux décideurs économiques et politiques allemands les réformes entreprises par le gouvernement français. « Il faut remonter loin dans le temps pour trouver un Premier ministre se rendant pour une première visite à Berlin avec un programme de réformes aussi ambitieux », souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La Süddeutsche Zeitung relève, pour s’en féliciter, la « germanophilie » du Premier ministre et de son gouvernement en jugeant que « les choses bougent dans la relation franco-allemande ». Les premières minutes en allemand du discours du Premier ministre impressionnent le journal de Munich qui note qu’E. Philippe voit l’Allemagne comme une « source d’inspiration » pour les réformes françaises et que lors de la conférence de presse conjointe à l’issue de sa rencontre avec la chancelière Merkel, celle-ci n’a pas été en reste en déclarant espérer une « coopération beaucoup plus étroite avec la France » notamment en matière de politique migratoire et de sécurité.

Réforme de l’UEM / positions françaises

Dans le contexte de la visite du Premier ministre, les médias s’intéressent également aux propositions françaises en matière de réforme de l’UEM. « Paris veut accélérer le rythme, le Premier ministre évoque une période de douze, dix-huit mois maximum pour prendre les bonnes décisions », rapporte le Tagesspiegel en jugeant, à l’instar des autres médias, qu’« E. Philippe n’en dira pas plus pour ne pas préempter les déclarations à venir du président de la République ». La FAZ note que devant la presse, Angela Merkel s’est déclarée favorable à l’idée d’un ministre des finances de la zone euro tout en soulignant l’importance à ses yeux de concrétiser les propositions de budget de la zone euro. Le compte rendu du bureau de Berlin de la FAZ demeure au total favorablement impressionné par la présentation du Premier ministre : « l’Allemagne peut s’estimer heureuse que la France soit en ce moment un partenaire ouvert qui va de l’avant », écrit Nikolas Busse.

Ce n’est pas l’avis de l’un des co-éditeurs de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Holger Stelzner – l’un des pourfendeurs les plus virulents de toute forme de mutualisation européenne des dettes et garanties des dépôts – qui ne cache pas, dans l’édition dominicale du journal, sa crainte que les propositions européennes du président Macron ne soient éloignées du rigorisme qu’il prône. Louant l’intransigeance du FDP en la matière, H. Stelzner voit d’un mauvais œil le fait que, selon Le Monde, le président de la République redouterait une entrée au gouvernement des libéraux à Berlin. Parallèlement, Christian Lindner, dans une interview à la Welt am Sonntag, revient à la charge sur ce sujet en déclarant : « tout ce qui relève d’une péréquation financière au niveau européen, d’un budget de la zone euro ou d’une union bancaire est pour nous une ligne rouge. […] Je crains que Mme Merkel et M. Macron n’aient déjà discuté de nouvelles ponctions. Le président français veut mettre 3% du PIB européen dans un budget pour la zone euro. Pour nous, ce serait de 90 à 100 milliards d’euros mis dans un pipeline dirigé vers d’autres Etats membres. Ca ne renforcerait pas l’Europe, mais ses forces centrifuges. Une telle chose serait impossible à faire avec le FDP. Nous voulons le succès de l’Europe, mais sur la base de la stabilité, des règles et de la responsabilité. Il ne peut pas y avoir de ristourne au motif que M. Macron est un homme sympathique dont nous souhaitons le succès ».

Entretien de la ministre du Travail avec la presse allemande

La Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt publient des comptes rendus d’un entretien conjoint avec Muriel Pénicaud. Ils dressent des portraits favorables d’une ministre aussi optimiste que déterminée à mettre en œuvre la réforme du code du travail en concertation avec les partenaires sociaux./.