Janette Beckman. Stars du rap à graffer

Un jour fort lointain, Janette Beckman alluma son poste de télé et découvrit qu’un morceau de rap illustrait une publicité McDonald’s. La photographe ne se souvient plus vraiment de quel titre il s’agissait. C’était au début des années 90. Le rap venait d’être officiellement ingurgité par l’industrie du Big Mac et plus largement par la pop culture dite du «milieu» – mainstream – qui assimile les nouveautés pourvu qu’elles soient capables de tout vendre.

 

Boutade. Janette Beckman fut l’une des premières à documenter le mouvement hip-hop, et l’une des rares femmes photographes parmi une poignée de spécialistes de la musique ayant œuvré dans le mouchoir de poche que sont les années 80, tels Glen E. Friedman, Paul Natkin, Ernie Paniccioli et David Corio. Lorsqu’on lui demande son âge, elle répond par une boutade, glissant qu’elle est «assez vieille pour avoir réalisé la photo pour la pochette de Outlandos d’amour, le premier album de Police, sorti en 1978». A Paris, à la galerie associative le Salon, elle expose un nouveau projet, intitulé MashUp, composé d’une vingtaine de montages réalisés par des graffeurs sur ses images d’archives : les portraits de légende du rap et du street art sont recouverts de bombe, de feutre, de collages. Procédé a priori scabreux, mais qui, la plupart du temps, fonctionne.