60 % des diplômés de grandes écoles ne sont pas passés par une classe prépa

Sur dix diplômés de grandes écoles d’ingénieurs ou de management, quatre viennent des classes préparatoires, deux de l’université, deux d’autres voies parallèles (IUT et BTS notamment) et deux l’ont intégrée après le bac (pour les écoles en cinq ans). Voici ce que montre, à grands traits, la deuxième enquête Les Voies d’accès aux grandes écoles de la CGE (Conférence des grandes écoles). Intitulée « Diversité et origine des profils », cette édition 2014 (à paraître) – qui compile les réponses effectuées par les grandes écoles sur leurs élèves de la rentrée 2013 – montre que la proportion des élèves passés par des classes préparatoires, 38,5 % exactement, est « au minimum stable » depuis la précédente enquête (sur la rentrée 2010, publiée en 2012), souligne Francis Jouanjean, délégué général de la CGE. Les résultats montrent que 21,5 % des élèves de grandes écoles y sont rentrés après le bac dans un cursus en cinq ans, et 40 % pour les filières parallèles.

Néanmoins, les deux enquêtes ne sont pas totalement comparables, puisque davantage d’écoles ont répondu à la dernière enquête : le taux de réponse s’est élevé à 57,1 % dans l’enquête 2014 (soit 121 écoles et plus de 118 000 étudiants) contre seulement 43 % pour la première enquête de 2010. De plus, certaines classes préparatoires intégrées – celles du réseau d’écoles de chimie Gay-Lussac – ont été comptées dans cette catégorie.

Pour M. Jouanjean, ces résultats démontrent que les classes préparatoires résistent. « Près de 40 % des effectifs, cela représente un vrai socle », souligne-t-il. Et d’une certaine manière, c’est assez logique car pour intégrer les plus prestigieuses écoles en trois ans, ce cursus reste la voie royale. « Quand vous rentrez en classe prépa, vous avez 90 chances sur 100 d’arriver en cinq ans au grade master. Et le taux d’emploi à la sortie de nos écoles d’ingénieurs ou de management est de plus de 80 % à six mois. En fac, 36 % arrivent en licence sans redoubler et à peine la moitié en quatre à cinq ans. »

La recherche d’une diversité de recrutement

Pour autant, la part des étudiants issus de l’université et de formations techniques supérieures reste très significative. Plus de la moitié des admis en troisième année viennent de filières techniques supérieures, la moitié des entrées en quatrième année proviennent de l’université. L’étude fait aussi apparaître une montée des étudiants issus des prépas dites ATS (adaptation technicien supérieur) : 14,5 % des entrées dans les écoles en cinq ans par exemple.

Les très grandes écoles sont cependant elles aussi demandeuses d’une plus grande diversité de leurs recrutements. Le réseau des écoles Centrale ou Polytechnique intègre de plus en plus d’étudiants grâce à ces passerelles. La démarche est encore plus avancée à l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Ulm, dont les résultats n’apparaissent pas dans cette enquête. Depuis 2008, elle recrute aussi des « étudiants normaliens » sélectionnés sur leur dossier et au cours d’un entretien par les différents départements de l’école. Devant afficher un très haut niveau dans au moins une discipline, ils proviennent essentiellement de l’université – et pour une part moindre des classes préparatoires ou d’établissements étrangers. 120 étudiants (pour 220 élèves recrutés sur concours) sont admis ainsi ; ils proviennent essentiellement de l’université selon la direction de l’école.

Seule différence : les élèves reçus à l’issue du concours sont rémunérés pendant leur cursus et doivent dix ans de service à l’Etat, contrairement aux étudiants. Pour l’établissement, c’est aussi une bonne manière de diversifier le profil social de ses élèves. « La proportion de boursiers parmi ces étudiants sélectionnés sur dossier et entretien est de 30 %, alors que celle des élèves recrutés sur concours est de 18 % », souligne Marc Mézard, directeur de l’ENS. Si les classes préparatoires restent une voie incontournable, diversifier les chemins menant aux grandes écoles demeure également une priorité des grandes écoles.

Adrien de Tricornot Le Monde 27/05/2015