Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

 Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

4 octobre 2016

  1. Le discours optimiste du président du Bundestag Norbert Lammert à l’occasion des festivités du 26e anniversaire de l’unité allemande fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« N. Lammert : nous vivons dans des conditions que nous envie le monde entier »), du Tagesspiegel (« presque le monde entier nous envie ») et de Die Welt (« l’Allemagne peut s’autoriser une petite dose de satisfaction »). La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à la réaction du premier ministre hongrois à l’invalidité du référendum sur la politique migratoire de l’UE (« Orban continue de provoquer »). Le quotidien des affaires Handelsblatt juge que l’industrie automobile allemande se trouve sous pression face à la volonté du gouvernement chinois de développer sa production nationale de véhicules électriques (« la Chine sous tension »).
  2. Allemagne

26ème anniversaire de l’unité allemande : « Lammert : ‘nous vivons dans des conditions que nous envie le monde entier’ » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Les journaux relèvent que lors des cérémonies officielles de célébration de la fête nationale allemande à Dresde hier, le président fédéral, la chancelière et de nombreux responsables politiques ont essuyé, à leur arrivée, les injures haineuses d’une foule composée en grande partie de manifestants d’extrême-droite, notamment du mouvement anti-islam Pegida. A l’instar de la FAZ, les quotidiens soulignent le contraste avec les extraits du discours prononcé par le président du Bundestag, Norbert Lammert (CDU), qui a plaidé en faveur d’une Allemagne optimiste et ouverte au monde. Faisant valoir que les Allemands vivent dans des conditions que leur envie quasiment le monde entier, il les a incités à manifester davantage d’assurance et à se montrer plus optimistes quant à l’avenir. La presse note que la chancelière a pour sa part appelé à davantage de respect mutuel et profité de ce déplacement pour rendre visite à la famille de l’imam dont la mosquée avait fait l’objet d’un attentat à l’explosif la semaine dernière.

Dans leurs commentaires, les quotidiens expriment leur désapprobation, mais aussi leur inquiétude face à la manière dont la chancelière et le président fédéral ont été pris à partie. De l’avis du quotidien alternatif de gauche tageszeitung, « en ce 3 octobre, ceux que l’on a peine à nommer manifestants au vu de leur comportement, ont fait preuve par leur nombre d’une présence qui fait froid dans le dos ». « Ils ont terni l’image de l’Allemagne (…) et il serait erroné de croire que ces protestations ne sont qu’un phénomène marginal, y compris dans sa portée, car ceux qui se comportent de la sorte envers la démocratie et ses représentants sont capables de bien pire », s’alarme le journal. Alors que la Süddeutsche Zeitung déplore que les incidents qui ont émaillé la fête nationale contribuent à focaliser l’attention sur les seuls insatisfaits de la réunification, la FAZ juge que pour la première fois apparaît au grand jour que le consensus n’existe plus sur ce qui fait l’unité de l’Allemagne.

« Gabriel s’en prend à la Deutsche Bank » (FAZ)

La presse rapporte que sur le chemin de Téhéran, le vice-chancelier, ministre de l’économie et président du SPD a réagi aux propos du pdg de la Deutsche Bank qui avait reproché aux spéculateurs leur responsabilité dans l’effondrement du cours de l’action de la banque. « Je ne sais pas si je dois rire ou être en colère quand j’entends que la banque qui a fait de la spéculation son modèle économique se déclare à présent victime des spéculateurs », a-t-il déclaré avant de faire état de son inquiétude pour l’avenir des employés de la première banque allemande.

Dans des commentaires unanimement critiques envers Sigmar Gabriel, les journaux estiment qu’il aurait mieux valu qu’à l’instar de la chancellerie et du ministère des finances, il observe le silence. « Gabriel s’est exprimé non comme ministre de l’économie, mais comme chef de parti », observe le Handelsblatt pour qui plus l’échéance électorale de 2017 va se rapprocher, plus il sera « malheureusement tenté de défendre une politique qu’il serait bien inspiré d’éviter en tant que responsable de l’économie » allemande. Der Tagesspiegel reproche à un Sigmar Gabriel avant tout soucieux de son profil social, de « semer la panique » au lieu de chercher à restaurer la confiance dans une banque fragilisée. Les propos du vice-chancelier sont de nature à mettre encore plus en danger les emplois qu’il se fait fort de défendre, estime la Süddeutsche Zeitung pour qui cette attitude n’est pas digne d’un possible futur chancelier.

  1. Europe

Echec du référendum hongrois sur les quotas européens de réfugiés

Malgré le déploiement d’une « machine de propagande considérable », le Premier ministre hongrois a échoué à mobiliser suffisamment d’électeurs pour faire du référendum sur la politique migratoire de l’UE un succès, s’accorde à constater la presse. Un résultat toutefois contrasté puisque les 40% d’électeurs ayant exprimé un vote valide se sont prononcés à 98% contre les quotas européens d’accueil de réfugiés, soulignent les journaux. « Sur le plan politique, il s’agit d’une défaite pour Orbán, d’autant plus sévère qu’il revendique haut et fort une victoire », considère la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Et ce d’autant plus que c’est Orbán lui-même qui avait fait doubler le quorum nécessaire pour valider un référendum afin de barrer la route à ses opposants », relève la tageszeitung (taz). « Ce revers affaiblit Orbán sur la scène européenne », estime le Handelsblatt, tandis que la Berliner Zeitung craint que le Premier ministre hongrois ne tire de cet « échec fracassant » la leçon de ne plus s’en remettre à la « démocratie orientée » mais de renforcer son autocratisme tel V. Poutine en Russie : « c’est à l’UE d’empêcher une telle évolution dans un Etat membre ».

Tous les quotidiens s’accordent toutefois à juger, à l’instar de la FAZ, que « la défaite d’Orbán ne signifie pas la victoire de ses opposants ». « C’est un revers, non une défaite, car sur le fond, Orbán a obtenu le soutien qu’il cherchait : les 98% de ‘non’ correspondent à trois millions d’électeurs, soit plus de voix que n’en a obtenues son parti Fidesz lors des dernières législatives », analyse la Süddeutsche Zeitung. Pour les journaux, les électeurs qui ne se sont pas déplacés n’ont pas boycotté le référendum à l’appel de l’opposition mais savaient tout simplement qu’il n’était pas nécessaire à une réforme constitutionnelle. « Les Hongrois ne sont jamais descendus par centaines de milliers dans la rue avec des drapeaux européens comme les Polonais, la passivité des Hongrois peut très bien exprimer un soutien à Orbán », fait valoir le Tagesspiegel à l’adresse de ceux qui, tel le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, veulent voir dans l’échec du référendum un acte de résistance contre la politique migratoire hongroise.

Brexit / annonces de Theresa May

Les déclarations de la Première ministre britannique précisant pour la première fois l’agenda de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne font l’objet de comptes rendus factuels soulignant la volonté de Theresa May d’une rupture franche avec l’UE (« hard Brexit »). Elles sont peu commentées en l’absence d’éléments nouveaux sur les positions britanniques dans la future négociation avec les 27.

  1. International

Déplacement de Sigmar Gabriel en Iran : « le grand écart » (Die Welt)

Les journaux consacrent de nombreux comptes rendus factuels au déplacement du vice-chancelier et ministre de l’économie à Téhéran à l’occasion de la cinquième rencontre, après quinze années d’interruption, de la commission mixte économique germano-iranienne. Mis à part le tabloïd Bild qui interpelle dans les termes suivants : « les affaires sont-elles plus importantes que les vies humaines ? » et souligne qu’après Moscou, ce déplacement est pour S. Gabriel (SPD) le second en deux semaines auprès d’un allié du régime syrien, la plupart des journaux se bornent à souligner les enjeux économiques et commerciaux de la visite, indiquant que le vice-chancelier est accompagné d’une délégation de 120 représentants économiques. Particulièrement élogieux, le journal conservateur Die Welt estime que S. Gabriel a « réussi son difficile exercice d’équilibriste » en parlant d’économie sans pour autant passer sous silence les problèmes qui se posent avec l’Iran : situation des droits de l’homme dans le pays et crise syrienne, en appelant le régime de Téhéran à œuvrer à la paix.

Syrie : « impuissance de l’UE » (Bild)

Après avoir abondamment critiqué le rôle joué par la Russie dans l’escalade du conflit à Alep, la presse déplore l’impuissance de l’Union européenne et des Etats-Unis face au pilonnage de la population civile par le régime de Damas. Le tabloïd Bild juge « risible, si ce n’était si tragique » le déblocage par l’UE d’une aide d’urgence de 25 millions d’euros pour les acteurs de l’aide humanitaire dans une ville « coupée du monde depuis des mois et où les convois humanitaires ne sont plus autorisés à entrer ». « Rarement une initiative aura été aussi dénuée de sens et aura à ce point montré l’impuissance de l’UE face à Assad et son allié Poutine », se récrie Bild. La Süddeutsche Zeitung analyse pour sa part la perte d’influence américaine au Proche- et Moyen-Orient, imputable pour une grande part à la volonté des Américains de ne plus jouer les gendarmes du monde, mais aussi, souligne le journal, à la personne de Barack Obama, préférant l’éloquence diplomatique aux postures guerrières, rétif aux interventions militaires, et coupable de naïveté pour avoir voulu croire que l’Iran et la Russie pourraient contribuer à pacifier la région.

  1. France:

Les médias audiovisuels et en ligne consacrent une importante couverture au braquage de Kim Kardashian à Paris./.