Climat : accord historique sur la fin des gaz HFC pour faire baisser l’effet de serre

 

Un plan d’élimination de ces gaz a été adopté par 197 Etats à Kigali.Il facilite l’objectif de moins 2 degrés de réchauffement de l’accord de Paris.

A moins de trois semaines de l’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le climat et après le récent engagement du secteur de l’aviation civile à réduire ses émissions, c’est un nouveau – et sérieux – coup d’accélérateur qui vient d’être donné dans la lutte contre le réchauffement climatique . Les quelque 197 pays qui sont partie prenante au protocole de Montréal de 1987 sur la protection de la couche d’ozone ont adopté samedi à Kigali (Rwanda) un calendrier dont la mise en oeuvre va permettre à terme de tarir les effets terriblement néfastes des hydrofluorocarbures (HFC) sur l’atmosphère.

Depuis le début des années 1990, cette substance frigorigène a progressivement remplacé les CFC (chlorofluorocarbones) contenus dans les réfrigérateurs et les climatiseurs, mais aussi les aérosols, dont l’utilisation s’est trouvée proscrite par l’application du protocole de Montréal. Sauf qu’à l’usage ces HFC, inoffensifs pour la couche d’ozone, se sont révélé contribuer puissamment (14.000 fois plus que le CO2) à la production de gaz à effet de serre (GES). Au point qu’entre 9 et 19 % des émissions de CO2 pourraient lui être imputées d’ici à 2050, sans une intervention énergique de la part de la communauté internationale. A l’inverse, leur élimination progressive permettrait d’éviter jusqu’à 0,1 degré de réchauffement des ­températures d’ici à cette date et 0,5 degré d’ici à 2100. Or à cette dernière échéance, la montée du mercure devra être contenue « bien en dessous de 2 degrés », stipule l’accord de Paris.

L’Inde engagée à reculons

L’amendement à la convention de Montréal, adopté à Kigali après sept ans de négociation, fixe une sortie des HFC en trois temps. Les pays développés embrayeront les premiers en réduisant leur consommation de 10 % d’ici à 2019 par rapport aux niveaux de 2011-2013, avant de passer la vitesse supérieure pour atteindre 85 % de baisse d’ici à 2036.

Les pays en voie de développement, dont la Chine – premier producteur mondial de HFC – et les pays africains, entameront leur transition, un peu plus tard, en 2024. L’accord les astreint ensuite à réduire leur consommation de 80 % d’ici à 2045. Enfin, un troisième groupe de pays incluant l’Inde, le Pakistan, l’Iran, l’Irak et les pays du Golfe commencera à s’exécuter en 2028 pour atteindre 85 % de baisse en 2047. Arraché après une nuit de discussions, l’accord s’est longtemps heurté aux réticences de l’Inde. Son entrée à reculons dans le processus a été critiquée par les ONG et a un peu froissé les pays les plus exposés aux effets du réchauffement. Reste qu’aucun n’a boudé son plaisir de voir aboutir, samedi, cet amendement à la Convention de Montréal, bien plus coercitive que l ‘accord de Paris . Celle-ci prévoit en effet des sanctions en cas de non-respect des engagements.
Les Echos 17/10/2016