Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

2 novembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relaie les critiques d’élus conservateurs et Verts sur le projet de nouveau gazoduc entre l’Allemagne et la Russie Nord Stream 2 (« l’énergie exportée par la Russie finance la guerre exportée par la Russie »). La Süddeutsche Zeitung juge que la chaîne de distribution « Kaiser’s Tengelmann n’est pas encore sauvée », malgré la médiation réussie de Gerhard Schröder entre les repreneurs potentiels. Die Welt indique que « les Länder pauvres ne touchent pas l’argent de l’Etat fédéral » en raison de leur manque de personnel pour gérer correctement les projets d’investissement. Der Tagesspiegel consacre sa Une à la présidentielle américaine (« Trump repasse devant Clinton dans un sondage »). Le quotidien des affaires Handelsblatt relève l’accueil glacial reçu par le vice-chancelier et ministre de l’Economie Sigmar Gabriel en Chine dans un contexte de tensions bilatérales sur les investissements (« Pékin humilie Gabriel »).
  2. Allemagne

« L’Allemagne se ridiculise en matière de protection climatique » (Die Welt)

L’ensemble des journaux font état du blocage au sein de la grande coalition en matière de mise en œuvre du plan climat, du fait des résistances opposées à la ministre de tutelle, Barbara Hendricks (SPD), par les ministères fédéraux des transports et de l’agriculture, tous deux dirigés par la CSU, mais aussi par l’aile droite de la CDU proche de l’industrie. Le conflit concerne les objectifs en matière de décarbonisation à l’horizon 2050 qui concernent avant tout les producteurs d’électricité, l’agriculture, les transports, l’industrie et le bâtiment, précise la FAZ. Les quotidiens signalent que face à cette situation qui fait que l’Allemagne va devoir se rendre « les mains vides à Marrakech » (Berliner Zeitung), B. Hendricks a indirectement appelé la chancelière à prendre clairement position.

Unanime, la presse déplore dans ses commentaires cet « absurde blocage » (tageszeitung), la Süddeutsche Zeitung qualifiant de « fiasco » le fait que le fossé ne cesse de se creuser entre des objectifs affichés ambitieux par une chancelière chantre de la décarbonisation et la réalité qui veut que sa majorité conservatrice sabote toute mise en application. Ceci est d’autant plus fâcheux, relève la Berliner Zeitung, que l’Allemagne a pris une large part au succès de l’accord de Paris adopté l’an dernier. « Le pays de la voiture qu’est l’Allemagne a bien du mal à changer », observe pour sa part le Tagesspiegel.

« Les sages critiquent le gouvernement » (Bild)

Les journaux dévoilent le contenu du rapport annuel des cinq sages chargés de conseiller le gouvernement fédéral sur les questions économiques qui doit être remis aujourd’hui. Le tabloïd Bild signale qu’avec 1,9% pour l’année en cours et 1,6% pour 2017, ce comité d’experts entrevoit un taux de croissance supérieur aux prévisions faites jusqu’ici (1,5% pour 2016 et 1,3% pour 2017), et, comme l’ensemble des quotidiens, met l’accent sur les critiques exprimées à l’encontre du gouvernement auquel il reproche de ne pas avoir su mettre à profit une conjoncture favorable pour procéder à davantage de réformes. Critiquant la manière dont la grande coalition soutient la conjoncture au moyen de dépenses publiques, les sages appellent à des incitations fiscales pour stimuler les investissements privés et la création de richesses.

  1. Europe

Garantie des dépôts bancaires : « le parlement européen vient en aide à Berlin » (Handelsblatt)

Le Handelsblatt et la FAZ signalent qu’après le gouvernement fédéral, la fédération bancaire allemande et les banques françaises, c’est à présent le parlement européen qui fait valoir ses réserves face à la constitution d’ici à 2024 d’un fonds européen de garantie des dépôts bancaires. Dans leur rapport que s’est procuré le Handelsblatt, les parlementaires européens préconisent en effet de pérenniser le système national de garantie des dépôts.

UE/Turquie : « la libéralisation des visas pour la Turquie au plus tôt en 2018 ? » (Bild)

Sous ce titre, le tabloïd Bild signale que dans un contexte marqué par des arrestations de journalistes, des perquisitions chez des responsables politiques kurdes et une possible réinstauration de la peine de mort, des responsables politiques européens, dont le vice-président du parlement européen, Alexander Graf Lambsdorff (FDP) estiment peu probable que les ressortissants turcs puissent bénéficier d’une libéralisation du régime de visas dès 2017.

Dans son éditorial de première page intitulé « oser davantage de courage », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung estime que le gouvernement fédéral pourrait en faire un peu plus. « Sans devoir tout de suite brandir la menace de sanctions économiques, ce qui ne manquerait pas d’empoisonner le climat des relations germano-turques et de mettre sérieusement en péril l’accord migratoire, la chancelière pourrait au moins faire savoir qu’elle suit de près le cas des journalistes incarcérés en Turquie », juge le journal pour qui ce serait un signal signifiant aux autorités turques : « ce que vous faites n’est pas bien » et aussi un signal aux personnes emprisonnées : « ce que vous subissez ne nous laisse pas indifférents ».

  1. International

« Tensions entre Pékin et Berlin » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

A l’instar du tabloïd Bild qui insiste sur l’accueil « plutôt aigre que doux » qui a été réservé au vice-chancelier et ministre de l’Economie en Chine, les journaux relaient tous l’annulation à la dernière minute d’un entretien entre Sigmar Gabriel (SPD) et le ministre chinois du commerce, qu’ils interprètent comme le signe des tensions récentes autour du rachat du constructeur allemand de semi-conducteurs Aixtron par un groupe chinois.

Sous le titre « on ne devrait pas traiter un partenaire comme cela », la FAZ publie une tribune de l’ambassadeur de Chine en Allemagne qui se livre à un plaidoyer en faveur de davantage de coopération économique et commerciale et se montre surpris du fait que des rachats opérés par son pays suscitent la méfiance alors que cette méfiance ne s’exerce pas en présence d’acteurs européens ou américains.

Dans leurs commentaires, les journaux donnent majoritairement raison aux réserves de  Sigmar Gabriel à l’encontre du partenaire chinois. « Il faut prendre la Chine au mot » quand elle fait l’éloge du libre-échange, fait valoir la FAZ. « La Chine a besoin de fermeté », juge pour sa part la tageszeitung. Du point de vue du journal, S. Gabriel a d’autant moins la tâche facile que l’Allemagne n’est pas unie derrière lui, certains responsables économiques craignant une vengeance chinoise, et que l’UE ne parle pas, elle non plus, d’une seule voix./.