Cette nuit en Asie : l’inexorable ascension de la classe moyenne chinoise

 

La classe moyenne supérieure devrait compter pour un tiers de la population d’ici à 15 ans, soit 480 millions d’habitants. Une révolution à venir en matière de consommation.

Lentement mais sûrement, l’économie chinoise se détourne de ses moteurs traditionnels que sont les exportations et les investissements au profit de la consommation intérieure. Et cette mutation de la deuxième économie mondiale n’en est qu’à ses balbutiements, à en croire l’étude que vient de publier le département de recherche du groupe The Economist. L’émergence d’une classe moyenne chinoise toujours plus nombreuse va bouleverser les habitudes de consommation dans les années à venir et obliger les entreprises à s’adapter rapidement.

Songez un peu : la classe moyenne et supérieure devrait représenter un gros tiers de la population chinoise d’ici à 15 ans, contre à peine 10% cette année, selon l’étude. A l’échelle de la Chine, cela veut dire que la classe moyenne disposant d’un revenu annuel disponible d’au moins 10.000 dollars (67.000 yuans) passera de 132 millions de personnes aujourd’hui à… 480 millions en 2030 !

La consommation plus vive que le PIB

De quoi donner un coup d’accélérateur à la consommation qui devrait progresser de 5,5% par an en moyenne, plus vite que le PIB chinois. Et, au final, compter pour près de la moitié de la richesse du pays en 2030. A eux seuls, les gains cumulés de consommation privée anticipés pour les 15 prochaines années en Chine sont supérieurs au niveau de dépenses de consommation constaté aujourd’hui en Europe.

Evolution des besoins

Cette nuit en Asie : l'inexorable ascension de la classe moyenne chinoise

Mais cela ne sera pas forcément évident et nécessitera de lourds investissements. Car si les Chinois les plus aisés habitent aujourd’hui principalement dans les grandes villes de la cote Est (à Pékin ou Shanghai), la future classe moyenne ou supérieure sera bien plus éclatée dans le pays, avec des villes au centre de la Chine comme Changsha, Chengdu, Chongqing et Wuhan qui compteront chacune au moins 2 millions d’habitants avec des revenus annuels supérieur à 200.000 yuans (30.000 dollars).

Corollaire de l’émergence de cette classe moyenne supérieure, les besoins vont aussi considérablement évoluer : le mouvement est déjà à l’oeuvre, comme en témoigne le recul du poids de l’alimentation dans le panier de la ménagère chinoise passé de 37% à 30% au cours de ces dix dernières années. Des secteurs comme la santé, l’éducation, les transports, la communication et les loisirs sont promis à de fortes croissances.

Les Echos 03/11/2016