Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

16 novembre 2016

 

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. L’interdiction d’une organisation salafiste recrutant pour le djihad en Syrie et en Irak fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« une association islamiste interdite – vaste perquisition dans 60 villes ») et de Die Welt (« la sécurité passe-t-elle avant la religion ? »). La Süddeutsche Zeitungnote que « Moscou ouvre un nouveau front » en Syrie. Der Tagesspiegel décrit « un conflit ouvert avec la Turquie » à propos du déplacement dans ce pays du ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une au combat acharné du ministre des Finances de Rhénanie-du-Nord-Westphalie Norbert-Walter Borjans contre la fraude fiscale (« le chasseur d’impôts »).
  2. Allemagne

« Une organisation islamiste interdite – vaste perquisition dans une soixantaine de villes » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse fait état de l’opération policière de grande ampleur qui a eu lieu hier matin dans une dizaine de Länder où près de 200 appartements, bureaux, entrepôts et deux mosquées ont été perquisitionnés. Le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), a annoncé à cette occasion l’interdiction du mouvement religieux radical « la vraie religion » implanté en Rhénanie du Nord-Westphalie où réside son fondateur, le prédicateur Ibrahim Abou-Nagie. Connu pour distribuer gratuitement le Coran dans les centre-ville, « la vraie religion » est soupçonnée d’être devenue une cellule de recrutement pour les candidat au djihad.

Les journaux s’accordent à constater qu’il était plus que temps d’intervenir contre un mouvement qui, sous couvert de religion, « recrute pour le terrorisme » (FAZ) et « mérite pour de bonnes raisons d’être interdit » (Süddeutsche Zeitung) Sous le titre « faut-il donner à la sécurité la priorité sur la religion ? », Die Welt pointe du doigt les dissensions au sein de la grande coalition concernant l’attitude à adopter face à l’islamisme radical. Le quotidien se fait notamment l’écho des propos tenus par Aydan Özoguz (SPD), chargée du gouvernement pour les migrations, qui, dans un entretien avec la chaîne parlementaire Phoenix, met en doute le bien-fondé et la pertinence des perquisitions pour lutter contre l’islamisme radical. Selon elle, il faut savoir « faire preuve d’une très grande mesure afin d’éviter l’impression d’une incursion arbitraire dans les mosquées ».

« Martin Schulz déménagera-t-il à Berlin début 2017 ? » (Tagesspiegel)

De nombreux journaux consacrent aujourd’hui des articles au président du parlement européen pour souligner qu’il fait figure, au sein du SPD, de « candidat naturel » (Tagesspiegel) ou de « candidat idéal, si l’on en juge d’après le nombre de fans qu’il compte au sein du parti » (Süddeutsche Zeitung) à la succession de Frank-Walter Steinmeier au poste de ministre des affaires étrangères. De l’avis de la presse, ce scénario apparaît d’autant plus vraisemblable que son mandat au parlement européen devrait prendre fin en janvier 2017, le parti populaire européen ne s’étant rallié à son élection à la présidence du parlement européen qu’à la condition qu’il cède son poste à mi-mandat à un conservateur. Les journaux n’excluent toutefois pas l’hypothèse que le chef du SPD lui-même puisse quitter le ministère de l’économie pour celui des affaires étrangères, dans le but de faire monter sa cote de popularité quelques mois avant les élections au Bundestag, le ministre des affaires étrangères en Allemagne bénéficiant traditionnellement d’une bonne image dans l’opinion, comme le rappelle le Tagesspiegel.

Les journaux conviennent que son expérience sur la scène internationale plaide en faveur de M. Schulz, même si son tempérament tranche avec la pondération qui caractérise F-W. Steinmeier. Pour la Süddeutsche Zeitung, « la force rhétorique de l’Européen convaincu qu’est Martin Schulz pourrait s’avérer grandement utile à l’Allemagne au moment où la démocratie, l’Union européenne et le monde occidental sont mis sous pression ».

Sommet allemand sur le numérique à Sarrebruck

Le Handelsblatt publie un compte rendu d’entretien avec le responsable de la plateforme Industrie 4.0, Siegfried Russwurm, qui présente aujourd’hui ses conclusions sur les progrès réalisés par l’économie allemande dans le domaine du numérique. Si l’Allemagne est, selon lui, globalement bien préparée à faire face, « il reste encore beaucoup à faire », les secteurs de l’économie et de la recherche devant notamment intensifier leur coopération et des progrès substantiels devant être effectués en matière de formation continue.

  1. Europe

Tournée d’adieu du président Obama en Europe

La première étape du président américain en Grèce suscite moins de comptes rendus (seul le tabloïd Bild met en exergue le fait que Barack Obama a « exigé une restructuration de la dette grecque ») que de bilans sans concessions de ses deux mandats (« une fin amère sur fond de triomphe du nationalisme », Handelsblatt). La presse rappelle que c’est à Berlin que le candidat Obama avait prononcé un discours aussi marquant que charismatique et que s’est ici qu’il revient faire ses adieux à ses partenaires européens, dans un climat d’incertitude et d’inquiétude sur l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche : « en guise d’adieux, un nouveau sommet de crise », résume la Berliner Zeitung. « Obama est un homme du passé. Le Prix Nobel de la paix n’a pas réussi à fermer Guantanamo, a été pris de court par le printemps arabe, a attisé les tensions au Proche- et au Moyen-Orient en retirant les troupes américaines, le terrorisme islamiste continue de sévir, l’affaire de la NSA a humilié ses partenaires et les a éloignés des Etats-Unis. Et pourtant, l’Europe va le regretter, beaucoup même, malgré ses imperfections, car après l’élection de Trump, on va le regarder à travers des lunettes roses », fait valoir le Tagesspiegel. Le sondage mensuel d’opinion de l’institut Allensbach fait apparaître que les Allemands ont pris comme jamais leurs distances avec les Etats-Unis, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

  1. International

Déplacement de Frank-Walter Steinmeier en Turquie : « atmosphère glaciale » (Die Welt) et « passes d’armes publiques » (Tagesspiegel) avec son homologue turc

Alors que les relations germano-turques n’ont cessé de se dégrader au cours des derniers mois, les tensions se sont transformées en confrontation ouverte lors de la visite à Ankara du ministre fédéral des affaires étrangères, constate la presse, avec plus d’étonnement que n’en a manifesté lui-même Frank-Walter Steinmeier, lequel a déclaré à l’issue du déplacement s’être attendu à des entretiens difficiles et à ce que les différends ne puissent être réglés en une seule visite. La conférence de presse conjointe des deux ministres a tourné au règlement de compte public de la Turquie avec l’Allemagne, qu’Ankara accuse d’être un repaire de terroristes du PKK, et avec l’Union européenne, accusée de traiter la Turquie avec condescendance, rapportent les quotidiens. Die Welt ouvre sa Une sur une photo du chef de la diplomatie turque et sa femme avec en gros titre la phrase de M. Cavusoglu, considérée comme une provocation pour l’UE : « le peuple veut la peine de mort et ma femme le veut aussi ». Les commentaires estiment, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qu’il apparaît désormais clairement que « la Turquie s’est décidée : elle ne veut pas appartenir à l’Union européenne ».

Les médias soulignent, pour s’en féliciter, que Frank-Walter Steinmeier a renoncé à sa réserve diplomatique et son naturel conciliant pour dénoncer clairement les accusations portées par les dirigeants turcs et exprimer les inquiétudes de l’Allemagne et de l’Europe devant la répression turque envers les opposants et médias. « Le ton devient plus dur à Berlin », constate la Süddeutsche Zeitung. Pour le tabloïd Bild, le ton particulièrement vif et ferme avec lequel Frank-Walter Steinmeier a répondu du tac au tac aux propos de son homologue et a défendu la liberté d’expression face au président Erdogan préfigure son évolution vers le rôle de futur président fédéral : « plus de franc-parler, moins de diplomatie »./.