Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé  par l’Ambassade de France en Allemagne

28 novembre 2016

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. Le décès de Fidel Castro fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« neufs jours de deuil à Cuba »). La proposition du ministre de l’Intérieur CDU du Bade-Wurtemberg, Thomas Strobl, de durcir la législation pour faciliter les reconduites à la frontière fait la Une du Tagesspiegel (« la CDU veut renforcer l’usage des reconduites à la frontière »). La Süddeutsche Zeitung juge que « la coalition mise sur une ligne dure », en citant cette proposition ainsi que celle du ministre fédéral de la justice SPD, Heiko Maas, de prévoir des sanctions beaucoup plus lourdes contre les cambrioleurs. Die Welt cite une étude du centre d’information de Hesse contre l’extrémisme qui montre qu’« une personne sur quatre revenant de Syrie coopère avec les autorités ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une aux débats sur la désignation du candidat du SPD à la Chancellerie fédérale pour 2017 (« le bois dont on fait les chanceliers »). Les médias audiovisuels et en ligne titrent sur la victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre.
  2. Allemagne

« Dispute sur le financement de la mise à niveau des retraites (FAZ) – « personne ne veut payer les cadeaux des retraités » (Bild)

Dans ses éditions de samedi, la presse revient sur la rencontre de jeudi dernier présidée par la chancelière consacrée au financement des retraites. Les journaux indiquent que les conclusions ont donné lieu à des interprétations diverses de la part des participants sur deux points : la mise à niveau des retraites dans l’Est de l’Allemagne, qui doivent être alignées sur celles de l’Ouest, et la garantie à 46% du salaire (48% actuellement) du seuil minimum en termes d’allocation retraite. Ainsi, du point de vue du ministre fédéral des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), le relèvement des retraites à l’Est, pour un montant de 3,5 milliards d’euros annuels, doit être financé par l’assurance retraite par étapes successives à l’horizon 2025. En revanche, selon la ministre en charge du dossier, Andrea Nahles (SPD), il est entendu que l’Etat y apportera une contribution. La FAZ indique aujourd’hui que dans un entretien au quotidien régional Passauer Neue Presse, le président de la CSU, Horst Seehofer, a critiqué la perspective de voir augmenter le taux de cotisation à 25% (aujourd’hui 18,7%), un scénario qui constituerait selon lui un « poison pour le marché de l’emploi ».

A l’instar du tabloïd Bild, qui s’insurge contre des promesses dignes d’un « pays de Cocagne » au potentiel coût faramineux et contre la préférence donnée à un taux de cotisation à 25% plutôt qu’au report de l’âge de départ à la retraite, les journaux s’interrogent sur la viabilité du dispositif envisagé par Andrea Nahles. Qui va payer un niveau de retraite que la ministre voudrait stabiliser à 46% du salaire ?, s’interroge la Süddeutscha Zeitung pour qui ce plan est bien trop onéreux, même si actuellement la conjoncture et le marché de l’emploi se portent bien.

Candidature tête de liste du SPD : Olaf Scholz, le « troisième larron » (Süddeutsche Zeitung)

Les journaux signalent qu’à l’occasion d’une rencontre régionale du SPD à Duisburg, vendredi, le président du parti, Sigmar Gabriel, a évoqué l’actuel maire de Hambourg, Olaf Scholz, comme possible candidat tête de liste du SPD en 2017, jugeant « injuste que les médias s’intéressent au seul fait de savoir si [lui-même] ou Martin Schulz sera candidat ». La presse note qu’Olaf Scholz, qui ne cache pas qu’il souhaite se représenter à Hambourg en 2020, s’est jusqu’ici refusé à tout commentaire. Dans un article consacré à la relation Schulz-Gabriel, le Spiegel dépeint une amitié de longue date mise à mal par une rivalité croissante entre les deux hommes sur fond d’incertitude sciemment entretenue par S. Gabriel sur ses propres ambitions. Sous le titre « Schulz, le chouchou », le Tagesspiegel souligne dans son édition de samedi que « S. Gabriel fait actuellement face à une dynamique pro-Schulz dans les rangs du SPD, les jeunes socialistes comptant parmi les plus importants soutiens du président du parlement européen et se montrant favorables à un vote au sein du SPD. Les sondages confirment aussi une nette préférence pour M. Schulz, que le dernier Politbarometer crédite de 51% d’opinions favorables, contre 29% pour S. Gabriel. Parmi les sympathisants du SPD, le choix est encore plus net avec 64% pour Schulz et 27% pour Gabriel. La FAZ reprend aujourd’hui les résultats d’une enquête menée par l’hebdomadaire Welt am Sonntag selon laquelle M. Schulz recueille 40% d’opinions favorables et S. Gabriel 31%. Parmi les sympathisants du SPD, 58% se prononcent pour Schulz et 42% pour Gabriel.

  1. Europe

« Gauck favorable à une pause en matière d’intégration européenne » (Bild)

Sous ce titre, le tabloïd Bild résume le propos du président fédéral dans un entretien publié par Die Welt am Sonntag. Interrogé sur Donald Trump et la montée des populismes en Europe, le président fédéral déclare que « sur la voie de l’intégration européenne, nous sommes parfois allés si vite que tous les citoyens n’ont pas pu ou voulu suivre ». Faisant état de son inquiétude, J. Gauck préconise un recours accru au principe de subsidiarité et, au-delà, « une pause qui serait mise à profit pour discuter des objectifs à atteindre et du rythme envisagé pour y parvenir ». Dans son éditorial du jour, Bild applaudit : « Gauck a raison ! ». « Cela fait déjà sept ans que l’UE fonctionne en mode de crise avec la Grèce et l’euro, les réfugiés, puis le Brexit, une période de réflexion serait la bienvenue, ainsi qu’un retour à ce qui a fait la force de l’UE, écrit le tabloïd, par exemple la concurrence entre les pays pour trouver la meilleure solution, plutôt que des directives rigides de Bruxelles ».

Menaces du président du turc d’ouvrir les frontières aux migrants vers l’Europe

Les « menaces d’Erdogan » (Die Welt, FAZ) en réaction au vote du parlement européen recommandant le gel des négociations d’adhésion de la Turquie n’impressionnent guère la presse allemande, qui rappelle volontiers, dans ce contexte, qu’Ankara a plus à perdre sur le plan financier qu’à gagner sur le plan politique. « Il ne faut pas se laisser impressionner par Erdogan. La route des Balkans est fermée », rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « la plupart des Syriens et Afghans savent entretemps qu’ils paieraient un passeur pour atterrir dans une sorte de prison en exil sur les îles grecques », complète la Süddeutsche Zeitung pour qui ce sont des « menaces en l’air ».

Die Welt prend un peu de recul en appelant les protagonistes turcs et européens à garder mesure : « se comporter comme Donald Trump – jouer les ‘grandes gueules’ puis capituler devant la réalité – n’est bon ni pour l’UE ni pour la Turquie », fait valoir le quotidien en arguant que les menaces d’Erdogan sapent la crédibilité de la Turquie comme partenaire international fiable, mais que l’UE n’est pas mieux avisée de mettre en balance un gel des négociations, une décision « dictée par l’émotion ». « Erdogan ne sera pas éternellement au pouvoir, il y a une opposition que les Européens n’ont pas le droit d’abandonner à son triste sort ; et même si une adhésion de la Turquie est actuellement hors de question, ne pas rompre les négociations est pour l’UE une marque de fiabilité à long terme et un puissant levier de pression sur Erdogan », conclut le journal conservateur.

  1. International

« Neuf jours de deuil à Cuba » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Les journaux du week-end consacrent de nombreux portraits à Fidel Castro. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, ils le présentent comme l’une des grandes figures du siècle passé à l’héritage controversé et comme l’un des rares révolutionnaires ayant réussi dans son projet politique. Le journal alternatif de gauche Tageszeitung (taz) estime toutefois qu’une « bureaucratie […] autoritaire » reste son principal héritage aujourd’hui. La FAZ se demande si la disparation du Lider Maximo facilitera la normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis, jugeant que davantage d’ouverture sur les plans politique et économique sont à attendre.

Dissuasion / « L’impensable » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Suite à l’élection de D. Trump et à la décision de l’UE de consacrer davantage de moyens à sa défense, la FAZ écrivait le 15 novembre dernier que « l’UE avait besoin de bien davantage de forces conventionnelles et d’une dissuasion nucléaire vis-à-vis de la Russie bien supérieure aux arsenaux britannique et français, sachant qu’on ne peut plus vraiment compter sur une contribution britannique ». La FAZ revient aujourd’hui à la charge, dans un éditorial à la Une, signé de l’un des codirecteurs de la publication. Pour le journal, un affaiblissement de la garantie nucléaire américaine aurait plusieurs conséquences pour l’Europe : « davantage de dépenses de défense, la réintroduction de la conscription, la définition de lignes rouges – et ce qui est totalement impensable pour un cerveau allemand : la question d’une capacité de dissuasion nucléaire propre, qui pourrait compenser les doutes sur les garanties américaines. Les arsenaux français et britanniques sont à cet égard trop faibles dans leur état actuel, alors que Moscou réarme. (…) Les Allemands et Européens en charge de la politique extérieure et de sécurité voulant être à la hauteur de leurs responsabilités doivent en effet se préparer à cette hypothèse [dans laquelle Trump ne se rangerait pas à l’avis de conseillers avisés ou ne serait freiné par les contrepoids du système politique américain] », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

  1. France

Victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre

Dans la perspective d’une victoire attendue, les quotidiens publiaient ce week-end de nombreux portraits de François Fillon, soulignant sa volonté de réformes, mais aussi sa proximité affichée avec Vladimir Poutine. Dans une première réaction, la Berliner Zeitung considère tout d’abord « réussie » l’expérience de la primaire « qui en drainant 4 millions d’électeurs a dépassé toutes les espérances ». Sur le fond, le journal de centre-gauche juge positif que les Français ait « une alternative claire » mais craint que la perspective des réformes drastiques voulues par le candidat Fillon ne renforce l’électorat du Front national : « même si son programme peut à long terme revigorer l’économie française, à court terme il est cruel, surtout pour les perdants des mutations de la société, c’est-à-dire la clientèle classique de Le Pen ». Dans un commentaire en ligne, Die Welt estime que François Fillon a désormais la lourde tâche de faire barrage à Marine Le Pen, dont l’élection à l’Elysée sonnerait le glas de l’UE selon le journal : « Mister Nobody doit à présent sauver l’Europe, et il n’est pas sûr qu’il l’ait lui-même réalisé »./.