Les pays nordiques vantent leur modèle social et leur capacité d’innovation

 

Un forum d’échanges s’est tenu à Bercy, axé sur la croissance verte.

EUROPE S’inspirer des économies nordiques pour bâtir l’entreprise et la société de demain, pour une croissance plus verte et plus inclusive. Ces pays d’Europe du Nord, devenus une référence de la « flexisécurité », terme très en vogue qui allie à la fois flexibilité du marché du travail et protection des salariés, étaient à l’honneur lundi à Bercy. « Ils sont une source d’inspiration, de réflexion sur l’innovation et le modèle social », a expliqué Michel Sapin, le ministre des Finances, devant un parterre de politiques, syndicalistes et patrons, venus de Finlande, de Suède, de Norvège et du Danemark. Le ministre français n’a pas manqué en retour de vanter les atouts de la France, les réformes engagées pour améliorer la compétitivité, insistant sur les opportunités d’investissement dans l’Hexagone. La coopération franco-nordique peut s’illustrer sur la transition énergétique, a commenté de son côté, l’ancien commissaire européen, Olli Rehn, actuel ministre finlandais de l’Économie et de l’Emploi. Dans ce domaine, le Finlandais revendique l’exemplarité. « Nous voulons être en avance », a précisé le ministre, expliquant que son pays vise la neutralité carbone d’ici à 2050 avec une sortie du charbon en 2020. Pendant cette journée d’échange, de partage d’expérience, la première du genre, il a été beaucoup question de compétitivité, d’innovation, de management participatif et d’adaptabilité au monde qui évolue rapidement, à la « digitalisation » de l’économie. « L’ouverture au changement » est l’une des clés du succès du modèle nordique, a vanté Karl Petter Thorwaldsson, président du grand syndicat suédois LO, proche du parti social-démocrate. « Certes, les nouvelles technologies provoquent des licenciements. Mais créent de nouvelles opportunités, de nouveaux jobs », précise-t-il. Le syndicaliste met aussi en avant l’adhésion au libre-échange : « 75 % des travailleurs sont favorables au TTIP » (accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne, très controversé dans plusieurs pays).

« Réveil brutal »

Contraintes par la taille de leurs marchés, ces petites économies doivent chercher des débouchés à l’international. « Cela les pousse à innover », souligne Cristina Lugaro, gestionnaire d’actifs pour la société d’investissement Alfred Berg. Les pays nordiques ressortent toujours en tête des palmarès internationaux sur l’innovation et la compétitivité, ajoute l’économiste basée à Stockholm. Cela tient à plusieurs facteurs : priorité à l’éducation, développement de clusters (pôle de recherche) entre universités et industrie, faibles inégalités, participation des femmes au marché de l’emploi, dépenses élevées de R&D, écosystème favorable aux start-up, disponibilité du capital…

La Norvège qui tirait sa richesse de l’or noir a mis sur pied un véritable plan de bataille après l’effondrement des prix du pétrole en 2014. « Ce fut un réveil brutal », reconnaît Silje Aspholm Hole, en charge de la politique d’innovation. Une réflexion nationale a été engagée pour identifier les nouveaux débouchés, dans l’énergie propre, les villes intelligentes, la santé… dans l’idée de créer les futurs champions du monde de leur domaine. De quoi susciter des vocations. A. C.

Le Figaro 29/11/2016